Fête de la Transfiguration, homélie du P. Abbé Vladimir
Chers Frères et Sœurs,
Jésus emmène Pierre, Jacques et Jean à l’écart sur une haute montagne et il fut transfiguré devant eux. La vision des disciples en est totalement changée. Ce qui advient n’est pas tant une aventure pour Jésus qu’une expérience bouleversante pour les trois disciples. C’est leur regard qui est changé radicalement. Il leur est donné de percevoir ce que les mots ne peuvent décrire de manière adéquate, Jésus transfiguré, ayant à leur yeux changé de forme, c’est ce que le mot transfiguré veut dire littéralement, pour apparaître revêtu de la gloire de Dieu qui est sienne de toute éternité. Cette vision des trois apôtres n’est pas faite pour durer car bientôt, ils ne verront plus que Jésus seul, revenu à la normale pourrait-on dire. Et pourtant, combien il est bon et heureux pour eux d’être là, à l’écart sur la montagne. L’hymne de la lettre aux Philippiens chante l’œuvre et la gloire du sauveur en utilisant le même mot que notre évangile : « Celui qui était dans la forme de Dieu s’est dépouillé prenant la forme de l’esclave devenant semblable aux hommes. C’est pourquoi Dieu l’a exalté et lui a donné le nom qui est au dessus de tout nom ». À l’écart sur la montagne, Pierre Jacques et Jean contemplent autant qu’il leur est possible la gloire à laquelle le sauveur donne à l’humanité d’accéder lorsqu’il sera ressuscité d’entre les morts. Ils ne peuvent le comprendre encore. C’est pourquoi Jésus leur demande pour un temps le silence. Ils en témoigneront plus tard : « Nous étions avec lui sur la montagne sainte ».
La vie monastique, des Pères du désert à Seraphim de Sarov en Orient, de saint Benoît à Thomas Merton en Occident, témoigne dans la faiblesse de cette aspiration du cœur de l’homme à être transformé par la lumière de l’amour de Dieu. Elle le fait dans l’humble quotidien, en écoutant la voix du Fils Bien Aimé, en lui demandant de changer le regard de notre cœur.
Le récit de la Transfiguration est ainsi pour nous une parole prophétique. Fixons notre attention sur elle, comme sur une lampe brillant dans un lieu obscur jusqu’à ce que paraisse le jour. Mettons nous à l’écart, tournons notre regard vers la montagne pour que comme dit le psaume dans la lumière de Dieu, nous voyions la lumière.