Dimanche de Pentecôte, homélie du P. Abbé Vladimir
Chers Frères et Sœurs,
Tout spécialement dans l’Évangile selon saint Jean, le Ressuscité fait un lien entre la venue du Saint Esprit et son départ. Et pourtant, c’est une Bonne Nouvelle qu’il nous annonce ainsi. La venue du Saint Esprit loin de remplacer le Christ Sauveur, loin de nous éloigner de lui, nous le rend présent d’une autre manière et c’est ce que nous célébrons aujourd’hui. Le don de l’Esprit et cette autre manière du Christ d’être présent sont liés dans le récit des Actes des Apôtres par un « tous ensemble ». « Ils se trouvaient réunis tous ensemble ». Tous furent remplis de l’Esprit Saint » et pour ce qui concerne les foules présentes à Jérusalem : « tous nous les entendons parler en nos langues des merveilles de Dieu ».
Comme le dit saint Paul : « Tous les membres, malgré leur nombre ne forment qu’un seul corps » et c’est le don de l’Esprit Saint. La vie nouvelle que nous recevons dans l’Esprit est une vie commune comme l’est celle de la Trinité. Nous avons reçu un esprit qui fait de nous des fils adoptifs et par lequel nous crions Abba Père. Cet Esprit nous fait entrer dans la vie trinitaire qui est communion parfaite.
Mais comme le disent aussi les Actes, c’est chacun de nous qui est concerné par le don de l’Esprit. En effet, chacun entend les apôtres dans sa langue maternelle. Si la Pentecôte est la guérison la réparation de la division de Babel, ce n’est pas que nous revenions à une seule langue. Dans le Christ, Dieu a parlé la langue des hommes et la Parole de Dieu s’articule dans la langue maternelle de chacun dans le monde entier. La Pentecôte, c’est le mystère de la traduction. Dieu a parlé la langue des hommes. Le Verbe s’adresse à chacun dans sa langue et cela peut remodeler chaque culture. De cette multiplicité nait une richesse de communion dans la diversité. De cette multiplicité nait la vie.
Déjà au niveau naturel et nous expérimentons en ce temps combien cela est important, la vie ne peut se maintenir qu’avec une grande richesse de diversité. C’est ce qu’on appelle la biodiversité. Par analogie, l’on pourrait dire que ce que nous fêtons en ce jour, c’est la biodiversité spirituelle qui permet à l’église de vivre pleinement. Saint Paul prend l’image du corps pour dire qu’à ce corps sont nécessaires, des dons variés de la grâce, des services, des activités, des charismes variés. Mais sans être infidèle aux Écritures, je voudrai prendre aussi l’image du champ ou du pré spirituel que l’on trouve dans la tradition monastique. L’Église, ce n’est pas de l’agriculture intensive où il faudrait sélectionner ce qui produit le mieux, ce qui est le plus brillant, le plus rentable. Et tout désherbant pour aboutir à cela est un instrument du mauvais. Si dans la parabole, il faut laisser pousser jusqu’à la fin le bon grain et l’ivraie, ce pré spirituel qu’est l’Église, il nous faut le cultiver comme en permaculture, certains que des fleurs apparemment sans beauté et sans intérêt sont d’une grande utilité. Les dons et les charismes, ce n’est pas d’abord ce qui est brillant ou nombreux, c’est l’humilité, le service, la recherche de la communion et de la paix. Voilà ce qu’il nous faut d’abord rechercher.
Chers Frères et Sœurs, laissons nous conduire par l’Esprit pour grandir dans la paix et la communion.