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4ème dimanche de Carême-B, homélie de frère Marie

Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique.

Notre histoire humaine ne peut plus se lire en dehors de ce désir fou de Dieu de nous rejoindre.

Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pour juger le monde, mais pour que le monde par lui soit sauvé.

Dieu est riche en miséricorde, nous dit st Paul, car aucune de nos œuvres ne peut générer l’abondance de la grâce, aucune de nos œuvres ne peut générer, ni nous faire atteindre la vie de Dieu. Oui, c’est bien par grâce, par le moyen de la foi que nous sommes sauvés, et cela ne vient pas de nous mais c’est le don de Dieu[1].

Dieu est don et l’amour de Dieu est premier en tout. C’est la mission du Fils, de l’Unique de nous le révéler. L’évangéliste Jean insiste beaucoup sur le fait que l’amour est lié à la foi, au ‘croire’, à une adhésion à la parole de Jésus qui est lumière. « Celui qui garde ma parole, celui-là je l’aimerai et mon Père l’aimera ». Jésus ajoute que c’est par le don de l’Esprit de vérité, cette source d’eau vive qu’il répand en plénitude, que sa parole devient en nous vivante et féconde, nous fait naître d’en-haut.

Dieu nous aime en venant au cœur d’une blessure, au cœur d’une fracture, Dieu s’y investit dans ce qu’on appelle une histoire sainte, une histoire de salut qui nous raconte la volonté de Dieu de sauver tous les hommes, cette volonté qui en appelle à notre adhésion.

Cette fracture qui déchire l’humanité St Jean la désigne en termes radicaux, ténèbres et lumière. Le mot ténèbres, désigne un monde où Dieu n’a pas sa place, un monde qui produit du mal, lumière désigne la vérité qui dénonce le mal sous toutes ses formes, mais désigne aussi la reconnaissance de l’œuvre de Dieu en tant qu’amour et vie. Faire la vérité c’est devenir participant de l’œuvre de Dieu.

Par cette répartition qui nous paraît si radicale, ténèbres/lumière, l’évangéliste nous dit que le monde ne peut se sauver par lui-même. Et pourtant dans son prologue l’évangéliste Jean dit bien que la lumière brille dans les ténèbres, et que les ténèbres ne peuvent l’arrêter.

Au cœur des ténèbres l’amour peut briller, cela nous dit que rien n’est perdu, que toute situation peut être sauvée. Ce qui peut sembler perdu aux yeux des hommes ne l’ai pas aux yeux de Dieu. Personne n’est destiné à rester dans le fossé, au bord du chemin.

Il faut tenir ferme que Dieu aime le monde, non la part ténébreuse qui est contraire à sa vie, Dieu ne peut aimer le mal et la mort, mais il aime le monde que nous sommes, ce monde que Dieu veut et désire vivant, au point de donner son Fils, son Unique engendré, son Verbe de vie.

Cette victoire de l’amour et de la vie passe par l’élévation de Jésus, son élévation en croix. Bien qu’en Jean l’élévation de Jésus en croix désigne autant sa mort que sa royauté et sa glorification, c’est du haut de la croix que Jésus remet l’Esprit. Les plaies glorieuses du Christ seront la signature de son amour et de sa victoire.

L’évangile de ce jour se réfère au passage du serpent de bronze élevé sur un mât dans le désert, ceux qui étaient mordus par les serpents brûlants dans le désert étaient sauvés en regardant vers le serpent de bronze. Ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé pour que quiconque croît ait par lui la vie éternelle. Nous changeons de registre. Le serpent dans la Bible n’est pas un animal neutre, il évoque le premier serpent de la Genèse, le diviseur, sa sinuosité évoque la langue menteuse, le mensonge. Ce mensonge qui provoque cette fracture entre l’humanité et Dieu. Le serpent évoque le péché. Or, sur la croix, le Christ sera élevé de terre comme le serpent, mis à la place du serpent. Sur la croix, le Christ sera accusé, identifié au péché, assimilé aux pécheurs.[2] Comme le dit St Paul : « Celui qui n’avait pas connu le péché, il l’a fait péché pour nous, afin qu’en lui nous devenions justice de Dieu ».[3]

En prenant la place du serpent, il prend toute la place du péché, il n’y a plus de place pour le péché. Il l’a vaincu puisqu’il a pris toute la place. La lumière est là pour occuper toute la place. C’est bien à cela que l’évangile de Jean nous invite, croire en cette lumière de vérité du Christ qui prend toute la place.

Voir dans l’évangile de Jean, c’est croire, avancer dans la lumière et les œuvres de la foi, laisser la lumière dissiper nos ténèbres.

Nous sommes invités à contempler cette œuvre merveilleuse de l’amour de Dieu pour nous, à la contempler à travers l’œuvre du Christ et l’intelligence de l’Esprit Saint, contempler pour nous laisser attirer. Contempler pour mieux œuvrer à la manifestation de la lumière.

 


[1] Ep 2, 4-10

[2] Anne Lécu, Marcher vers l’innocence, p. 58…

[3] 2 Co 5, 19-21