Nuit de Pâques, homélie du P. Abbé Vladimir
Chers Frères et Sœurs,
Ce qui est donné n’est jamais perdu et combien cela est vrai dans le cas du Christ qui donne sa vie par amour des hommes. Il a le pouvoir de la donner et le pouvoir de la reprendre mais s’il la reprend, c’est aussi en nous la communiquant. Hier nous avons été mis au tombeau avec le Sauveur et en cette nuit, il ressuscite pour que nous soyons unis à lui par une résurrection semblable à la sienne.
Le sabbat terminé, de grand matin, les femmes se rendent au tombeau. C’est de ce sabbat que le sauveur avait dit qu’il en était le maître et qu’il était fait pour l’homme. C’est par ce sabbat qu’est achevée, sanctifiée et bénie toute la création. Elle est désormais renouvelée, orientée, finalisée par la résurrection et nous devons en prendre soin. C’est avec toute la création que nous célébrons la vie qui éclate dans l’abîme de la mort. C’est ce que les femmes voient. Elles ne font pas que constater, elles contemplent : le soleil déjà levé image du soleil de justice qui ne connaît pas de déclin, la pierre déjà roulée et avec elle tout ce qui enchaine l’homme, le jeune homme vêtu de blanc comme un néophyte au sortir de la piscine baptismale. Elles cherchent et ce qu’elles découvrent est au delà de tout ce qu’elles peuvent imaginer. Celui qu’elles voulaient embaumer comme pour conserver ce qui est du passé n’est plus ici, il est ressuscité, le tombeau est vide. Et nous, nous voyons à travers le regard de ces femmes qui contemplent. Nous contemplons avec les yeux de la foi ce qui n’est compréhensible que dans la foi.
Et pourtant la fin de cet Évangile retentit comme une surprise. Les femmes s’enfuirent et ne dirent rien à personne. Elles n’arrivent pas à surmonter leur première grande frayeur comme devant quelque chose qui est encore trop nouveau pour elles. Comme au jardin des oliviers, ces trois femmes témoins s’enfuient devant ce qui est encore trop grand pour elles et dont pourtant elles seront les témoins. Célébrer la résurrection, c’est déjà avoir part au monde nouveau dont nous avons reçu le commencement au jour de notre baptême. Cela engage toute notre vie dans ce mouvement de don qui est celui du Christ. Cela nous engage à nous laisser renouveler, à nous laisser conduire par l’Esprit. Nous savons désormais que notre patrie n’est pas ici et que notre vie est cachée avec le christ en Dieu. Tout autant que les premiers chrétiens, nous devons cultiver la vertu de l’état d’étranger. Alors que nous allons faire mémoire de notre baptême, demandons au Ressuscité de renouveler toutes choses en nous.