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12ème dimanche A, homélie de frère Marie

Voici que Jésus nous dit : « Ne craignez pas les hommes ; Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme – Ne craignez-pas, car votre vie est précieuse aux yeux de Dieu. »
Ce que nous devons craindre et qui porte atteinte à notre dignité d’enfants de Dieu, ce sont les séductions et les complicités que nous pouvons entretenir avec le mal, c’est cela qui est mortifère ; C’est pour cela que le Christ nous a appris à prier, tous les jours : délivre-nous du Mauvais.
Le Christ nous a délivré du pouvoir du Mauvais et de la mort. Face aux conséquences du péché qui entraîne la mort, la grâce du Christ s’est répandue en abondance sur la multitude, nous rappelle St Paul.
Le Christ est la réponse au cri du psalmiste : « je te prie, Seigneur : c’est l’heure de ta grâce ; dans ton grand amour, Dieu, réponds-moi, par ta vérité sauve-moi. Réponds-moi, Seigneur, car il est bon, ton amour ; dans ta grande tendresse, regarde-moi. »
En Christ Dieu répond et nous regarde, il pose sur nous son regard de bénédiction et de grâce.
Ce regard de bénédiction nous faire prendre conscience que la paix et la joie de notre vie se trouvent dans la dynamique de cette gratuité qui nous fait partager la joie du royaume des cieux. Ce regard de bénédiction est la vie même de Dieu qui nous est donnée en partage. Ce don n’est pas le fruit de nos mérites, mais le fruit du don gratuit de Dieu, car la grâce est la manifestation de son amour et de sa justice, cette justice qui est éternelle fidélité, jusqu’à donner sa vie.
Mais ce don, il nous est donné de le mettre en œuvre, il nous est donné d’être nous-mêmes l’expression de cette grâce. Il nous est donné d’en exprimer les vertus, d’en exprimer la force et la lumière de vie pour l’épanouissement du genre humain. Ce n’est pas un épanouissement individualiste, une réussite égocentrique, mais cet épanouissement passe par l’engagement de notre liberté, une liberté qui se laisse atteindre par ce regard bon de Dieu, une liberté qui a besoin d’être éduquée, travaillée par le regard que Dieu pose sur l’humain et sur la création. Une liberté au service de notre commune dignité.
Nous sommes des êtres auquel Dieu fait partager sa propre dignité, malgré nos faiblesses, ou malgré nos manques de fidélité. Dieu ne nous demande que notre humble et vraie confiance, notre humble amour. Nous pouvons nous sentir étrangers dans les tendances du monde, mais l’Esprit nous dit à travers le psaume : « Vie et joie, à vous qui cherchez Dieu ! » Car le Seigneur écoute les humbles.
Cette éducation à la grâce est un labeur auquel nous sommes invités à participer, et dans lequel nous sommes espérés, attendus, par Dieu, sans relâche, pour manifester la bénédiction de l’humanité.
Cette bénédiction qui s’exprime dans les mille facettes de l’accueil. Tous les actes de Jésus dans les évangiles sont des actes d’accueil. Les seuls rejets concernent les hypocrisies, les pièges des malveillants, les faux semblants, et les séductions de pouvoir. Mais toute pauvreté posée en vérité est accueillie.
Combien d’hommes et de femmes se laissent rejoindre par cette grâce du Christ en des circonstances inattendues, il frappe à toutes portes, sans regarder à notre dignité ou indignité aux yeux des hommes, à notre nationalité ou couche sociale. Il nous demande seulement d’être des témoins de cette infinie gratuité, des témoins de la joie et de cette espérance qui nous a rejoint au cœur même de notre humaine pauvreté pour nous enrichir de sa victoire sur le mal et sur la mort, pour nous enrichir des bienfaits de son Esprit Saint. Aussi, ne craignons pas, si nous déclarons pour lui, il se déclarera pour nous devant son Père qui est aux Cieux.