Fête St Honorat, homéile du P. Abbé Vladimir
Chers Frères et Sœurs,
Lorsqu’Hilaire d’Arles, un an après la mort du fondateur de notre monastère écrit le sermon que nous appelons la vie d’Honorat, ce document qui est en quelque sorte le testament fondateur de notre communauté, il fait à deux reprises le portrait d’Honorat d’abord comme moine et supérieur de sa communauté puis comme évêque. Son but est bien évidemment de montrer que ce grand saint ne change pas lorsqu’il devient évêque et que les vertus qu’il manifeste comme moine et guide spirituel sur notre île restent les mêmes à Arles comme évêque. En vérité, il est resté « en tenue de service » depuis le début de sa conversion de telle manière que « s’il fallait donner un visage à la charité, c’est le visage d’Honorat, que plus que tout autre, on devrait peindre pour le représenter ».
Si l’on veut chercher un fil conducteur dans la vie de celui qui débarqua sur cette île pour que l’horreur de la solitude y disparaisse, on ne peut trouver que celui de l’amour, du désir et de la recherche du Christ. Si Dieu parlait avec Moïse comme un ami parle à son ami, c’est avec le Christ qu’Honorat s’entretenait sans relâche à tel point que parfois, même dans son sommeil, sa bouche répétait son nom. Dès le début de sa conversion, c’est le désir et l’amour du Christ qui l’ont emporté sur les manœuvres de son père pour le détourner du baptême. Il n’est ensuite presque qu’aucune page de la vie d’Honorat qui ne mentionne son lien étroit avec le Christ, sa parole, ses sentiments à tel point nous dit Hilaire que sa prière, on pourrait presque dire le son de sa voix, était devenue familière aux oreilles du Christ.
Mais ce que nous pouvons retenir d’Honorat pour cette année qui vient, en ce temps difficile que nous vivons avec tous ceux qui nous entourent, est que cet amour, fort comme la mort suivant l’expression du Cantique puisque nous en recevons encore quelque chose aujourd’hui ne cesse de s’exprimer durant toute sa vie dans une charité très active en faveur de ses contemporains. En lui se manifesta dans toute son étendue, cet amour fraternel que nous avons entendu vanter dans la lettre aux hébreux. Nous pouvons, pour notre instruction mettre en relief deux caractéristiques très pratiques de cette charité hors du commun.
Honorat est l’homme de la réconciliation, de la paix rétablie et construite entre des personnes que tout pourrait opposer. Hilaire nous le montre à l’œuvre dans sa communauté pour faire naître sans cesse la communion en inculquant, parce qu’il aime, l’amour du Christ et du prochain. Il le fait en soulignant la diversité de cette communauté qui comporte même, écrit-il des hommes aux mœurs barbares. « Quelle est la contrée, quelle est la nation, qui, aujourd’hui ne compte pas des habitants dans son monastère ». De même son premier souci lorsqu’il devint évêque fut de rétablir la concorde dans une communauté dont les historiens nous confirment qu’elle était très divisée.
Honorat est aussi l’homme du partage et du souci pour les pauvres ce qu’Hilaire exprime presque de la même manière pour les deux lieux où il exerça son ministère. « Il portait une grande attention aux étrangers et aux hôtes » qui venaient en nombre chercher secours en abordant sur notre île. « Il ne gardait rien pour lui, rien pour les siens que la nourriture et le vêtement nécessaires pour l’instant présent ». De même comme évêque, « sa générosité, s’accrut, ses richesses diminuèrent », « il ne se réserva que le strict nécessaire à son ministère ».
Chers Frères et Sœurs,
Réveillons nous, il est temps de sortir du sommeil. À l’école d’Honorat, apprenons que le partage et la communion à poursuivre envers tous et non pas seulement avec ceux qui nous sont identiques, découlent de l’amour du Christ comme la lumière vient du soleil. Aussi exigeant que cela soit, sous la conduite de l’Évangile, il n’y a pas d’autre chemin sur lequel avancer. O notre Père Honorat, « obtiens que dans une aspiration commune, nous méritions de respecter tes ordres et tes enseignements ».