4ème dimanche de Carême, homélie du P. Abbé Vladimir
évangile de la guérison de l'aveugle né Jean 9
Chers Frères et Sœurs,
Nous venons d’entendre le long récit de la guérison d’un aveugle de naissance tiré de l’Évangile selon saint Jean. « L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il me l’a appliquée sur les yeux et il m’a dit : “Va à Siloé et lave-toi.” J’y suis donc allé et je me suis lavé ; alors, j’ai vu. » répond cet homme à ceux qui l’interrogent. Au début du carême, les cendres nous ont rappelés que nous sommes poussière. C’est comme par une nouvelle création où la poussière est remodelée que ce pauvre, ce mendiant aveugle accède à la lumière. Et cette histoire parle aussi de chacun d’entre nous.
Déjà au commencement, le prologue de l’Évangile de Jean disait : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. . . En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ; la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée ». Ce long récit de la guérison d’un aveugle né et la controverse qu’elle provoque ne fait, d’une certaine manière, que développer dans un récit ce que chante le prologue : « Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. Il était dans le monde, et le monde était venu par lui à l’existence, mais le monde ne l’a pas reconnu ». Avec l’aveugle né, nous voyons le Verbe à l’œuvre pour sauver, pour guérir en donnant la lumière.
En ce jour avec tous les catéchumènes qui se préparent au baptême et en particulier avec Christopher, nous demandons cette lumière qui est à la fois vie et connaissance. Recevoir cette lumière c’est devenir un homme nouveau en accueillant la grâce non seulement de la foi mais aussi de l’espérance et de la charité. C’est une nouvelle naissance qui fait de nous des fils de Dieu.
Cette lumière, nous la demandons aussi pour chacun d’entre nous. Nous l’avons reçu au jour de notre baptême, mais nous devons nous laisser conduire par elle jour après jour. Il faut que l’homme nouveau grandisse en nous jusqu’à la plénitude et jusqu’au plus intime de notre cœur, nous devons nous laisser éclairer par elle.
Après n’avoir pas condamné la femme adultère alors qu’il était dans le temple, Jésus avait déjà affirmé qu’il est la lumière du monde. Jésus, le Verbe est le Dieu qui sauve et guérit. Il est celui qui fait miséricorde et pardonne. Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour le condamner mais bien pour le sauver.
Si les Pères appelaient le baptême illumination, c’est bien parce qu’il est don et accueil de cette lumière qui est pardon, qui est vie nouvelle dans l’Esprit et nouvelle connaissance dans la foi et la charité. Cette lumière est aussi celle de l’humilité. Nous ne pouvons pas nous sauver nous même, nous ne pouvons pas éclairer nos ténèbres nous –mêmes et lorsque nous les découvrons, nous sommes plutôt tentés de refuser cette lumière qui les éclaire que de l’accepter. C’est le sens de tout le combat, tous les discussions, tous les refus que l’Évangile nous décrit dans ce récit. Il y a toujours quelque chose en nous qui combat et refuse la lumière. C’est le but et le sens du carême que de reprendre conscience de cela. Nous pouvons dire avec l’aveugle né : « Je crois, Seigneur » mais nous devons supplier en même temps : « Seigneur fais grandir en moi la foi, fais ».
Seigneur, fais que nous soyons des témoins de la foi pleins d’assurance et de courage. Fais qu’éclairés par ta lumière, nous devenions des artisans de paix et que nous devenions capable de te reconnaître tout au long de nos journées dans nos frères, dans les pauvres, les étrangers, dans tous ceux que le monde rejette.