Le Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ – B, homélie de frère Bartomeu
Chaque dimanche, « jour du Seigneur » (Apocalypse 1,10), nous célébrons l’eucharistie, le « repas du Seigneur » (1 Corinthiens 11,20). Nous la célébrons même chaque jour, faisant en quelque sorte de toute notre vie un dimanche. Et aujourd’hui, nous nous arrêtons, pour comprendre « le mystère de son corps et de son sang » et pouvoir « recueillir sans cesse le fruit de sa rédemption », comme disait l’oraison au commencement de cette liturgie.
Nous venons d’entendre, dans l’évangile selon saint Marc, le récit du dernier repas de Jésus avec ses disciples avant sa passion. Nous retrouvons le même récit, avec tout juste quelques petites différences, dans les évangiles selon saint Matthieu et selon saint Luc, et encore dans la première lettre de saint Paul aux Corinthiens. Luc et Paul y ajoutent une parole très importante : « Faites cela en mémoire de moi » (Luc 22,19 ; 1 Corinthiens 11,24-25). Et Paul y ajoute ce commentaire : « Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne » (1 Corinthiens 11,26). « Faire en mémoire de lui… » « Proclamer sa mort… » Voyons.
« Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction… Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâces… » Cette bénédiction, cette action de grâces c’est ce qui donne le sens de ce qu’il fait. Il avait l’habitude de le faire. Nous le voyons faire cela aussi lors de la multiplication des pains et des poissons : « Alors Jésus prit les pains et, après avoir rendu grâces, il les distribua aux convives ; il leur donna aussi du poisson, autant qu’ils en voulaient… » (Jean 6,11). Et c’est encore ainsi que les deux disciples, qui faisaient route vers le village appelé Emmaüs, le reconnurent lorsqu’il il prononça la bénédiction et, ayant rompu le pain, il le leur donna (Luc 24,13.30-31).
Dans notre célébration, que nous appelons eucharistie / action de grâces, la Prière Eucharistique reprend cette action de grâces de Jésus, lorsque nous faisons cela en mémoire de lui : « Vraiment il est juste et bon de te rendre gloire, de t’offrir notre action de grâces, toujours et en tout lieu, à toi, Père très saint, Dieu éternel et tout-puissant, par le Christ, notre Seigneur... » Et c’est en faisant mémoire de Lui, « de sa passion qui nous sauve, de sa glorieuse résurrection et de son ascension dans le ciel, alors que nous attendons son dernier avènement, que nous offrons à Dieu, en action de grâces, ce sacrifice vivant et saint. »
En concluant la Prière Eucharistique, le prêtre qui préside notre célébration proclame : « Par lui, avec lui et en lui, à toi, Dieu le Père tout-puissant, dans l’unité du Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire, pour les siècles des siècles. » Et notre réponse « Amen » est le sceau de cette « action de grâces ».
Nous lisons qu’après la multiplication des pains, « quand ils eurent mangé à leur faim, Jésus dit à ses disciples : “Rassemblez les morceaux en surplus, pour que rien ne se perde.” Ils les rassemblèrent, et ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge, restés en surplus pour ceux qui prenaient cette nourriture » (Jean 6,12-13). Ceci pourrait être l’image de notre vie de chrétiens : lorsque, après avoir célébré le repas du Seigneur, après avoir reconnu le Seigneur à la fraction du pain, nous nous en irons dans la paix du Christ, nous devons emporter symboliquement de ces morceaux pour que toute notre vie témoigne de Lui.