Dimanche de la Pentecôte, homélie du P. Abbé Vladimir
Chers Frères et Sœurs,
Le passage des Actes des Apôtres que nous venons d’entendre nous montre l’Esprit sous la forme de langues de feu descendant sur les apôtres. Le Christ commence ainsi à accomplir ce qu’il avait annoncé dans l’Évangile. Il envoie ses disciples jusqu’aux extrémités du monde pour annoncer la Bonne Nouvelle. Comme le dit la prière d’ouverture de la messe de ce jour, Dieu commence à sanctifier son Église chez tous les peuples pour répandre son Esprit sur l’immensité du monde. Mais ce don de l’Esprit est offert en ce jour à chacun d’entre nous et à chaque communauté pour ramener l’homme et l’humanité à l’Unité, unité dont la source est la Trinité, unité qui rassemble tout en préservant la distinction. Toutes les lectures de cette célébration nous permettent de méditer sur ce qu’est cette véritable unité qui nous est donné comme un héritage à faire fructifier.
Dans les Actes, nous voyons les apôtres se mettre à parler en d’autres langues selon le don de l’Esprit et chacun, venant de toutes les nations sous le ciel, les comprend. Contrairement à Babel, l’Unité que Dieu nous offre est une unité de traduction, de transmission, une unité réconciliant la multiplicité des langues et des expressions. L’Esprit nous apprend à parler et donc à comprendre la langue de l’autre, sa manière de penser. Et cela ne peut se faire, sans écoute et sans apprentissage. Dieu, dans le Christ, a parlé la langue des hommes et écouter sa Parole pour revenir à l’unité, c’est écouter les langues, les idées, les sentiments, les expressions et les besoins des autres dans lesquels l’unique Parole de Dieu s’exprime dans une richesse inépuisable. Il n’y a pas de langue sacrée. Il ne s’agit pas tant de s’affirmer, de défendre une identité, une idée que d’écouter avec bonté, bienveillance, douceur et maitrise de soi pour s’enrichir et pour entrer en dialogue. Et pour écouter, il faut prendre le temps et sortir de la peur. C’est le don que nous donne l’Esprit lui qui assouplit tout ce qui est raide et rend droit ce qui est faussé.
Pour écouter, il faut se laisser conduire par l’Esprit. Car l’unité que Dieu veut pour nous n’est pas d’abord de nature institutionnelle, elle n’est pas le résultat d’un consensus mais un don que nous devons accueillir, marchant sous la conduite de l’Esprit, allant de l’avant. Si nous marchons sous la conduire de l’Esprit, nous sommes invités à aller de l’avant, tendus vers les réalités d’en haut. L’unité n’est pas derrière nous, dans un passé idéalisé, elle est devant nous et ne sera consommé que dans la plénitude du Royaume qui vient. Marcher sous la conduite de l’Esprit, c’est marcher ensemble, de manière synodale puisque étymologiquement le mot synode veut dire « chemin fait ensemble ». Marchons ensemble sans nous laisser diviser par les œuvres de la chair, haines, rivalités, jalousies, emportements, intrigues, sectarisme. Avec le Christ Jésus, crucifions la chair avec ses passions et ses convoitises pour faire notre le fruit de l’Esprit, paix, patience, bonté, bienveillance, douceur. C’est à cette unité qui nait de l’écoute que veut nous conduire la synodalité à laquelle nous invite le Pape François. C’est un don de l’Esprit lui qui est celui qui guérit en nous ce qui est blessé par la multiplicité de nos égoïsmes.
Mais l’Esprit qui fait l’unité est aussi l’Esprit de vérité qui nous conduit à la vérité toute entière. Cette vérité, c’est d’abord la personne du Christ, lui qui est la pleine révélation du Père puisque tout ce que possède le Père est à lui. Dans cette vérité, nous ne pouvons que grandir en écoutant et en cheminant ensemble. Saint Benoît dans la conclusion de sa Règle nous parle du bon zèle dont la description est très proche du fruit de l’Esprit dont nous parle la lettre aux galates. Celui-ci nous fera parvenir tous ensemble à la vie éternelle.
Chers Frères et Sœurs,
Dans cette grande communion en marche vers l’unité qu’est notre église avec toutes ses blessures, écoutons ce que nous dit une Règle monastique très ancienne, la Règle de Macaire possiblement ne des premières règles de ce monastère au cinquième siècle : « Compte bien que tes frères (et sœurs pourrions nous ajouter) seront tes parents pour l’éternité ». Alors, écoutons-nous, servons – nous, dialoguons les uns avec les autres. C’est cet engagement qui construit l’amour, qui est l’amour même.
« Viens Esprit Saint, donne mérite et vertu, donne le salut final, donne la vie éternelle »