Dimanche de la Pentecôte, homélie de l'Abbé Vladimir
Chers Frères et Sœurs,
« Cinquante jours après Pâques, ils se trouvaient réunis tous ensemble ». De même, « après la mort de Jésus, les disciples étaient ensemble même si les portes étaient verrouillées par crainte ». L’Esprit saint vient en eux pour faire toute chose nouvelle. Ce n’est pas par hasard qu’ils sont ensemble. La nouveauté de l’Esprit consiste prècisément en ce qu’annonçait le psalmiste lorsqu’il s’écriait : « Qu’il est bon, qu’il est doux pour des frères de vivre ensemble et d’être unis ». Aelred de Rievaulx, l’un de nos Pères cisterciens, prêchant le jour de cette fête va jusqu’à dire : « Je dirais si j’osais, ou plutôt j’ose et je dis avec assurance que l’Esprit Saint ne serait pas descendu aujourd’hui sur les disciples s’il ne les avait pas trouvés réunis tous ensemble ». Au Sinaï, le Seigneur est descendu dans le feu et le bruit du tonnerre pour instituer la première alliance. Aujourd’hui, avec un bruit comme un violent coup de vent et dans le feu, l’Esprit qui est Seigneur et qui donne la vie vient graver dans le cœur des disciples la nouvelle alliance qui est l’amour jusqu’au don de soi-même. « Dieu, nul ne l’a jamais contemplé. Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous et son amour, en nous, est accompli. . . Il nous a donné de son Esprit ».
Hier soir, pour commencer cette fête, à la fin des vêpres, nous demandions que « les hommes, en proie, aux divisions de toute sorte, soient rassemblés par l’Esprit Saint ». Et cette nuit et ce matin encore, cette division et cette violence sont manifestes partout où règnent non seulement la violence aveugle mais aussi l’oppression des pauvres, le refus des étrangers et la destruction de la nature. Mais c’est pour cela que le Seigneur Ressuscité nous envoie son Esprit Consolateur pour nous laver, nous guérir, nous assouplir, nous réchauffer, nous rendre droit comme nous l’avons chanté. Par lui, nous sommes tous les membres d’un seul corps. L’Esprit descend sur les apôtres et ils se mettent à parler et tous jusqu’à aujourd’hui les comprennent dans leur langue maternelle. S’il y a des mots qui sont un bavardage ou des masques, c’est dans une parole de louange, de communion et de paix que nous devenons pleinement humain. Le silence n’est là que pour permettre cette parole. Ce qui guérit la division, ce n’est pas l’uniformité mais l’unité et la communion dans la diversité des langues qui sont comme une symphonie. « Les dons de la grâce sont variés mais c’est le même Esprit ». Les hommes seront rassemblés, non par une violence qui voudrait tous les rendre semblables à un unique modèle mais dans la lumière de l’Esprit qui est amour et communion.
Chers Frères et Sœurs,
En célébrant cette fête, nous sommes invités à vivre cela de manière très humble et très concrète dans nos communautés, dans nos familles, dans nos relations avec tous ceux que d’une manière ou d’une autre le Seigneur nous envoie ou vers qui il nous envoie. Car nous sommes tous envoyés. C’est seulement de cette manière que l’œuvre de l’Esprit qui est une œuvre d’amour s’accomplira en nous.