Vendredi Saint, homélie du P. Abbé Vladimir
Chers Frères et Sœurs,
Voici que tout est accompli. Le Sauveur du monde, Jésus le Nazaréen, le Verbe fait chair, Celui qui a habité parmi nous est sorti dehors portant la couronne d’épines et le manteau de pourpre.
« Voici l’Homme » dit Pilate à la foule qui crie et vocifère.
Voici l’homme. Même s’il est si défiguré qu’il n’a plus l’apparence d’un homme. « Méprisé, abandonné des hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, il était pareil à celui devant qui on se voile la face », selon ce qu’avait annoncé le prophète. Voici le serviteur. Cet homme dont Caïphe a dit : « Il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple ». Cet homme a été renié par ses disciples, il n’a pas opposé de résistance à ceux qui l’ont arrêté, condamné, flagellé, mis en Croix.
Voici l’homme. Levons les yeux vers celui que nous avons transpercé. De son côté coulent le sang et l’eau pour nous donner la vie.
Chers Frères et Sœurs,
Arrêtons pour un moment le regard de notre cœur sur cet homme, sur l’Homme par excellence, le Christ. « Il offrit avec un grand cri et dans les larmes, des prières et des supplications à Dieu qui pouvait le sauver de la mort, et il fut exaucé en raison de son grand respect. Bien qu’il soit le Fils, il apprit par ses souffrances l’obéissance et, conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel ». C’est chez cet homme au moment où il va remettre l’esprit que se manifeste au contraire des apparences toute notre dignité retrouvée, l’image et la ressemblance restaurées. Il est l’Homme par excellence, le modèle et l’exemple parce qu’il a aimé jusqu’à l’extrême et jusqu’au don total. Voici notre Roi, sans armes et sans défense car sa royauté n’est pas de ce monde sinon comme nous le voyons faire encore aujourd’hui des armées se seraient battues pour lui. Là où l’on suit son exemple, on grandit en humanité. Il récapitule en lui les justes et les prophètes mais aussi tous les abandonnés, les exilés, les prisonniers. Il s’est fait l’un de nous jusque dans la faiblesse la plus grande et c’est ainsi que se manifeste dans toute sa splendeur la gloire de Dieu.
Voici l’homme. Nous allons le déposer au tombeau où nous allons ressusciter avec lui. Il est Celui qui peut nous sauver, Celui qui peut nous guérir, Celui qui ne nous abandonnera pas. Il est Celui qui nous aime et nous connaît. Par ses blessures nous sommes guéris.
Laissons nous toucher par lui pour le reconnaître et le servir dans nos frères.