5ème dimanche de Pâques-B, homélie de frère Marie
Ac 9, 26-31 ; Ps 21, 26-32 ; 1 Jn 3, 18-24 ; Jn 15, 1-8
Dieu, le Père, est d’abord présenté comme le bon cultivateur qui prend soin de sa vigne. C’est une image qui parcourt les Ecritures. Dieu plante et cultive le monde, il cultive l’humanité et l’âme individuelle. Cultiver, prendre soin, garder, n’est-ce pas cette mission qui est confié à l’homme et à la femme qui sont ‘image de Dieu’, dès l’aube de la création ? Le Père n’attend-il pas que l’on réponde à sa bienveillance par nos actes ?
Mais quelle est cette vigne, cette ‘vraie vigne’ dont parle Jésus ?
Jésus fait appel à une relation, une relation intime et vivante entre lui et ses disciples, à l’image de la vigne et de ses sarments.
Dans les Ecritures l’image de la vigne désigne le peuple d’Israël, cep choisi et transplanté dans l’Alliance pour être prémices de la révélation du nom de Dieu, serviteur de ce Nom. Dieu espère en retour la reconnaissance de son Nom, un comportement en actes pour manifester cette alliance de vie.
Malgré cette élection cette vigne, laissée à l’épreuve de sa propre fidélité, peut aussi produire du vert-jus par ses déviances, ou être exposée à la destruction ou à la mort de par de mauvaises alliances humaines, calculatrices. Et Dieu pris aux entrailles de son amour et sa volonté de continuer cette histoire au cœur de l’humanité la sauve, la restaure.
Le peuple de Dieu est aussi désigné par une entité qui le rassemble sous le vocable ‘Le Fils de l’homme’, qui sera repris par Jésus.
Ainsi quand Jésus, Fils de l’homme, annonce : « Je suis la vraie vigne », il désigne par là la réponse parfaite à la mission du Père, au nom de l’humanité. En se désignant comme la vigne véritable Jésus désigne aussi la vigne sauvée. Cette vigne véritable est le Christ crucifié, mort et ressuscité, à la fois vigne et fruit de vie éternelle. Jésus la vraie vigne unit en lui, comme les sarments, tous les membres du nouveau peuple de Dieu, peuple ouvert aux horizons de l’humanité de tous lieux et de tous temps. Tous ceux qui de toutes nations viennent à lui et trouvent en lui un renouveau de vie dans l’Esprit Saint : « Nous reconnaissons qu’il demeure en nous, puisqu’il nous a donné part à son Esprit ». Chaque célébration eucharistique à travers le monde manifeste cette universalité. Une ancienne prière eucharistique de la Didaché rend grâce pour la sainte vigne de David, que Jésus le serviteur nous a fait connaître, vigne qu'il nous a révélée. Nous sommes en Jésus à la fois sarments, chacun unique et vigne par le lien qui nous uni au Christ et les uns aux autres. Le principe de cette union est l’agapè, l’amour du Christ pour ses amis. Cet amour qui se traduit en retour en obéissance amoureuse de la part de ses disciples, une écoute et une mise en actes de l’enseignement de vie qu’il nous transmet et par lequel il nous nourrit.
La 1ère lettre de Jean le formule tout simplement : « N’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité », là est notre véritable défi, celui de nos bons fruits.
Nous pouvons rapprocher ce projet de culture de la vigne véritable de ce que le concile Vat II nomme ‘l’appel universel à la sainteté’. Cela déplace les clés de compréhension des comportements humains. Cela nous place sur une vision à laquelle notre contexte culturel ambiant de performance et de rendement ne nous a pas préparés. Si nous sommes les sarments de la vigne, alors notre photosynthèse s’opère sous le soleil de l’Esprit Saint, notre développement s’opère sous l’influence d’une éthique divine. Le Verbe de vie est notre nourriture. Dès lors nous parcourons un chemin de foi, car la perfection du projet, ou du produit, nous sera donné au-delà de ce que notre cœur, notre pensée ne peut imaginer car ça dépasse le bonheur que l’homme peut se donner par lui-même. Notre vocation étant, pour faire court, de connaître Dieu et d’en vivre.
Le Christ Jésus, verbe de vie et vigne véritable est notre sagesse, cette sagesse qui guide nos pas pour mieux apprendre et servir, non seulement Dieu, mais l’humanité.
Voici ce que nous dit la Sagesse : « Je suis sortie de la bouche du Très-Haut et comme une vapeur j'ai recouvert la terre…Comme une vigne j'ai produit des pousses gracieuses, et mes fleurs ont donné des fruits de gloire et de richesse. Venez à moi, vous qui me désirez, et rassasiez-vous de mes fruits. Ceux qui me mangent auront encore faim et ceux qui me boivent auront encore soif. Celui qui m'écoute ne connaîtra pas la honte et ceux qui travaillent avec moi ne pécheront point ».