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2ème dimanche de Carême - B, homélie de frère Bartomeu

 

Chaque année, après avoir suivi Jésus au désert le premier dimanche du Carême, en ce deuxième dimanche nous l’accompagnons, avec Pierre, Jacques et Jean, sur une haute montagne. Et là nous entendons à nouveau la voix qui dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé », que nous avions déjà en-tendue au Jourdain (Marc 1,11). Avec cette fois-ci une invitation pressante : « Écoutez-le. »
Et voici qu’en descendant de la montagne, Pierre, Jacques et Jean se demandaient entre eux ce que voulait dire : “ressusciter d’entre les morts”. Souvent, en particulier dans l’Évangile selon saint Marc, nous voyons que les disciples ne comprennent pas ce que fait et dit Jésus (cf. Mc 6,52 ; 7,18 ; 8,17-18,21). Mais, est-ce que nous comprenons, nous, ce que veut dire “res-susciter d’entre les morts” ?
Il faut, peut-être, que nous oublions un peu la fête de la Transfigura-tion du Seigneur, du 6 août, fête particulièrement chère aux moines, fête où nous contemplons Jésus-Christ, « rayonnement de la gloire de Dieu, expres-sion parfaite de son être » (Hébreux 1,3), et où nous voudrions, comme Pierre, dresser trois tentes.
La plus ancienne tradition liturgique de l’Église de Rome est de lire cet évangile en ce deuxième dimanche du carême, alors que nous nous achemi-nons vers la Pâque. Jésus avait commencé à enseigner aux disciples qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les an-ciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite (Marc 8,31). Dans ce contexte, quand il défend à Pierre, Jacques et Jean de raconter à personne ce qu’ils avaient vu sur la mon-tagne, c’est qu’on ne peut le comprendre qu’après avoir vécu avec lui la pas-sion et la croix.
Et voici que, « soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux. » Comme l’écrivait Paul aux Philippiens, alors qu’il se trouvait lui-même en prison à Éphèse, « il s’agit de connaître le Christ et la puissance de sa résurrection, de communier aux souffrances de sa passion, en reproduisant en nous sa mort, dans l’espoir de parvenir, nous aussi, à ressusciter d’entre les morts » (Philippiens 3,10-11).
Nous ne pouvons pas vraiment comprendre ce que veut dire “ressusci-ter d’entre les morts”. Mais nous savons que si nous avons été baptisés en Jésus-Christ, « nous avons été baptisés – c’est-à-dire immergés – dans sa mort pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, de même que le Christ, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts » (Romains 6,3-4).
« Je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des vivants », avons-nos chanté avec le psaume. Nous ne voyons plus que Jésus seul. Nous le verrons même dans la solitude de la croix. N’oublions pas la voix du Père : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. », et écoutons-le. Et marchons en sa pré-sence sur la terre des vivants. « Si Dieu est pour nous, qui sera contre cous ? Il n’a pas refusé son propre Fils, il l’a livré pour nous tous : comment pourrait-il avec lui ne pas nous donner tout ? »
C’est sur la croix qu’il nous a remis l’esprit (Jean 19,30). C’est en vi-vant de cet esprit que nous commençons à comprendre ce que veut dire “ressusciter d’entre les morts” : « Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons nos frères » (1 Jean 3,14).