1er dimanche de l'Avent-B, homélie du P. Abbé Vladimir
Chers frères,
Il y a dans le texte original du passage de l’Évangile de Marc que nous venons d’entendre une assonance, presque un jeu de mots que le français ne peut rendre et qui pourtant est plein de sens aujourd’hui en ce début d’Avent. « Restez éveillés : car vous ne savez pas quand ce sera le moment kairos ». « Veillez donc, car vous ne savez pas quand vient le maître de maison Kurios » avec tout le poids que peut avoir ce mot qui veut dire aussi Seigneur. Ce moment pour lequel nous veillons n’a de sens que parce qu’il est celui de la rencontre, de la communion avec une personne, le maître de la maison, le Seigneur, le Verbe qui s’est fait homme et qui est né pour nous sauver. Cette rencontre donne tout son sens, moment par moment à nos vies parce qu’elle n’est pas unique, comme reportée vers la fin. Elle est possible à chaque instant qui nous ouvre ainsisur l’éternité comme une découverte progressive. Elle n’est d’ailleurs possible que de cette manière. Même si nous ne connaissons pas l’heure, nous ne veillons pas dans l’attente d’un inconnu mais nous cherchons comme à tâtons un visage qui se dévoile peu à peu, tout le long du chemin, en nous donnant la force de veiller. Ainsi comme le dit saint Paul : « Aucun don de grâce ne nous manque, à nous qui attendons de voir se révéler notre Seigneur Jésus Christ ».
« De même nous dit saint Bernard qu’il est venu une seule fois dans la chair pour accomplir le salut au milieu de la terre, de même vient-il chaque jour dans l’Esprit pour sauver l’âme de chacun. À son ombre nous vivrons parmi les nations ». Faisons de chaque moment l’occasion de cette rencontre.
Et pour que chaque moment soit favorable et soit une veille joyeuse, il nous faut utiliser les moyens que le Sauveur nous donne à profusion.
Puisqu’il est le Verbe, il vient avant tout par sa Parole. Comme le Sauveur le dit lui-même : « Si quelqu’un m’aime, il gardera mes paroles, mon Père l’aimera et nous viendrons à lui ». Il nous a donné tout pouvoir mais nous devons veiller et garder sa Parole pour qu’elle nous transforme dans notre manière de vivre et l’élan de notre désir. Il faut pour cela tout le silence de l’écoute et l’Avent est un temps de silence. Laissons nous construire par cette parole. Laissons nous conduire par elle.
Cette Parole se fait aussi sacrement qui nous construit comme corps. Le Sauveur s’est fait pain vivant pour être notre nourriture sur la route. Mais prenons bien garde que ce sacrement soit pour la communion non pour la confusion. Notre veille est communautaire mais ne peut l’être que si dans ce corps nous nous accueillons les uns les autres avec nos différences, voir nos oppositions.
Car de cette rencontre, chacun de nos frères en est aussi le sacrement comme nous le dit la Règle de Saint Benoît commentant l’Évangile. Veillons donc à chaque instant dans l’humble service qui nous fait découvrir le Christ.