Messe de la nuit de Noël,
Chers Frères,
En cette nuit que nous célébrons, nous sommes invités à contempler la lumière qui brille dans les ténèbres. Déjà dans le judaïsme, au targum de l’Exode, l’on faisait mémoire de ces nuits inoubliables où les étapes du salut se sont réalisées. C’était une nuit comme lorsque le Seigneur se manifesta contre les égyptiens et sa droite protégeait les premiers-nés d’Israël pour accomplir ces paroles de l’Écriture : « Israël est mon premier-né ». Et voici qu’en cette nuit, la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes comme une lumière éclatante. L’unique premier né de toute éternité, Celui qui est avant tous les siècles se fait petit enfant.
Nous pouvons contempler comme cette lumière est unique et spéciale. Elle nous donne une connaissance nouvelle. La gloire de Dieu enveloppe les bergers c’est à dire les destinataires de la Parole que l’ange annonce : « Aujourd’hui, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur » mais le signe qui leur est donné reste dans la plus grande banalité, la plus grande obscurité. Ce signe, c’est cet enfant lui-même et l’abaissement de la crèche. La parole porteuse de lumière et de joie nous dit qu’il est Sauveur et Seigneur et de manière incomparable par rapport à cet empereur Auguste qui se croyant le maître veut recenser toute la terre. Lui aussi se prétend, à tort, sauveur et seigneur alors que son empire n’est qu’illusoire. Le chant des anges nous dit qu’il est le Christ, le Messie, l’Unique Premier-né accomplissant toutes les prophéties mais faisant toutes choses nouvelles. Dieu seul est Dieu et pourtant il vient nous rejoindre dans cet enfant. Il s’est donné pour nous. Tout ce qui brille et semble puissant n’est qu’une idole mais le Dieu tout puissant, celui qui aime les hommes est cet enfant sans défense qui apporte la paix. « Et les manteaux couverts de sang, les voilà tous brulés ».
La lumière qui nous éclaire, c’est cette naissance obscure qui donne sens à notre vie. Ne craignez pas dit l’ange aux bergers. Il annonce ainsi la fin de la peur qui paralysait l’homme devant Dieu et devant toute les autres. Ce n’est pas que tout semblera toujours aller bien comme dans les contes mais la paix et la fraternité sont revenues sur terre. En cette nuit, où nous pouvons tous nous sentir séparés les uns des autres par l’épidémie et la misère qu’elle est en train de créer partout alors que d’autres deviendront encore plus riches, laissons nous convertir par cet enfant. Laissons nous conduire par lui à la fraternité puisqu’en lui Dieu est devenu fraternel.
Et voici que, si nous faisons silence, nous entendons la voix des anges chantant la gloire de Dieu et proclamant la paix. Ils louent le Sauveur, Jésus, cet enfant, ce petit d’homme, le Verbe fait chair qui seul peut nous sauver. Ils sont remplis de gratitude, sans jalousie aucune, tous prêts au service. Demandons leur de nous apprendre à chanter comme eux.