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Fête de la présentation de Jésus au Temple, homélie de frère Marie

Aujourd’hui Marie et Joseph portent l’enfant Jésus au Temple, l’évangéliste Luc situe cette offrande dans le cadre des rites de la Loi de Moïse. L’obligation de la loi se manifeste à l’égard de Jésus, cette loi dont il va révéler le sens profond jusqu’à son accomplissement qu’est la manifestation plénière et universelle de l’amour de Dieu. L’évangéliste Luc a le souci d’inviter les communautés chrétiennes à visiter les racines de leur foi dans l’ensemble des Ecritures, dans la longue histoire d’Israël porteur des promesses divines, promesses à relire à la lumière du Christ. Son avènement, sa vie, sa mort et sa résurrection sont l’acte fondateur qui ouvre au salut universel. Cette universalité sera aussi motif de division, signe de contradiction lorsque les païens reçoivent en partage l’héritage des fils de Dieu. Défi de tout accueil.
Luc dans sa rédaction mêle deux rites, celui de la purification de la mère, quarante jours après la naissance, et le rite du rachat du premier-né en rappel de l’action par laquelle Dieu sauva Israël du joug de Pharaon la nuit de Pâques en frappant les premiers-nés d’Egypte : tout premier-né sera consacré au Seigneur ; rite accompli généralement par le père. Mais l’accent du récit est surtout mis sur la présentation au Seigneur. Si Marie et Joseph apportent pour le sacrifice prescrit l’offrande des gens de peu de moyens, deux tourterelles, ils apportent surtout l’Agneau, celui qui enlève le péché du monde. Jésus est le consacré, le Oint par excellence, la Consolation tant attendue. C’est ce que manifeste le vieux Siméon, dont le nom signifie ‘celui qui écoute’, qui entend la voix de l’Esprit Saint et qui sait entendre la voix des Ecritures, tout comme Anne la prophétesse qui se tient en permanence dans le Temple ‘devant la face de Dieu’ dans le jeûne et la prière.
Le Christ est avant tout offrande, il s’offre comme la lumière vivante qui éclaire tout homme, offrande qui nous emporte avec lui. Il est le premier-né d’une multitude de frères.
La lumière arrive sous une forme que l’on n’attend pas, sous la forme d’un enfant, d’une faiblesse. Comme pour le vieillard Siméon ou Anne, seul l’Esprit Saint peut nous ouvrir les yeux du cœur à la reconnaissance de cette lumière qui vient humblement à notre rencontre, au cœur de nos vies comme dans son Temple. Nous avons-là les modèles de l’accueil de Jésus jusque sous les aspects les plus humbles, les plus pauvres, les modèles de l’accueil de sa Parole et de son mystère.
L’humilité, la simplicité et cette pauvreté, ouvrent la porte à l’universalité du don de Dieu, personne ne peut se sentir rejeté, hors de portée. Siméon accueille des gens simples et leur seule gloire est l’Esprit qui les habite. Oui, c’est vraiment l’Esprit Saint qui nous fait avancer, avancer dans la fidélité et le clair-obscur de la foi, qui nous fait espérer et désirer le Christ. C’est l’Esprit Saint qui nous achemine à travers nos réalités de vie vers la pleine expression de nous-mêmes en tant qu’enfants de Dieu, frères et sœurs porteurs du Christ.
Cette fête est une fête d’offrande, Jésus est offrande. Cette fête éclaire le fond de la vie chrétienne, de notre vie baptismale, être porte-Christ, porte-lumière.
C’est aussi pourquoi l’Eglise dédie cette journée à la vie consacrée, à celles et ceux qui ont liés leur vie à la mission du Christ par des vœux, des promesses. Ces vœux ne sont pas un acquis, ils ne se vivent que par l’écoute de l’Esprit Saint, dans la conversion personnelle et communautaire pour sauvegarder la charité. Les vœux évangéliques nous interpellent sans cesse sur la façon de se rapporter au pouvoir, à l’argent, à la sexualité, ils ne sont pas que moyen de contradiction, ils sont aussi force de réflexion et de sagesse pour le bien du monde.
Cette contradiction évangélique interpelle en premier lieu, non les autres, mais les consacrés eux-mêmes, cette interpellation les rend pleinement solidaires de leurs frères et sœurs en humanité, et les fait marcher avec eux en fragiles lumières.