21ème dimanche-B, homélie de frère Bartomeu
Chers frères et sœurs, nous trouvons plusieurs fois dans les évangiles que les disciples, et même les apôtres, ne comprenaient pas ce que Jésus leur disait. Mais ce que nous venons d’entendre, à la fin de l’enseignement de Jésus dans la synagogue de Capharnaüm après la multiplication des pains de l’autre côté de la mer de Galilée, a l’air d’un grand échec de la mission de Jésus.
Voici que beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, déclarèrent : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? » Et à partir de ce moment, ils s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner. Au point que Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? »
Cela pourrait nous évoquer la situation que nous vivons de nos jours, où le nombre de ceux qui se disent chrétiens a tant diminué, où il y en a tant qui disent : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? », et ils s’en retournent et cessent de le suivre avec nous.
Et nous pouvons entendre comme adressée à nous-mêmes la parole de Jésus : « Voulez-vous partir, vous aussi ? »
C’est alors qu’intervient Pierre : « Seigneur, à qui irions-nous ? » Et il poursuit par une profession de foi : « Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. »
Cette profession de foi de Pierre dans l’évangile selon saint Jean nous rappelle celle que nous trouvons dans les trois autres évangiles. Lorsque Jésus leur demanda : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? », Simon-Pierre prit la parole et dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » Ce qui lui valut justement le nom de Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église » Matthieu 16,16-18. Cf. Marc 8,29 ; Luc 9,20).
Si ce Pierre à la foi, justement, de pierre pourrait nous sembler éloigné et difficile à suivre, souvenons-nous que ce Pierre qui dit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle », ce Pierre qui dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! », est aussi le Pierre qui, tout de suite, se fait rabrouer par Jésus : « Passe derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute : tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes » (Matthieu 16,23). Il est le Pierre qui, après d’être vanté : « Si tous viennent à tomber à cause de toi, moi, je ne tomberai jamais », s’entend prédire : « Amen, je te le dis : cette nuit même, avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois » (Matthieu 26,33-34).
Oui, c’est ce Pierre plein d’assurance sincère mais en même temps plein de faiblesse toute humaine, c’est bien ce Pierre qui pourra être notre référence lorsque nous l’entendons dire : « Seigneur, à qui irions-nous ? »
C’est le Pierre qui, après avoir renié trois fois Jésus, lui dira : « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime » (Jean 21,17). Comme lui, un moine vers la fin de sa vie avait dit : « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je voudrais t’aimer. »
Avec d’autres paroles, c’est ce que nous avons demandé avec l’oraison au commencement de cette liturgie : « Dieu qui peux mettre au cœur de tes fidèles un unique désir, || donne à ton peuple d’aimer ce que tu commandes || et d’attendre ce que tu promets ; || pour qu’au milieu des changements de ce monde, || nos cœurs s’établissent fermement là où se trouvent les vraies joies.