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Fête de l'Ascension, homélie du P. Abbé Vladimir

Chers Frères et Sœurs,

Nous venons d’entendre la lettre aux hébreux nous dire que tout ce que le Christ a vécu dans le monde depuis sa naissance jusqu’à son Ascension que nous célébrons aujourd’hui, a changé une fois pour toutes non seulement le cours de nos existences mais le devenir du Cosmos tout entier puisqu’il en est devenu l’Alpha et l’Omega. C’est là dans toute sa profondeur l’objet de notre foi. Cette vie une et unique du fils de Marie, né à Bethleem, venant de Nazareth dont, dit-on, il ne peut rien sortir de bon, cette vie située dans le temps et dans l’espace, dans une culture bien déterminée qui est celle du peuple juif, à l’époque sous domination romaine, tout ce qu’a fait et enseigné Jésus et que nous rapportent les Évangiles comme Luc le dit au commencement des Actes des Apôtres, cette vie obscure que la lettre aux Philippiens nous décrit comme un abaissement jusqu’à la condition d’esclave nous apporte le salut gratuitement. Et cela non seulement à nous mais jusqu’aux extrémités du monde, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. « C’est, une fois pour toutes, à la fin des temps, qu’il s’est manifesté pour détruire le péché » nous dit la lettre aux hébreux. L’année liturgique nous propose de revivre cela tous les ans pour en recevoir chaque année un fruit nouveau. Le Christ n’est plus présent parmi nous comme il l’était aux apôtres jusqu’à sa mort sur la Croix puis dans les rares manifestations qu’il donna à ses disciples jusqu’à ce qu’il fut enlevé à leurs yeux. Depuis l’Ascension, il est à la fois présent et absent, présent dans son absence, présent au plus intime de nos cœurs puisque pour reprendre le mot de saint Augustin, il est plus intime que notre intime, présent et nous invitant à le suivre puisqu’il s’est fait pour nous le chemin, la vérité et la vie.
Aujourd’hui, en célébrant l’Ascension, nous sommes invités à nous élever vers les réalités célestes, là ou le Verbe de Dieu a fait entrer notre nature avec sa faiblesse dans la Gloire du Père. Mais il ne faut pas faire de confusion, dans l’Évangile et donc pour les chrétiens, on ne s’élève qu’en s’abaissant. Et bien sûr, il y a deux manières de descendre. L’une nous conduit à l’intérieur de nous mêmes dans le silence et la paix pour rencontrer le Christ à l’écoute de sa parole. Le christianisme, c’est cela, ce n’est pas d’abord un code social, une manière d’organiser la société, c’est la personne du Christ que nous devons chercher et suivre. Tout le reste peut alors en découler en s’incarnant avec précaution dans différentes cultures. Mais si l’on a lu un tant soit peu l’Évangile, il est facile de comprendre qu’il nous faut aussi descendre à la rencontre de l’autre en luttant contre le désir de dominer. C’est ainsi que l’on construit la paix. Comme nous l’a rappelé le Pape François, cette année, au cœur de la Semaine Sainte: « La paix que Jésus nous donne à Pâques n’est pas la paix qui suit les stratégies du monde, qui croit l’obtenir à travers la force, avec les conquêtes et avec diverses formes d’imposition. En réalité, cette paix n’est qu’un intervalle entre les guerres : nous le savons bien. La paix du Seigneur suit la voie de la douceur et de la croix : c’est se charger des autres ».
Mais il y a aussi une deuxième chose que nous enseigne ce jour de fête. De Jérusalem, les apôtres sont envoyés à toutes les nations. Le sauveur, qui lors de sa vie terrestre semblait s’être limité à son peuple avec certes quelques incursions en Samarie et jusqu’à Tyr envoie ses apôtres jusqu’au extrémité du monde. On ne peut suivre le Christ et l’Évangile sans s’ouvrir au monde entier pour construire plus de paix et aujourd’hui de manière tout aussi urgente sans prendre soin de notre monde tout entier, ce cosmos si beau que nous avons tant abimé.

Que le Seigneur qui intercède pour nous et tous les hommes auprès du Père nous garde dans sa joie et sa paix.