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Jeudi Saint, homélie du P. Abbé Vladimir

Chers Frères et Sœurs,
« La nuit où il était livré, le Seigneur Jésus prit du pain, puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit : « Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi. »
Faîtes cela en mémoire de moi. À ces Paroles du Sauveur que saint Paul rapporte font écho celles que l’Évangile de Jean nous a fait entendre après le lavement des pieds. « Vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. »
Mémoire et exemple, Sacrement et exemple comme le disent nos pères cisterciens. Le Dieu caché sous le voile de la chair, celui qui s’est anéanti prenant la condition de serviteur se donne totalement dans le Sacrement de son amour pour nous donner la vie en plénitude afin que nous suivions son exemple. Pas de sacrement sans imitation et puisque le Christ nous a laissé un modèle afin que nous suivions ses traces, pas d’imitation sans l’accueil de la vie qu’il nous donne en plénitude. Le sang avait été le signe du passage du Dieu Tout Puissant en Égypte pour libérer son peuple. Aujourd’hui, en cette célébration, avec son sang, il nous donne aussi son amour pour nous libérer définitivement. Seul son amour qui nous pardonne et nous transforme peut nous reformer à son image et à sa ressemblance. « Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout ». En lavant les pieds de ses disciples, geste dont nous peinons à nous représenter combien il peut être choquant dans le contexte du judaïsme de cette époque, le Christ nous invite à devenir les siens c’est à dire à entrer dans la folie de l’amour et de la Croix qu’il veut partager avec nous. « Aimez vous comme je vous ai aimé » va t’il dire dans son discours d’adieu.
« Faîtes cela en mémoire de moi », par ces paroles le Christ nous charge de l’offrir, de le manger, de l’imiter écrit Baudouin de Ford, un des pères de Cîteaux. La vie chrétienne, toute vie chrétienne est à la fois offrande et imitation. La lettre aux corinthiens et l’Évangile de Jean sont comme deux fenêtres complémentaires ouvrant sur le même mystère de l’amour de Dieu pour l’homme à l’image de ce qui est représenté sur le tabernacle de notre église. Mais quel est cet exemple que nous sommes invités à suivre. Il est double puisqu’il est à la fois de nous laisser laver les pieds comme Pierre et les autres disciples, de nous abandonner au Christ qui nous sauve en toute confiance mais aussi de nous laver les pieds les uns les autres, de donner notre vie pour le salut et la guérison de nos frères. Et cela d’abord dans l’intention et dans l’élan du cœur plutôt que dans l’imitation des gestes car chacun nous devrons le faire à notre manière. Nous ne pouvons célébrer l’Eucharistie sans chercher à construire un amour fraternel qui ne pose pas de limite au don. Rendons grâce pour l’amour que le Sauveur nous donne aujourd’hui. Accueillons le pour être transformé par lui.