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Solennité de St Benoît, homélie du P. Abbé Vladimir

« Voici que nous avons tout quitté pour te suivre »
Chers Frères et Sœurs,
Cette phrase de Pierre n’exprime pas une condition. Celle-ci s’exprimerait très certainement d’une autre manière comme par exemple par la phrase: « Si nous quittons tout pour te suivre, alors . . . ». Il y aurait probablement également dans ce cas un changement de perspective par le passage au singulier puisque c’est souvent en pensant chacun uniquement à nous même que nous posons des conditions: « Si je quitte tout pour te suivre » aurait été alors la phrase de Pierre. Mais c’est parce que Pierre n’exprime, ni une condition, ni un repli sur lui-même, c’est parce que sa phrase même si elle parle d’une part se situe dans le registre de la gratuité que Jésus loin de lui faire des reproches va lui répondre de manière très solennelle dans une destnée à tous : « Amen, je vous le dis. Vous qui m’avez suivi ».
« Voici que nous avons tout quitté pour te suivre ». Par ce pluriel Pierre exprime comme une résolution commune aux conséquences permanentes, un engagement à la suite du Christ et c’est de cet engagement que nait la communauté. Cela nous donne comme une compréhension nouvelle de cette phrase d’Évangile alors que nous fêtons saint Benoît. Car c’est bien à un nous qui implique une vraie communion que saint Benoît s’adresse aussi lorsqu’il écrit sa petite règle pour les cénobites. « Avançons donc sous la conduite de l’Évangile », « courons par les bonnes actions », cheminant ensemble dans l’école du service du Seigneur, le Christ nous conduira tous ensemble à la vie éternelle. Ce que nous avons en commun, ce qui fonde la communauté, ce ne sont pas d’abord des qualités, des manières de voir et de penser mais une réponse, un engagement, une écoute commune de cette voix du Seigneur qui nous invite. Quoi de plus doux que cette voix nous dit saint Benoît. La communauté et la communion naissent de ce que nous avons décidé de mettre ensemble.
Ainsi ce nous dont parle la règle de saint Benoît, ce n’est pas d’un groupe où tout le monde serait semblable, uniforme et penserait de la même manière (ce qui serait une secte) mais d’une communauté fondée sur l’écoute et le pardon, une communion qui respecte chacun dans son individualité mais où chacun veut cheminer ensemble. En ce temps où l’église réfléchit sur la synodalité, Benoît nous dit qu’elle ne peut naître que d’un désir porté par l’amour d’avancer ensemble, de nous accueillir et de nous accepter. « Supportons avec une très grande patience les infirmités d’autrui, tant physiques que morales, obéissons nous à l’envi » nous dit la Règle faisant écho à la lettre aux Éphésiens : « ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix ». Sans cette volonté qui est un don de Dieu que nous pouvons accueillir, toutes les techniques de communication et de partage ne sont que des illusions. Sans la volonté de nous pardonner, nous ne pouvons pas grandir ensemble comme corps.
La synodalité n’est pas une question de technique mais de désir commun, de volonté de cheminer ensemble. Par l’intercession de saint Benoît, demandons pour nous et pour toute l’église que ce désir grandisse.