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Sacré Coeur de Jésus, homélie du P. Abbé Vladimir

Chers frères et Sœurs,

Alors que nous célébrons la fête du Sacré Cœur, c’est l’image du bon berger, du bon pasteur qui revient avec le plus de force dans les textes de la liturgie. L’amour du Dieu Père de tous les hommes que le cœur de Jésus nous révèle se donne à contempler dans la figure du bon berger qui revient si souvent dans les Écritures. Il nous faut pourtant dépasser une compréhension qui serait par trop littérale. Quel véritable berger abandonnerait 99 brebis pour en chercher une seule et même quel véritable berger donnerait sa vie pour son troupeau. Et pourtant, la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs.
Pour pénétrer dans le mystère de cet amour, il nous faut multiplier les images tout en sachant qu’elles ne sont que des images.
Il y a celle du bon berger qui nous vient des écritures et que les pères de l’église ont aimé commentée. Mais le bon pasteur portant la brebis sur ces épaules devient dans les catacombes une représentation de la crucifixion. Oui le bon berger est celui qui donne sa vie. Il y a la blessure du cœur de l’époux du Cantique des Cantiques lorsqu’il contemple son épouse que commentent avec abondance nos pères cisterciens qui lisent dans la bible latine : « Tu as blessé mon cœur, ma sœur, mon épouse, tu as blessé mon cœur par un seul de tes yeux ». Ce n’est pas que l’épouse soit belle écrit par exemple Baudouin de Ford, un cistercien anglais du douzième siècle, c’est le Seigneur qui l’a aimée pour la faire belle tandis qu’elle était laide. Son amour était tout entier dirigé vers ce but : rendre belle celle qu’il aimait tellement avant qu’elle ne fut belle ». Mais il y aussi la blessure du côté du Christ lorsqu’il est sur la Croix, blessure d’où sont sortis le sang et l’eau, blessure que nos pères cisterciens compareront au creux, aux fentes du rocher où nous pouvons trouver refuge. Oui le bon pasteur a le cœur blessé par le péché des hommes mais c’est de cette blessure que sort le salut et c’est ainsi que nous avons accès aux secrets du cœur de Dieu.
Alors que nous découvrons les trésors de la tendresse de Dieu dans ce cœur blessé, une des oraisons de cette fête nous parle d’une réparation juste et nécessaire.
Alors Frères et Sœurs, réparons mais dans la pleine connaissance que nous ne pouvons réparer que parce que nous avons été réparés et sauvés par les blessures du Christ.
Réparons mais avec humilité sans nous tromper sur ce qui doit être réparé car ce n’est que comme des pécheurs pardonnés que nous pouvons réparer.
Il y a tant de choses qui ont encore besoin d’être réparés dans notre monde, tant de violence, tant d’absence de partage. Tournons nous vers Celui qui est la source de toute guérison.
Au treizième siècle, dans la chapelle en ruines de saint Damien à Assise, le Christ demandait à saint François de reconstruire, de réparer son Église. Alors encore aujourd’hui, réparons le mal dans notre église, péché que le scandale des abus sexuels commis par certains de ses membres révèle de manière aigue, péché que dévoile le manque d’écoute voir de respect que les chrétiens manifestent les uns envers les autres en ces temps de réflexion sur la synodalité et l’avenir dans l’Église.
Réparons en écoutant, réparons en partageant, Réparons en portant avec joie le poids du jour et par dessus tout en cherchant la communion avec Celui qui est la source de tout amour et toute bénédiction