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Fête de Saint Etienne, premier martyre, homélie de frère Marie


Ac 6,8-10.7,54-60 ; Mt 10,17-22

Hier nous fêtions la naissance d’un enfant, le Verbe de Dieu en notre chair, aujourd’hui à travers St Etienne nous fêtons l’Eglise naissante qui témoigne de sa foi en Christ.
Un témoignage qui par sa condamnation à mort pour blasphème et par le pardon de ses persécuteurs le configure au Christ Jésus,
L’Evangile reste un signe de contradiction qui vient éveiller nos consciences de chrétiens au cœur d’un monde si préoccupé par la réussite, une course au pouvoir ou son propre ‘bien-être’, au détriment ou au mépris de la dignité fondamentale de toute vie et de tout être humain pour qui le Christ a versé son sang. Un signe de contradiction interne aussi au cœur même de sa propre religion contre tout ce qui enferme dans une intransigeance sectaire, un refus du différent.
Etienne rempli de l’Esprit Saint, avait son regard tourné vers le ciel, nous dit le récit des Actes des apôtres, et il contemplait les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout, vivant, à la droite de Dieu.
Ce regard dirigé vers le Haut, ne nous arrache pas aux réalités de la terre, au contraire il nous les fait aimer comme Dieu les aime, jusqu’à donner son Fils, son Unique.
Seul le regard de la foi peut nous faire contempler dans l’enfant de la crèche le Verbe de Dieu fait homme, comme seul le regard de la foi peut nous faire contempler dans le mystère pascal ce même Verbe de Dieu qui s’anéantit jusqu’à la mort sur une croix, pour briser les murs de séparations, briser la haine, car l’incarnation de Dieu dans la pauvreté fondamentale de l’humain, de sa totale dépendance, là est le scandale de la foi chrétienne.
Car Dieu n’a de cesse de nous rejoindre, de vouloir nous relier, non seulement à lui, mais aussi nous relier au mystère de toute femme, tout homme, dont Dieu en son Fils s’est fait solidaire. La vie du Christ nous fonde sur le Roc, elle nous construit en humanité et en enfants de Dieu, elle nous rend témoins de la vie offerte.
L’évangéliste Matthieu nous dit que lorsque nous témoignons de la foi, c’est l’Esprit Saint qui parle en nous, qui nous donne le langage de l’Esprit, le langage de Dieu.
L’Esprit est l’Esprit de vérité, il nous enseigne et nous fait intégrer la vie de Jésus. Cette vie du Christ s’intègre en nous par la charité, une charité active : une charité qui se fait don de nous-mêmes et travail d’enfantement de fraternité.
L’Esprit du Christ qui ne cesse de gémir en nous fait de nous des êtres d’alliance. Comme nous le rappelle l’apôtre Paul, l’amour de Dieu est folie aux yeux des pouvoirs de ce monde, car il est accueil, don et pardon et non quête de maîtrise et de pouvoir sur les autres. Jésus insiste sur le verbe livrer (Mt 10, 17-22) : on vous livrera, ils vous livreront, le frère livrera son frère. Oui, livré au monde comme Jésus lui-même est livré, mais à travers cette radicale pauvreté du don de soi, c’est toute la puissance de Dieu, de son amour, de sa vie et de sa vérité, qui se manifeste. N’éteignions pas l’Esprit. N’ayons pas peur d’être signes de contradiction au cœur de ce monde car cette contradiction parle du sens profond et de la beauté de la vie. Comprendre et intégrer la vie de Jésus c’est aussi ouvrir un dialogue constant avec le monde, au-delà des clivages identitaires, idéologiques ou religieux. En bien des contextes nous savons que c’est un dialogue difficile, voire risqué.

St Etienne que nous fêtons en ce jour a laissé naître le Christ en lui, il est devenu temple de l’Esprit du Christ, il est devenu expression de son amour pour l’humanité, cette humanité que nous sommes et qui a sans cesse besoin de lumière, de discernement, de compassion et de miséricorde.