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Vendredi Saint, homélie du P. Abbé Vladimir

Chers Frères et Sœurs,

Nous voici rassemblés pour la célébration de la Passion. Nous pouvons célébrer la Passion car, par la foi, nous proclamons dans cette célébration que la Croix de Jésus, que la mort du Sauveur est une victoire. C’est ce que déjà Isaïe avait prophétisé et que nous venons d’entendre : « Mon serviteur réussira, dit le Seigneur ; il montera, il s’élèvera, il sera exalté ! La multitude avait été consternée en le voyant, car il était si défiguré qu’il ne ressemblait plus à un homme ; il n’avait plus l’apparence d’un fils d’homme ». L’instrument de torture utilisé de manière privilégiée pour les esclaves est devenu le signe du salut. C’est du haut de la Croix que le Sauveur remit l’Esprit. Il y a la croix bien rigide et bien dure faite de nos refus, de nos violences et de nos égoïsmes, celle de notre incapacité à aimer et c’est du haut de cette croix que le Christ envoie sur le monde l’Esprit qui est amour et vie. « Bien qu’il soit le Fils, Jésus apprit par ses souffrances l’obéissance et, conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel ».
Cette croix, nous allons l’acclamer reprenant le cri des séraphins devant le trône de Dieu : « Saint, Saint, Saint ». C’est à cause de nos péchés qu’il a été cloué sur elle mais c’est par son amour qu’il y est demeuré et c’est blessé au cœur que nous nous écrions : « Dieu Saint, saint Fort, Saint Immortel aie pitié de nous » comme nous pourrions aussi criez avec les mots du larron: « Seigneur, souviens toi de moi ». Il y a dans la croix, dans la passion, une confrontation où l’homme est sommé de choisir entre l’acceptation du salut et la poursuite de son propre péché. Mais nous ne sommes pas seuls, car du haut de la croix Jésus nous tend les bras ; levons les yeux vers celui que nous avons transpercé.
Il y a de multiples manières de regarder la Croix, elle qu’un auteur anonyme du quatrième siècle va jusqu’à décrire comme assurant la stabilité de l’univers. Elle convertit la violence et la haine en amour, elle est cette folie qui seule peut changer le monde. Avançons-nous donc avec pleine assurance vers le Dieu tout-puissant qui fait grâce, lui dont la force se déploie dans la faiblesse, la gloire dans l’humiliation et l’anéantissement et demandons lui de convertir nos cœurs.
Comme l’écrit saint Bernard lui qu’un de ses moines vit comme serré dans les bras du Christ lui-même qui se serait détaché de la croix qu’il vénérait : « Toute notre méditation se résume dans le Christ, et le Christ crucifié. . . Ouvrons lui pour ainsi dire les bras d’un amour qui réponde au sien et suivons le par l’empressement humble et attentif de notre manière de vivre ».
Oui, ouvrons les bras pour laisser tomber tout le reste car il n’y a de vraie richesse que la croix. Ouvrons les bras pour accueillir les hommes avec toutes leurs douleurs et leurs misères car dans le Christ, il n’y a plus de séparation, plus d’étranger et il n’est rien de ce qui peut toucher les hommes qui ne nous concerne. Ouvrons les bras pour nous écrier : Heureux les affligés, heureux les doux, heureux les miséricordieux.