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4ème dimanche de l'Avent-C, homélie de frère Marie

 

A la veille de Noël, l’évangile de ce jour nous présente deux femmes, Marie et Elisabeth, deux femmes qui portent la vie.
Elisabeth âgée et stérile porte en elle le fruit de la miséricorde divine, fruit qui ouvre au cœur d’un monde éprouvé une lueur d’espérance, le signe de la fidélité et de la bienveillance de Dieu.
Marie jeune et vierge porte en elle le fruit de la grâce, signe d’un monde nouveau. Marie porte en son sein le prince de la Paix, porte en elle cette bonne-nouvelle annoncée aux pauvres, à ceux qui ne savent plus ni d’où ni comment surgira le Dieu qui sauve, mais qui gardent foi et espérance. Ces pauvres de cœur qui sont ceux qui n’adhèrent pas aux injustices et aux violences de ce monde, qui en souffrent et aspirent à la justice et à la paix.
A la salutation de Marie, salutation de paix, Jean le Baptiste, la voix des prophètes, dans le silence tressaille de joie dans le sein d’Elisabeth. A travers le sein de Marie c’est la bénédiction que transmet le Verbe de Dieu, tout l’Evangile se forme en elle, se fait corps dans le secret. La lettre aux Hébreux met ce psaume dans la bouche de Jésus : « tu m’as fait un corps, alors j’ai dit voici je viens, pour faire ô Dieu ta volonté. »
Oui, la rencontre de ces deux femmes porteuses de vie, fait émerger un dialogue caché. Fait émerger ce mystère de Dieu, son dessein merveilleux caché depuis les siècles qui se fait jour à travers des tout-petits.
A travers Jean le Baptiste Dieu valide les prophéties, à travers Jésus Dieu confirme sa volonté de sauver tous les hommes. Le corps du Christ est destiné à l’offrande, l’offrande qui nous sanctifie et qui nous sauve. Marie qui a reçu gratuitement, se laisse elle-même portée par cette offrande, elle y unit sa volonté et nous-mêmes dans cette offrande nous sommes sanctifiés, nous sommes appelés à y unir notre volonté.
Oui, tout l’Evangile est en elle sur le point d’être enfanté, et en nous aussi par la puissance de l’Esprit Saint tout l’Evangile est en nous. En Marie il se fait corps, en nous il nous fait membres de son corps.
Sommes-nous vraiment porteurs de cet Evangile de Paix ? Avons-nous soif de la justice ? Allons-nous avec empressement, comme Marie, à la rencontre du proche et du lointain, du nécessiteux ou de l’immigré, ou de notre voisin de palier, pour porter une bénédiction, une simple présence, une aide ? Savons-nous aussi comme Elisabeth accueillir une salutation de paix, une réconciliation, savons-nous reconnaître avec joie la bénédiction que l’autre peut nous offrir ? Sommes-nous désireux les uns pour les autres de cette bénédiction et de cette paix ?
Comme le dit St Paul la création toute entière est en attente de la révélation des fils de Dieu, la création entière gémit dans les douleurs de l’enfantement et nous aussi qui possédons les prémices de l’Esprit nous gémissons intérieurement. Le mystère de Noël et de Pâques sont liés. La croix se profile au cœur même de l’amour et de la joie, non comme une défaite mais comme une victoire, celle d’un enfantement nouveau pour notre monde fatigué.
Tant de violences dans le monde, d’injustice, d’indifférence, le constat même de nos limites physiques, morales, spirituelles, le constat de toutes nos impuissances pourraient avoir raison de cet Evangile de la Paix, mais c’est justement aux pauvres que nous sommes qu’il est annoncé, offert, livré.
C’est dans cette réalité que non seulement nous recevons et annonçons l’Evangile de la Paix mais aussi et surtout que nous avons à le vivre et l’espérer. Laissons-nous aujourd’hui rejoindre et envahir par la joie et la bénédiction de ces deux femmes Marie et Elisabeth qui portent en elles l’annonce et les prémices de notre vie.