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3ème dimanche Carême – C, homélie de frère Marie

Ex 3, 1-15 ; Ps 102 ; 1Co 10, 1-6.6-12 ; Lc 13, 1-9

Chers frères et sœurs,
Jésus nous invite en ce dimanche à nous tourner vers Dieu, à nous tourner vers Dieu pour mieux le connaître, mieux le découvrir. Le retournement de nos cœurs, le changement d’orientation de notre mentalité, de nos pensées et de nos actes provient beaucoup des images et de la compréhension que nous avons de Dieu.
La première découverte dans laquelle nous entraîne les lectures de ce jour, est celle d’un Dieu définitivement aimant. A travers ce qu’on appellerait aujourd’hui des faits divers, Jésus nous enseigne indirectement dans notre passage d’évangile que dans les malheurs qui peuvent nous atteindre Dieu n’en est pas l’instigateur volontaire. Comme si Dieu se plaisait à pointer notre culpabilité en provoquant des accidents ou des guerres ; nous n’avons pas besoin de lui pour cela. Nous avons bien-sûr en tête bien des passages de l’Ancien Testament qui laisseraient penser qu’il en est ainsi. Et pourtant l’Ecriture elle-même évolue en présentant d’autres compréhensions de Dieu et surtout de son amour pour nous et sa création. L’Ecriture est claire : Ne courez pas après la mort en dévoyant votre vie, nous dit la Sagesse, n’attirez pas la catastrophe par les œuvres de vos mains. Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants. Il les a tous créés pour qu’ils subsistent. Et Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive.
Une tour, ou des bâtiments qui s’écroulent, à cause de l’incurie des services civils n’est pas un châtiment de Dieu. Des personnes réprimées dans le sang à cause d’un pouvoir totalitaire n’est pas un châtiment de Dieu ; Jésus semble nous dire même qu’il s’agit là d’une mort absurde, car dans le fond on ne trouve pas de sens à tout cela, ce n’est que malheur et traumatismes. Est-ce qu’ils sont morts parce qu’ils seraient plus pécheurs que vous et moi, non, nous dit Jésus, mais tournez-vous vers celui qui vous aime et qui peut vraiment vous faire découvrir le sens et la beauté de votre vocation humaine. Dieu nous a appelé à la vie, il nous appelle à partager sa vie.
A travers le psaume 102, l’Esprit Saint nous invite à nous laisser rejoindre par un autre regard de Dieu : Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour ; Comme le ciel domine la terre, fort est son amour pour qui le craint. Cette tendresse de Dieu a fort besoin d’imprégner nos cœurs, de les habiter et de les transformer. Nous savons que pour que cette conversion puisse s’effectuer, il y faut du temps. Du temps à l’image de ce figuier qui tarde à donner du fruit, qui semble stérile et cependant qui ne tient son espérance qu’à la longue patience de Dieu, autre qualité de son amour, le temps de bêcher autour. Notre cœur aussi a besoin d’être bêché et fumé, enrichit par l’engrais de la Parole, enrichi par l’engrais de la miséricorde ; Parole ruminée, aimée, un cœur éduqué par la Sagesse et l’Esprit Saint.
Comme Moïse devant la découverte du buisson ardent nous devons faire un écart et nous laisser interpeller, attirer. C’est seulement parce que Moïse est capable de faire un écart, de se détourner du chemin tracé, de ses habitudes ou de ces certitudes, qu’il est apte à entendre la parole de la Révélation. C’est parce que le Seigneur voit que Moïse a fait un écart pour voir, qu’il se rend disponible et curieux en s’approchant, qu’il l’appelle par son nom, et qu’il pourra aussi l’introduire au mystère de son nom ineffable. L’introduire dans une relation vivante, aimante. Le feu mystérieux qui brûle dans le buisson ardent que découvre Moïse dans le désert, n’est autre que le Nom de Dieu qui se communique et rend sainte la terre qu’il habite. Un feu qui ne brûle pas, un feu qui parle, qui parle d’un Dieu qui veut se faire connaître à l’homme et venir à son secours.
Ce feu même de Dieu, nous envoie en mission les uns vers les autres pour porter son Nom et porter à l’avenir du fruit, fruit de tendresse et pitié, des fruits de miséricorde, des fruits lents à la colère et plein d’amour. Toute l’œuvre de la justice aimante de Dieu envers ses créatures.