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2e dimanche de Pâques, homélie de frère Bartomeu

 

Chers frères et sœurs, voici que, comme les disciples, « huit jours plus tard » nous nous trouvons « de nouveau dans la maison ». Et ce « huit jour plus tard » est très important.
Nous avons entendu d’abord que « le premier jour de la semaine – c’était le jour de Pâques –, le soir venu, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus était venu au milieu d’eux. » Et voici que, « huit jours plus tard – c’est aujourd’hui –, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. » Et le premier jour de la semaine devient le huitième jour.
Or ce huitième jour recevra très tôt le nom de « jour du Seigneur ». Nous le trouvons déjà dans le livre de l’Apocalypse, où le voyant écrit : « Je fus saisi en esprit, le jour du Seigneur » (Ap 1,10). Ce nom, traduit en latin par dies dominica, deviendra le nom de ce jour dans les langues latines : domenica, dimanche, diumenge, domingo…, alors que d’autres langues garderont son nom païen : jour du soleil.
Le mot grec que nous traduisons par « du Seigneur », est en fait un adjectif, un adjectif propre au grec chrétien, que nous retrouvons dans la première lettre de saint Paul aux Corinthiens, pour désigner le « repas du Seigneur » (1 Co 11,20). Et c’est le « jour du Seigneur » que nous célébrons le « repas du Seigneur ».
Et nous pouvons dire qu’aujourd’hui, « huit jours plus tard », nous fêtons ce qui a été le premier dimanche, ce jour qui est devenu le jour des chrétiens.
Déjà un des tout premiers écrits après le Nouveau Testament, la Doctrine des Apôtres (14,1), prescrivait : « Le jour dominical du Seigneur – expression pléonastique ! – rassemblez-vous pour rompre le pain et rendre grâces. » Et saint Ignace, l’évêque d’Antioche, martyr au tout début du deuxième siècle, définissait les chrétiens comme ceux qui « vivent selon le jour du Seigneur… afin d’être trouvés disciples de Jésus Christ, notre seul maître » (Lettre aux Magnésiens IX,1).
Nous chrétiens nous devons donc « vivre selon le jour du Seigneur ». Comme ces martyrs d’Abithina, qui en 304, accusés de s’être réunis malgré l’interdiction de l’empereur, répondirent : « Nous ne pouvons pas vivre sans le “du Seigneur” », qui désignait aussi bien le “jour du Seigneur” que le “repas du Seigneur”.
Nous non plus nous ne pouvons pas vivre autrement que selon le jour du Seigneur, selon le dimanche. Saint Jérôme, dans un texte qui a été repris par le Catéchisme de l’Église Catholique, disait : « Le jour du Seigneur, le jour de la résurrection, le jour des chrétiens, est notre jour. C’est pour cela qu’il est appelé jour du Seigneur : car c’est ce jour-là que le Seigneur est monté victorieux auprès du Père » (Catéchisme de l’Église Catholique 1166).
Ce que doit être le dimanche pour nous les moines nous le dit la Règle des quatre Pères (3,6-7) des premiers temps de notre monastère de Lérins, au début du cinquième siècle, lorsqu’elle prescrit : « Le dimanche on ne s’occupera que de Dieu. Ce jour-là, qu’on n’entende parler d’aucun travail, mais que la journée entière se passe à des hymnes, psaumes et cantiques spirituels. »
Chers frères et sœurs : Bon jour du Seigneur, jour des chrétiens.