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Nuit de Noël, homélie du P. Abbé Vladimir

Chers Frères et Sœurs,

Voici le signe qui nous est donné, un nouveau né emmailloté et couché dans une mangeoire. Il y a exactement 800 ans, dans la nuit de Noël 1223, François d’Assise fit cette chose étonnante que de reconstituer la crèche dans une grotte à Greccio. Thomas de Celano, son premier biographe nous raconte qu’il voulait faire mémoire de cet enfant, né à Bethléem et voir sa pauvreté, comment il était couché dans une crèche, à côté d’un bœuf et d’un âne et posé sur le foin. Mais les choses ne sont pas passées comme nous pourrions nous l’imaginer lorsque nous regardons une crèche aujourd’hui. Dans cette grotte avec la mangeoire, le bœuf, l’âne et le foin, il n’y a personne pour représenter Marie, Joseph et l’enfant nouveau né. Ce n’est pas une crèche vivante comme certains en font aujourd’hui. Il y a juste François et ses compagnons, les habitants de Greccio dont le Seigneur du lieu et la Parole car on célèbre la messe et François qui est diacre lit l’Évangile. « La Parole de Dieu vivante et efficace repose dans une mangeoire » comme l’a écrit un cistercien du XII siècle, Guerric d’Igny. Et cet enfant qui est le Verbe fait chair nait en nous si nous l’accueillons dans l’humilité et la pauvreté et il nous fait renaître par sa naissance. Dans l’Évangile le Sauveur affirme lui–même : « Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? Puis, étendant la main vers ses disciples, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Car celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. » Voici qu’en cette nuit, nous sommes tous autour de la mangeoire à écouter la voix des anges. « Un enfant nous est né, un fils nous a été donné ». Nous sommes tous invités à être de la famille de cet enfant qui est Dieu. Dieu s’est fait pauvre pour nous enrichir, il s’est fait faible et sans défense. « Il renverse les puissants de leur trône, il élève les humbles ». Thomas de Celano nous dit encore que l’un des assistants vit dans la crèche un petit enfant dont le saint s’approchait comme pour l’éveiller de la torpeur du sommeil. L’enfant Jésus, dans le cœur de beaucoup a été laissé à l’oubli explique t’il.

En cette nuit, veillons le et prenons soin de lui. « La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes ». Mais dehors et jusque dans nos cœurs, il y a la guerre. Prenons soin de lui en devenant des instruments de paix. « Il n’y avait pas de place pour lui dans la salle commune ». Veillons le en prenant soin des pauvres et des étrangers, en leur faisant au moins une place dans notre cœur. Il serait curieux d’être devant cette crèche en mettant en avant le contraire de ce qu’elle signifie. « J’étais pauvre, étranger ou malade », j’étais un enfant et vous m’avez accueilli.
En la nuit de Noël 1886 une jeune fille normande, Thérèse Martin, dit avoir été transformée par cette grâce dont parle la lettre à Tite. « En cette nuit, où Jésus se fit faible et souffrant pour mon amour, Il me rendit forte et courageuse » écrit dans le journal d’une âme celle que nous connaissons sous le nom de Thérèse de l’Enfant Jésus.
En cette nuit de Noël, formant tous ensemble une crèche, demandons au Verbe qui s’est fait Petit Enfant de nous délivrer de toute peur. Demandons lui la grâce de nous accueillir les uns les autres en honorant tous les hommes comme le demande la règle de saint Benoît puisque le Verbe, Celui qui est dans la gloire de toute éternité, s’est livré aux mains des hommes en devenant l’un de nous. Et cela, hormis le péché qui justement nous entraine toujours dans la peur.