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La Transfiguration du Seigneur, homélie de frère Bartomeu

Matthieu 17,1-9

 

« Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmena à l’écart, sur une haute montagne. » « Une haute montagne », les évangiles ne précisent pas laquelle. Mais très tôt, déjà – à ce qu’il semble – depuis le IIIe siècle, on a identifié cette montagne avec le mont Tabor, qui se dresse au cœur de la Galilée. Et la fête d’aujourd’hui pourrait avoir son origine en la consécration de la basilique sur le mont Tabor.
Dans l’Ancien Testament, est appelé « montagne de Dieu » le mont Sinaï, où d’abord Moïse a vu la gloire du Seigneur (Exode 24,16-17), et où, plus tard, Élie a entendu « le murmure d’une brise légère » (1 Rois 19,12). Et voici que, lorsque Jésus est transfiguré, ce sont Moïse et Élie, la Loi et les Prophètes, qui apparaissent et qui s’entretiennent avec Lui. Et l’évangéliste Luc précise : « Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusa-lem » (Luc 9,31). C’est que la transfiguration de Jésus anticipe sa résurrection, comme il devient clair lorsque Jésus dit aux trois apôtres : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. » L’évangéliste Luc confirme que « les disciples gardèrent le silence et, en ces jours-là, ils ne rapportèrent à personne rien de ce qu’ils avaient vu » (Luc 9,36). Marc pourtant ajoute : « tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : ressusciter d’entre les morts » (Marc 9,10).
Ce n’est qu’après la résurrection de Jésus que les apôtres comprendront le sens de sa transfiguration de laquelle ils avaient été témoins. Et nous avons entendu tout à l’heure saint Pierre le rappeler, dans la lecture de sa lettre : « Notre Seigneur Jésus Christ a reçu de Dieu le Père l’honneur et la gloire quand, depuis la Gloire magnifique, lui parvint une voix qui disait : Celui-ci est mon Fils, mon bien-aimé ; en lui j’ai toute ma joie. Cette voix venant du ciel, nous l’avons nous-mêmes entendue quand nous étions avec lui sur la montagne sainte » (2 Pierre 1,16-19).
Quant à nous, la liturgie nous aide à comprendre la transfiguration lorsque nous en-tendons cet évangile chaque année le deuxième dimanche du carême, alors que nous avons entamé notre marche vers la Pâque.
En cette célébration d’aujourd’hui, au cœur de l’été, avec son caractère particulière-ment festif, nous pourrions retenir surtout que lorsque les apôtres – qui saisis d’une grande crainte étaient tombés face contre terre – levèrent les yeux, « ils ne virent plus personne, sinon lui, Jésus, seul. » Ce que soulignent pareillement Marc et Luc : « Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux », dit Marc (Marc 9,8). Et Luc : « Et pendant que la voix se faisait entendre, il n’y avait plus que Jésus, seul » (Luc 9,36). Que pour nous aussi, il n’y ait plus que Jésus, seul !
Lorsqu’il avait été baptisé par Jean, au Jourdain, nous avions entendu déjà une voix qui, des cieux, disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie » (Mat-thieu 3,16-17). Aujourd’hui, lorsqu’une nuée lumineuse couvrait les trois apôtres de son ombre, la voix qui disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie », a ajouté : « écoutez-le ! » Il ne nous est pas donné de voir avec nos yeux, comme les trois apôtres, Jésus transfiguré, mais l’invitation à l’écouter nous est adressée comme à eux. Que le Christ ait donc toujours la première place dans notre vie, lui seul. Que nous soyons ceux qui « ne préfèrent absolument rien au Christ » (Règle de saint Benoît 72,11), « ceux qui n’ont rien de plus cher que le Christ » (Règle de saint Benoît 5,2).