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23ème dimanche A, homélie de frère Marie

Chers frères et sœurs
Comme nous y invite le psaume 94, nous avons écouté la parole du Seigneur, nous avons tendu l’oreille de notre cœur. C’est dans notre aujourd’hui que l’Eglise sort de son trésor une parole de vie, une parole destinée à nous rendre plus éveillés à la présence du Christ parmi nous, parole vivante et éternelle, parole pénétrante et efficace, une parole destinée à nous rendre participants de sa sainteté.
La parole de ce jour nous invite comme le prophète Ezéchiel, à être des guetteurs, des veilleurs, et principalement sur deux points importants de notre vie de chrétiens, à savoir : la concorde et la charité. Ces deux pôles ne peuvent exister sans l’autre.
La finale du passage évangélique de ce jour nous introduit à la concorde par cette parole : « Si deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux ».
Le principal témoignage auquel sont appelés les disciples du Christ est d’œuvrer à leur unité.
Œuvrer à l’unité ce n’est pas faire ‘un’ numériquement, mais c’est vivre en communion, en accord autour d’une source commune. Cette source est la vie du Christ lui-même qui nous rassemble en un corps unique dont les membres ne peuvent s’articuler que par des liens de charité. Qui dit liens de charité, dit aussi miséricorde et vérité, car ce corps mystique que nous formons passe aussi par les douleurs de l’enfantement, il est en Christ, mais il n’est pas encore entièrement réalisé en nous, ni entre nous.
Le témoignage du vivre ensemble auquel le Christ nous appelle est un chemin constant de conversion, personnelle et communautaire, encore plus c’est un chemin d’amitié et de sainteté, un chemin de réconciliation qui nous rassemble. La communauté chrétienne se doit de symboliser la possibilité pour les hommes de vivre ensemble dans la paix et la communion fraternelle. Pour être vrai, tout langage parlé doit un langage vécu.
Or la première conscience que l’Eglise porte d’elle-même, est qu’elle le fruit d’un amour démesuré. L’Eglise est la première réconciliée, le Christ au soir de la Cène donne la coupe à ses disciples en disant : « Buvez-en tous, ceci est le sang de l’Alliance, versé pour la multitude, pour le pardon des péchés ». Sur le fondement de cet amour, de ce pardon, l’Eglise vit chaque jour en elle le combat du péché et de la grâce, l’Eglise qui a pour mission d’appeler les hommes à la conversion ne peut le faire qu’à partir de sa propre conversion, l’humble témoignage d’une conversion à sans cesse actualiser et poursuivre.
« L’accomplissement parfait de la Loi, c’est l’amour. », nous rappelle St Paul.
Cet amour ne vise pas seulement notre comportement envers notre prochain, il vise aussi le souci de son bien, de son bien spirituel, moral et humain. Nous-mêmes et le prochain nous sommes insérés dans un même corps de grâce qu’est l’Eglise, dans un même corps de solidarité qu’est l’humanité, ce corps qui a pour vocation de vivre en communion. Dès lors il est de l’ordre de la charité d’œuvrer à tout ce qui peut favoriser cette communion dans tous les secteurs de la vie humaine, et de s’engager pour porter un témoignage clair contre tout ce qui est nocif à la dignité humaine, à sa vie et à son devenir tel que l’Eglise le perçoit à la lumière du Christ. L’Eglise a reçu la mission et le pouvoir de réconcilier, et la mission de porter témoignage au monde d’une parole de vie, au risque de la contradiction.
Mais nous devons toujours avoir en mémoire l’avertissement du Christ de ne pas se porter en juge de l’autre ou de ne pas vouloir enlever la paille de l’œil de son frère alors que nous sommes encombrés d’une poutre dans le nôtre. Quelles que soient les adaptations pratiques et sages pour le faire, la charité nous donne le souci de gagner notre frère, c’est-à dire de préserver et faire grandir la communion fraternelle pour le bien de tous et plus largement pour le bien de l’humanité. C’est bien à l’amour vrai que nous manifesterons les uns envers les autres que nous rendrons le meilleur témoignage.