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Fête de l'Epiphanie, homéile du P. Abbé Vladimir

Chers Frères et Sœurs,

Voici qu’en ce jour, nous célébrons la manifestation du Sauveur, petit enfant né à Bethléem, aux mages venus d’Orient. Il y a dans le passage de l’Évangile de Mathieu que nous venons d’entendre un tel art du récit pour nous conter à la fois qui est cet enfant, le roi des juifs qui vient de naître et toute la Bonne Nouvelle du Salut que l’on comprend combien ce récit a suscité l’imaginaire de l’humanité à travers les siècles.
Avec les mages venus d’Orient, c’est le rassemblement des nations par le Christ qui est déjà manifesté comme l’avait annoncé le prophète Isaïe : « Les nations marcheront vers ta lumière et les rois vers la clarté de ton aurore ». Ces rois que nous avons chantés dans le psaume apportant leurs présents.
Oui « toutes les nations sont associées au même héritage dans le Christ Jésus ».
Mais cette manifestation se fait au cœur de la faiblesse et de la pauvreté, dans l’auberge des pauvres comme le dit le cistercien Guerric d’Igny. Si Mathieu a le souci de nous montrer que cet enfant accomplit la loi, les prophètes et les psaumes, il veut tout autant nous annoncer que par sa naissance nous est déjà manifestée ce que va être la vie du Christ Jésus jusqu’à sa mort et sa résurrection. Christ et Roi des juifs, ce seront les mots utilisé par ses accusateurs durant la passion et ce sont les grands prêtres que nous voyons Hérode convoquer avec les scribes qui seront les agents principaux de cette condamnation. Même les présents offerts par les mages, s’ils accomplissent ce qui est annoncé par les Écritures, ont été aussi interprétés, du moins la myrrhe comme une annonce de la passion.

Chers Frères et Sœurs,
C’est en lisant ce texte dans toute sa profondeur qu’il peut être pour nous un chemin de foi où la foi des mages suivant l’étoile peut nous servir de guide. Pour nous aussi dans la nuit brillent des étoiles pour éclairer notre foi et notre chemin même si nous pouvons dire à juste titre qu’elles ne sont qu’une car elles n’aspirent qu’à avoir un cœur et une âme. Et ces étoiles sont les bons exemples de nos frères et de nos sœurs si nous voulons et sachons les voir par le bon zèle dont parle saint Benoît dans sa règle. Pour nous aussi les écritures sont expliquées pour nous conduire à Bethléem, la maison du pain où nous pouvons être rassasiée d’une nourriture qui n’est pas éphémère. Mais cela ne peut se faire que si nous acceptons que le mystère de cet enfant, ce mystère de la gloire et de l’amour de Dieu ne nous parvient que sous le voile de la faiblesse et de la pauvreté. Tant que nous cheminons, comme le disent les pères, nous ne pouvons séparer le mystère voilé et le voile du mystère. Bien au contraire, nous devons nous réjouir de cette faiblesse et de cette pauvreté qui sont aussi les nôtres afin de demeurer en sécurité dans l’auberge des pauvres où nous pouvons adorer tout à la fois l’enfant Dieu, le Fils Bien Aimé baptisé dans les eaux du Jourdain, l’Époux changeant l’eau en vin pour les noces, Celui qui nous tend les bras du haut de la Croix comme pour nous serrer contre lui. Oui, c’est bien un et le même pris dans nos bras enfant qui vient de naître et rassemblant tout l’humanité en donnant sa vie pour elle. Il n’est pas d’autre demeure pour vivre cela que cette auberge des pauvres parfois si inconfortable et dont les habitants si variés et si surprenants nous dérangent parfois beaucoup. Et pourtant c’est bien elle à la fin lorsque paraitra dans toute sa splendeur l’étoile du matin que nous verrons se changer en la Jérusalem nouvelle descendant du ciel, telle une épouse parée pour son époux.
Que l’enfant Dieu nous y rassemble avec tous nos frères les hommes, en pauvres que nous sommes