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14 septembre, fête de l'exaltation de la Croix, homélie du P. Abbé Vladimir Gaudrat

Chers Frères et Sœurs,

« Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils ». C’est dans la lumière de cet amour qui dépasse toute connaissance que nous contemplons la Croix du Sauveur qui en est le signe. Les Pères de l’Église avaient si bien compris la nouveauté absolue, la révolution apportée par la bonne nouvelle de la Croix qu’ils ont essayé d’en voir partout des préfigurations puisque déjà l’Évangile nous dit que l’élévation du serpent d’airain au désert en est une. Chaque morceau de bois dont parlent les Écritures comme par exemple le morceau de bois jeté par Élisée dans l’eau pour récupérer un fer de hache devient pour eux une préfiguration de la Croix sur laquelle le Christ a racheté toute l’humanité, l’a relevée de la dégradation du péché. Et comme ce salut s’étend au monde entier, ils ont aimé aussi en voir des préfigurations dans la culture du monde antique. Ulysse attaché au mat d’un bateau pour échapper aux sirènes devient pour eux préfiguration du Sauveur suspendu à la Croix pour nous délivrer du mal. Et de fait, comme le dit un auteur anonyme du troisième siècle, la Croix est imprimé dans toute la création. Elle est notre clef d’interprétation pour nous comprendre et comprendre le monde. Notre vie ne peut s’interpréter complètement qu’à la lumière de ce mystère de mort et de résurrection dont elle est le signe.

La Croix est cette clef parce qu’elle est un signe d’amour, cet amour qui est plus fort que la mort. Et c’est ainsi que nos premiers pères cisterciens nous montrent comme on le voit environné de lumières au fond de cet Église le Christ souriant sur la Croix dans la joie du salut apporté. Mais cet amour qui nous dépasse, nous ne pouvons le recevoir que dans la foi. Comme le dit le livre de la Sagesse contemplant l’épisode du serpent au désert que nous avons entendu comme première lecture : « Quiconque se retournait vers le serpent était sauvé non par l’objet regardé, mais par toi le Sauveur du monde ». Contemplant la Croix, c’est par la foi en l’amour sauveur manifesté en Jésus Christ que nous recevons le salut. Il y a en nous et hors de nous tant de voix qui cherchent à nous dire que ce n’est pas possible que l’homme ne peut être sauvé que par lui-même ou bien qu’il n’a pas besoin d’être sauvé, que l’acceptation de notre misère pour que le salut s’y déploie ne respecte pas notre dignité. Il y a tant de voix pleine de soupçons alors que c’est la confiance qui nous est à la fois demandée et donnée.

Contemplons avec foi celui qui est élevé de terre, celui devant qui tout genou fléchit. Contemplons notre Roi. Il n’est pas celui qui soumet les autres par la force pour en faire des esclaves mais celui qui sert et donne sa vie pour tous afin de faire de nous des frères. Alors nous verrons que la Croix est un pont qui nous fait traverser la muraille de division qui nous sépare de Dieu et des hommes.