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 7ème dimanche de Pâques A, homélie de frère Bartomeu

 

Chers frères et sœurs, dans le Nouveau Testament nous trouvons trois fois le nom “chrétien”.
Tout d’abord nous lisons dans les Actes des apôtres que « c’est à An-tioche que, pour la première fois, les disciples reçurent le nom de “chré-tiens” » (Actes 11,26). Antioche était une grande ville – la capitale de la Syrie romaine – et c’est là surtout que la communauté des disciples s’était ou-verte, au-delà des seuls Juifs, aussi aux gens de langue grecque (Actes 11,19-20).
C’est depuis l’« Église d’Antioche » – comme elle est appelée, toujours dans les Actes des Apôtres – que Saul et Barnabé seront envoyés dans leur premier voyage missionnaire (Actes 13,1-3) à Chypre et en Asie Mineure. Et, de retour à Antioche, « ayant réuni l’Église, ils rapportèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux, et comment il avait ouvert aux nations la porte de la foi » (Actes 14,27).
Le nom de “chrétiens” donné aux disciples à Antioche s’est répandu rapidement, si bien que lorsque Paul, prisonnier, présentera sa défense de-vant le roi Agrippa, à Césarée, celui-ci réagira : « Encore un peu, et tu me persuades de me faire chrétien ! » Ce à quoi Paul répliquera : « Plaise à Dieu que, tôt ou tard, non seulement toi, mais encore tous ceux qui m’écoutent aujourd’hui, vous deveniez tel que je suis – sauf les chaînes que voici ! » (Actes 26,28)
La troisième fois que nous trouvons le nom de “chrétien” c’est dans le passage de la lettre de saint Pierre apôtre que nous avons entendu lire tout à l’heure : « Si quelqu’un d’entre vous a à souffrir comme chrétien, qu’il n’ait pas de honte, et qu’il rende gloire à Dieu pour ce nom-là » (1 Pierre 4,16).
Depuis le commencement, en effet, le nom de “chrétien” est associé à un témoignage qui trouve souvent contradiction et persécution. Et ceci en-core de nos jours où tant de chrétiens de par le monde, à cause de ce nom, soufrent la persécution et jusqu’à la mort. Tout près de nous, la mort vio-lente du P. Jacques Hamel, il y aura bientôt un an, a été un témoignage qui nous a révélé une vie, autrement discrète, de telle façon que pour son procès de béatification, commencé exceptionnellement tout de suite, c’est toute sa vie de “chrétien” qui est venue en lumière.
Être connus comme “chrétiens” est en fait pour nous une grande res-ponsabilité, en même temps qu’une immense grâce. À l’Évangile nous avons entendu le commencement de la prière de Jésus pendant son dernier repas avec les disciples avant sa passion, où il priait le Père « pour ceux que tu m’as donnés, car ils sont à toi » (Jean 17,9). « Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi » (Jean 17,11). Ainsi, tant que nous sommes dans le monde, notre vie de “chrétiens” nous la vivons portés par la prière de Jésus.
Que ce nom exprime toujours vraiment ce que nous sommes. Ou plu-tôt, devrions-nous dire, ce que nous travaillons à devenir. C’est lorsqu’il était conduit à Rome pour y souffrir le martyre, que saint Ignace, évêque d’Antioche justement, au début de deuxième siècle, écrivait : « C’est mainte-nant que je commence à être un disciple. Que rien ne m’empêche de trouver le Christ » (Romains 5,2).
Faisons nôtres les paroles d’une prière de la liturgie : « Donne Seigneur à tous ceux qui se déclarent chrétiens de rejeter ce qui est indigne de ce nom, et de rechercher ce qui lui fait honneur » (Oraison du 15e dimanche du Temps Ordinaire ).