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Fête de l'Ascension, homélie du Père Abbé Vladimir

Chers Frères

Saint Bernard commente à de nombreuses reprises le mystère de l’Ascension qui est celui de l’élévation dans la gloire de Dieu du Sauveur ressuscité dans la chair. En s’appuyant implicitement sur la Règle de Saint Benoît, il insiste à chaque fois sur le fait que c’est en descendant que le Dieu fait homme est monté. « Pour ma part, dit-il, je crois qu’il est monté par le fait même qu’il est descendu. Ainsi fallait-il que le Christ descende pour nous enseigner à monter ». À partir de cette idée nous pouvons comprendre l’apparente contradiction que nous trouvons dans les textes du Nouveau Testament de la liturgie de cette fête. Dans les Actes des Apôtres nous lisons que deux hommes en vêtements blancs disent aux apôtres que Jésus a été enlevé au ciel d’auprès d’eux alors que la fin de l’Évangile de Mathieu fait dire à ce même Jésus qu’il est avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde.
Le Christ est élevé et enlevé pour nous révéler vers où doit se porter le désir de notre cœur, Il est avec nous pour montrer que notre vie en ce monde sera dressée vers le ciel si notre cœur s’humilie. Il est enlevé dans la gloire mais il reste avec nous d’une autre présence mystérieuse en nous envoyant comme témoins. L’Ascension est comme une annonciation faite aux apôtres pour les envoyer en mission. L’entrée dans la gloire du Royaume de Celui qui a été crucifié pour nous est l’aboutissement de sa venue dans la chair. Et pourtant, dans notre monde, le Royaume est déjà présent mais de manière cachée et nous sommes envoyés pour le faire grandir comme l’arbre qui pousse et reverdit.

Aujourd’hui, nous pouvons dire dans toute sa plénitude cette parole du Notre Père : « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». Avec le Christ dans la gloire, nous ne formons qu’un seul corps et lui qui est la tête nous met en communion les uns avec les autres, nous rend solidaires de tous les hommes dans une même fraternité. Les reliques de Saint Honorat sont présentes ce matin pour nous montrer que cette communion n’est pas limitée dans le temps. Ce matin, en ce temps si particulier, notre Église habituellement pleine rassemblant les cannois avec les descendants de leurs plus anciennes familles est comme déserte. Mais dans la communion des saints, tous sont présents invisiblement en vue de former un seul corps car celui qui en est la tête aspire à rassembler tous les hommes. Que notre prière les rende présents. Restons ferme dans la prière pour que cette volonté du Père de tout récapituler soit manifestée sur la terre comme au ciel. Et si le Christ est avec nous, C’est le message de l’Évangile que rapporte le même Mathieu en évoquant le jugement qu’il n’est jamais plus présent que dans les membres de son corps les plus fragiles et défaillants, les pauvres, les étrangers, les prisonniers.
Unis à la prière de tous les moines ayant vécu sur cette île depuis Honorat, demandons au Christ dans la Gloire de faire descendre sur le monde la miséricorde du Père.

 

(Le jour de l’Ascension les descendants des anciennes familles cannoises viennent en pèlerinage sur l’île avec de nombreux cannois pour renouveler l’acte d’allégeance fait par leurs ancêtres en 1448. Puisque ce n’était pas possible cette année la communauté a prié pour tous les cannois à la fin de la messe.
L’idée que l’Ascension est une annonciation faite aux apôtres vient d’une homélie de Christian de Chergé qui a été martyrisé avec les autres moines de Tibhirine le 21 mai 1996)