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Profession temporaire de notre frère Albéric, homélie du P. Abbé Vladimir

Cher Frère Albéric, chers frères,
Le rituel de la profession monastique t’invite à t’unir à Dieu et à suivre le Christ dans le prolongement de la grâce de ton baptême par qui tu es devenu enfant de Dieu. C’est ce que chacun d’entre nous a vécu en s’engageant dans la vie monastique et c’est ce que nous sommes invités à refaire, revivifier chaque jour. Marcher à la suite du Christ, la Règle nous le propose pratiquement à chaque page. Par le baptême, nous avons été consacré à Dieu, nous avons été reformé à l’image de Dieu par le Christ et celui-ci nous invite à le rencontrer, à le reconnaître et à dialoguer avec lui dans cette manière d’avancer sous la conduite de l’Évangile qu’est la vie monastique. Nous sommes transformés, transfigurés chaque jour par le Sauveur de tous les hommes lorsque nous chantons les psaumes, lorsque nous lisons et méditons l’Écriture puisque le Verbe de Dieu est semé partout en elles. Nous l’accueillons dans nos frères en particulier les plus fragiles d’entre eux. Nous le recevons dans les hôtes et tous ceux que nous accueillons. Nous participons à son œuvre de création par notre travail même le plus obscur.
Cher Frère Albéric,
C’est pour vivre en plénitude cela que tu vas t’engager à l’obéissance, à la stabilité et à cette manière de vivre qu’indique la Règle. Par l’obéissance, tu rendra vivante en toi cette parole de l’apôtre : « Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de ses propres intérêts ; pensez aussi à ceux des autres. Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus . . . il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix ». La stabilité te permettra de creuser toujours davantage pour chercher Dieu, plus intime que ton intime dans la solitude et le silence tout autant que dans la communion fraternelle et le service mutuel. En suivant la voie étroite et exigeante qu’indique la Règle, tu tendras à cet amour de Dieu et du prochain, qui lorsqu’il est parfait, bannit la crainte, et qui est répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint, cet Esprit que nous avons reçu au baptême.
Dans l’Évangile que nous venons d’entendre, par trois fois le Christ demande à Pierre s’il l’aime. En sollicitant un triple aveu d’amour, il donne à l’apôtre la grâce de dépasser son triple reniement. L’amour parfait auquel nous appelle saint Benoît celui qui nous est donné par le Saint Esprit lorsque nous sommes descendu jusqu’au sommet de l’humilité est un amour qui jaillit du pardon reçu. Comme Pierre, comme tous les saints, comme tous ceux qui nous ont précédé dans la vie monastique, nous sommes tous des pécheurs pardonnés. Chaque jour en récitant le Notre Père, nous nous abandonnons à la miséricorde de Dieu pour pouvoir nous aussi faire miséricorde. C’est au cœur de notre vocation monastique car cet au cœur de notre vocation chrétienne, nous qui confessons un seul baptême pour le pardon des péchés. L’amour qui bannit la crainte nous ouvre à un abandon confiant à la providence divine mais puisque l’amour lui-même est connaissance suivant l’expression souvent employé par nos Pères cisterciens, il fait grandir notre foi et nous aide à toujours plus reconnaître le Christ en cheminant jusqu’à la rencontre.
Cher Frère Albéric, Chers Frères,
« Suis-moi » dit Jésus à Pierre. « Suis-moi » dit-il à chacun d’entre nous. Qu’au premier comme tout au long des jours, il nous soit donné de courir sur la voie des commandements de Dieu avec une ardeur toujours nouvelle, le cœur dilaté dans une ineffable douceur d’amour, et que nous nous soutenions ainsi les uns les autres pour parvenir tous ensemble à la vie éternelle.