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Fête de St Honorat, homélie du Père Abbé Vladimir

Mes Frères,

« Gardez vos lampes allumées » nous dit l’Évangile alors que nous faisons mémoire de Notre Père Saint Honorat. Ce matin, nous avons entendu Saint Ambroise commentant le psaume 118 nous dire que parce qu’il y a beaucoup de ténèbres, il faut aussi beaucoup de lampes pour que la lumière continue encore à briller. Cette métaphore de la lumière, nous la retrouvons dans tous les textes anciens qui nous parlent du fondateur de la vie monastique sur cette île. « La retraite est illuminée, tandis que s’y cache la lumière. L’obscurité d’un lieu d’exil jusque là ignoré cède à l’éclat d’un exilé volontaire » écrit par exemple Hilaire d’Arles pour décrire l’installation d’Honorat et de ses compagnons sur l’île qui porte aujourd’hui son nom. Mais plus s’éloignent les jours de la vie d’Honorat, plus cette évocation de la lumière, qu’Hilaire assimile aussi à la grâce du Saint Esprit répandue dans le monastère par les prières de ce maître spirituel, devient une exhortation à ce que chacun d’entre nous fasse aussi briller cette unique lumière qu’est le Christ. Et puisque la lumière brille dans les ténèbres et que les ténèbres n’ont pu l’atteindre, si nous avons devant nous les reliques du corps d’Honorat, efforçons comme déjà Fauste de Riez incitaient nos prédécesseurs à le faire à « garder son âme avec ses vertus, à imiter ses mérites, à conserver ce qui appartient au ciel, à vénérer ce qui se trouve au paradis ». Soyons nous mêmes ces lampes par le don de Dieu si nous nous efforçons de l’accueillir. Veillons à l’image d’Honorat qui avait tellement le Christ présent à son cœur que sa bouche répétait son nom lorsqu’il dormait.

Et pour ce temps qui est le notre, comme un encouragement dans le combat, je voudrai juste souligner deux vertus d’Honorat que nous pourrions prendre pour modèle.
- Hilaire nous montre Honorat et son frère Venance se séparer de tous leurs biens avant de quitter leur pays pour un voyage vers l’Orient qu’ils ne feront d’ailleurs pas jusqu’au bout. Ils se montrent ainsi nous dit-il de vrais fils d’Abraham quittant leur pays, leur maison et leur famille. La vie monastique mais même la vie chrétienne en général comme nous l’a rappelé la lettre aux hébreux c’est toujours quitter et se détacher puisque nous n’avons pas ici de cité permanente. Pour avoir cet extraordinaire amour du Christ qui faisait la joie d’Honorat, qui lui faisait dire que le Christ était son trésor, il faut quitter, nous détacher, se faire étranger pour être pleinement ouvert et disponible. Comme son exemple nous le montre, il est possible de vivre cela sans s’éloigner au bout du monde mais pas sans renoncement. C’est ce qu’Hilaire fait dire à notre Saint dans son discours d’adieu : « Que nul ne soit retenu par l’amour excessif de ce monde, que personne ne se perde dans l’opulence, que nul ne soit esclave de l’argent ». En ces temps, où un petit nombre accapare injustement le nécessaire qui manque aux autres, efforçons de connaître la joie que donne le détachement et non cette caricature de bonheur que le monde promet avec ses richesses et sa gloire.
- L’intimité avec le Christ que vivait Honorat entretenue par le détachement et la prière continuelle, notamment des psaumes, lui permettait de le reconnaître présent non seulement dans les frères mêmes faibles et pécheurs d’une communauté qui rassemblait des hommes d’origines très diverses mais aussi dans les étrangers, les hôtes et les pauvres. « S’il fallait donner un visage à la charité nous dit encore Hilaire, c’est le visage d’Honorat que, plus que tout autre, on devrait peindre pour le représenter ». « Persévérons dans l’amour fraternel, n’oublions pas l’hospitalité nous dit encore la lettre aux hébreux ». En ces temps où l’hospitalité tend à devenir un délit, non une vertu efforçons nous comme Honorat d’écouter le Christ présent dans sa parole afin de le reconnaître.
Qu’il puisse ainsi nous présenter au Seigneur en se réjouissant : « Me voici Seigneur et voici les enfants que tu m’as confié »