logo fond

Index de l'article

Fête de l'Epiphanie, homélie du père abbé Vladimir

Chers Frères et Sœurs,

Voici que nous nous mettons en route avec les mages à la recherche de Celui qu’ils appellent le roi des juifs, que les grands prêtres et les scribes appellent le Christ ou Messie et qui est enfant dans une pauvre maison de Bethléem. Ce cheminement que nous faisons à leur suite, guidés par l’étoile est une marche dans la foi et une conversion. « Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui ». Se prosterner, ce mot revient comme une antienne qui rythme ce récit, dans le désir des mages, dans la fausse promesse de ce tyran menteur et sanguinaire qu’est Hérode et dans la réalisation de la promesse dans la maison à Bethléem. Se prosterner. Dans l’épisode de la tentation au désert, un peu plus loin dans l’Évangile de Mathieu, Jésus s’opposera au diable en disant que cet acte est réservé pour Dieu seul. Nous aussi, comme le dit la collecte de cette messe, par la foi nous sommes amenés à reconnaître cet enfant comme la lumière pour toutes les nations, comme l’accomplissement de toutes les promesses et de toutes les attentes, comme le Fils Unique du Père éternel, lumière né de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu. Nous le reconnaissons dans l’obscurité en attendant d’être conduits à la claire vision de sa splendeur qu’on ne perçoit maintenant que par l’amour. Prosternons nous devant lui.

« Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui ». Si cette étoile peut évoquer la prophétie de Balaam où ce que dit Jésus de lui-même dans l’Apocalypse : « Je suis le rejeton de David, l’étoile radieuse du matin », elle évoque aussi la naissance des grands personnages dans beaucoup de récits de l’antiquité. Ici, il n’y a pas de grands personnages hormis peut-être Hérode, tyran trompeur et menteur. C’est par le chemin de l’humilité que les mages devront passer pour reconnaître le roi des juifs dans cet humble enfant qui ne manifeste aucun des signes de la puissance et de la royauté.
Nous aussi, par la foi, en adhérant au seul Verbe devenu petit enfant, nous le reconnaissons le Roi des Juifs, le Messie, le Dieu fait homme qu’il soit dans l’humilité de la crèche ou sur l’ignominie du bois de la Croix. Hérode ne l’a pas reconnu car il ne peut le voir que comme un rival et est trop jaloux de son pouvoir. Les soldats ne l’ont pas reconnu eux qui se moquaient de lui en crachant et en frappant disant : « Salut, roi des Juifs ». Les passants ne l’ont pas reconnu eux qui passaient en l’insultant voyant le panneau où était écrit en vérité le motif de sa condamnation et de notre salut : « Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs ».
Avec toute l’humilité et la douceur possible prosternons nous devant lui et devant ceux qui lui ressemblent, qui sont comme lui sans défense, rejetés, méprisés.
Nous qui, comme les mages, avons accédé à la foi, faisons comme eux et prenons avec eux un autre chemin. Il y a le chemin d’Hérode, des scribes et des grands prêtres, celui de la violence, du pouvoir et de la domination, celui de tous les royaumes du monde et de leur splendeur dont le diable dira au Sauveur lors de la tentation qu’ils lui appartiennent. Il y a l’autre chemin, celui des mages qui est aussi celui de cet enfant sans défense qui fait se faire étranger pour fuir Hérode, celui du service et du don, celui de l’humble confiance.

Parfois, nous voudrions tant qu’il y ait un autre chemin ou un mélange des deux, un peu de violence et un peu de don ; un peu de splendeur et un peu d’humilité. Mais il nous faut choisir. Alors demandons aux mages de nous conduire sur leur chemin qui est celui de la vraie sagesse et de la vraie connaissance.