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4ème dimanche de l’Avent – A, homélie de frère Marie

Mt 1, 18-24 ; Is 7, 10-16 ; Ps 23 ; Rm 1, 1-7

En ce dimanche à l’approche de Noël les lectures se concentrent sur l’origine de la venue de Jésus en notre monde, parmi nous : Dieu avec nous.
Isaïe nous fait entendre la prophétie faite à Acaz, pourtant difficile à convaincre : Le Seigneur lui-même vous donnera un signe. Voici, la vierge enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel, c’est-à-dire Dieu avec nous. L’évangéliste Matthieu fait appel à cette prophétie pour nous en présenter l’accomplissement en Jésus, fils de la vierge Marie et de Joseph le père adoptif, appelé fils de David et qui inscrit Jésus dans cette lignée messianique.
St Paul au début de la lettre aux Romains proclame, l’évangile, la bonne-nouvelle que Dieu avait promis et qui concerne son Fils selon la chair et selon l’Esprit Saint de la descendance de David. Ce Fils qui accomplira le salut du genre humain par sa résurrection d’entre les morts, ce nom de Jésus ‘Dieu sauve’ destiné à être proclamé à toutes les nations afin de les amener à l’obéissance de la foi. Nous pouvons nous arrêter sur cette expression ‘obéissance de la foi’.
Il est vrai que ce mot obéissance peut nous déranger. Il éveille le plus souvent la crainte de perdre sa liberté, ou celle de devoir une soumission à une autorité dominatrice. Mais il s’agit ici de l’obéissance de la foi, qui n’est pas la simple soumission à une doctrine ou un magistère. Il s’agit plutôt d’une écoute profonde de la voix de Dieu qui nous permet d’accueillir au cœur de nos vies celui qui nous sauve et nous accompagne sur un véritable chemin de liberté. Un chemin de liberté féconde, qui donne vie à notre humanité, tant nous avons à découvrir à travers le visage du Christ ce que nous sommes. Ecouter et suivre la voix de Dieu, c’est permettre à Jésus de prendre place parmi nous, d’être un vivant et non pas un mort. C’est autoriser Jésus à être « Dieu avec nous », d’être présent à nos vies et dans notre monde. Souvent quand on me demande à quoi sert une communauté de moines, un peu isolée sur son île, avec très peu d’activités extérieures, je réponds, sans aucune prétention : à faire vivre Dieu ici, le faire vivre et le rendre présent quelque part dans le monde, de façon aussi permanente que possible. Le secret chrétien est là, l’écoute, l’accueil et le service.
Le principal personnage aujourd’hui qui nous enseigne l’obéissance de la foi est Joseph.
Joseph l’époux promis de Marie se retrouve confronté à un dilemme. Même si l’évangéliste nous dit en aparté que la vierge Marie a conçu en son sein par l’intervention directe de l’Esprit Saint, Joseph se retrouve confronté à un dilemme, cet enfant est-il adultérin ? Joseph est un homme juste nous dit Matthieu, qu’est-ce à dire ? Beaucoup d’encre a été versée pour essayer de définir cette justice, est-ce être juste envers la loi ? Joseph forme le projet de répudier Marie mais en secret et non publiquement comme le demandait la loi. Mais dans la Bible l’homme juste est surtout celui qui garde les yeux tournés vers le Seigneur, qui quête la sagesse pour vivre le mieux ajusté possible à ce que Dieu inspire. Le juste Joseph au fond se retire, il laisse un espace devant ce qu’il ne comprend pas. Le juste perçoit par le cœur ce que la raison ne comprend pas. Joseph rumine en lui-même nous dit Matthieu, entre le cœur et la raison Joseph laisse un espace libre dans lequel il essaie de se situer avec justesse. C’est dans cet espace que la parole de Dieu va pouvoir intervenir par la médiation d’un envoyé, l’Ange qui va lui apporter les paroles qui vont faire lien dans la foi et l’espérance croyante de Joseph. Le lien entre les promesses de Dieu et leur accomplissement, leur actualisation au cœur de sa vie, de sa situation avec Marie et l’enfant qu’elle porte.
Être fidèle, avancer dans la foi, c’est avancer dans l’inconnu, être disposé aux surprises, capable de changer…Ce que nous enseigne la figure de Joseph, c’est que l’obéissance dans les évangiles n’est pas de nous rétrécir dans une soumission déplaisante, mais de donner à Jésus un espace où se reflète le pardon et la tendresse de Dieu.
Nous aussi, comme Joseph nous sommes interpellés : le Christ, aujourd’hui, celui qui est né pour nous, ne naîtra pas sans nous. Dieu avec nous ne s’impose pas, il frappe à notre porte et attende que nous l’accueillions. Et il se présente aussi à nous à travers tout autre car la famille à laquelle nous ouvre l’évangile, plus qu’une famille d’ordre biologique, il s’agit d’une famille spirituelle, une famille d’obéissants de la foi ouverte sur la famille humaine.