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Mercredi des Cendres, homélie du Père abbé Vladimir

 

Chers Frères et Sœurs,

« Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements ». Cette invitation du prophète Joël que nous entendons aujourd’hui est d’abord une invitation à l’intériorité. La conversion, si elle doit bien sûr s’exprimer par des actes est d’abord une transformation intérieure poussée par un élan du cœur qui vient de Dieu. C’est pour cela que tout ce que l’on fait pour devenir des justes c’est à dire pour se laisser transformer par la justice de Dieu au moyen du jeûne, de la prière et de l’aumône doit se faire dans le secret. Notre conversion se joue d’abord dans le secret du cœur.

Si nous devons déchirez nos cœurs, quel peut être un sens plus précis de cette image. Dans le psautier et notamment dans le psaume 50 dont nous venons de chanter une partie, on trouve assez souvent une expression voisine. Si nous demandons à Dieu de créer en nous un cœur pur, nous affirmons aussi qu’il ne repousse pas un cœur brisé et broyé. D’autres psaumes disent que Dieu est proche du cœur brisé et qu’il va le guérir. Dans le psaume, le cœur est brisé par le péché, par l’épreuve et par la contrition. S’il faut déchirer nos cœurs, c’est qu’il y a dans le cœur de l’homme, au plus profond de lui une présomption d’innocence. Elle n’est pas à prouver, elle est à retrouver, à dégager. Elle n’est pas dans le passé mais vers l’avenir. « C’est ainsi que le Dieu et Père de Notre Seigneur Jésus Christ nous a élus en lui, dès avant la fondation du monde pour être saints et immaculés en sa présence dans l’amour » nous dit la lettre aux Éphésiens. Au plus profond de nos cœurs, il y a chez tout homme quel qu’il soit une image de celui qui l’a fait, une disposition à l’amour, une convocation aux noces comme dirait notre Père Saint Bernard.

C’est pour la retrouver, pour la faire surgir que nous devons déchirer nos cœurs comme on retirerait l’emballage d’un cadeau. Il peut être brillant et décoré, il n’est pas la réalité. Le cœur brisé et broyé c’est l’opposé du cœur de pierre. Il est donné par Dieu lui-même et s’accompagne d’un esprit nouveau. Il fait de nous comme un seul cœur guérissant toute division dans la communion de l’amour. Ce que le prophète Ézéchiel avait annoncé, Dieu le réalise : « Je leur donnerai un seul cœur et je mettrai en eux un esprit nouveau, j’extirperai de leur chair leur cœur de pierre et je leur donnerai un cœur de chair ». L’aumône, le jeune et la prière sont là pour faire fondre la glace de notre cœur comme le dit le Pape François dans son message pour le carême. Le trône du diable est fait de glace. Laissons nous bruler par le feu de la Pâques qui vient dont les cendres sont le signe.