Le pardon (frère Marie) Mt 18,21-19,1
L’évangile de ce jour nous porte un enseignement sur le pardon.
Nous savons que le pardon est une notion difficile d’approche. Il y a le pardon de surface et il y a le pardon du fond du cœur et entre les deux il y a souvent une grande distance, un long chemin, avec des situations plus ou moins complexes.
Le mot de pardon, lui-même porte une histoire chargée et a trop souvent pris le sens de devoir et d’obligation morale et culpabilisante qui en occulte la dimension libératrice, le « Il faut pardonner ». Nous entendons souvent l’expression de cette tension intérieure et douloureuse : « Je ne suis pas capable de pardonner, j’ai trop mal, je n’y arrive pas. » Le plus souvent dans un contexte ou l’autre ne reconnaît pas ses torts ou n’exprime aucun regret du mal qu’il m’a causé.
Dans les évangiles les deux mots en grec employés pour désigner le pardon sont liés à l’idée d’un allègement, un acte libérateur. Nous avons le mot délier, qui redonne un statut de liberté à une personne par rapport à un poids moral et spirituel, mais qui dit délier dit aussi remettre en liaison, en relation libre avec Dieu et les autres. Et nous avons le mot remettre, comme dans notre évangile ou dans le Notre Père, remettre une dette, c’est-à-dire libérer une personne de l’attachement de la dette qu’elle a envers moi. Mais en remettant je libère aussi en moi l’espace d’une relation nouvelle, je libère l’espace dans lequel l’autre a la possibilité de redevenir mon frère, ma sœur. Mais il arrive aussi que cet espace de retour, de réconciliation ne trouve pas de réciprocité. C’est douloureux, et Dieu connaît aussi nos douleurs, il ne les force pas mais veut aussi les transformer dans l’espérance et la foi. L’amour de Dieu agit comme un appel à nous déplacer, un appel à ouvrir à nouveau des espaces de vie et de relation.
Dans la bouche de Jésus, le pardon est un chemin de vie et de liberté d’enfant de Dieu.
Ce chemin de vie et de liberté se trouve dans un modèle existentiel et spirituel, ce modèle qu’est le Christ lavant les pieds de ses disciples et qui sur la Croix intercèdera auprès du Père en disant : « Père pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ». C’est son pardon et son don inconditionnel qui vient nous saisir et ouvrir de nouveaux chemins de vie et de fraternité.
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