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Mon âme exalte le Seigneur (frère Marie)

Marie chante la promesse de Dieu.
Marie exulte car le Seigneur ne perd pas la mémoire, en Dieu la promesse et la mémoire ne font qu’un. Non seulement Dieu promet, mais aussi il se compromet. Non seulement il se souvient de son dessein créateur mais de plus il s’engage dans notre histoire humaine pour nous sauver et accomplir notre destinée. Dieu se souvient de son amour et de ses entrailles de miséricorde.
Marie chante la fidélité éternelle du Seigneur, qu’aucun obstacle dû au mal, quel qu’il soit, ne peut détourner.
L’humilité que chante Marie est bien celle du pauvre de cœur qui se laisse envahir par cette promesse divine, promesse que seul le Seigneur peut réaliser en elle, mais qui ne peut s’accomplir sans son désir et son consentement à elle. Ainsi cette promesse, par le Christ Jésus, se réalise aussi en nous et elle ne peut se réaliser sans nous. Cette promesse accompagne notre chemin d’humanité d’âge en âge. Le Christ, par la révolution de l’Evangile, non seulement nous rend participants de cette promesse, mais nous en rend aussi porteur, comme Marie qui offre Jésus au monde. Cette promesse, qui de prime abord est obscure aux cœurs des hommes, nous est devenue manifeste. Elle est présence de Dieu à nos vies pour vivifier et fortifier nos chemins d’humanité, nos chemins d’enfants de Dieu.
Oui, en ces temps anxiogènes que nous traversons, ou trop de haine, de fureur des armes, de difficultés sociales et de replis identitaires se font entendre, faisons avec Marie mémoire de cette promesse vivante de Dieu toujours active au cœur de notre foi. Que cette promesse, comme les vagues incessantes de la mer, petit à petit, gagne nos rivages d’humanité et nous ouvre à notre vraie nature d’enfants de Dieu et de fraternité en Christ.

 

 


Jean 19, 22-25 (fère Marie)

Marie, la mère de Jésus se tient là en présence d’autres femmes, debout sous la croix de son fils. C’est un moment terrible de douleur pour le cœur d’une mère et cependant elle est debout, comme un arbre d’espérance planté au cœur d’un drame, car en elle son Fils a planté une graine, une promesse de Dieu fidèle. Marie jusqu’au cœur de ce drame devient coopératrice de cette promesse de Dieu.
Avec Marie nous sommes posés au cœur du paradoxe de notre foi chrétienne.
Le paradoxe d’une victoire au cœur des ténèbres. Au cœur des drames de l’humanité une question hante nos esprits : où est Dieu ?
Le Christ lumière de vie s’immerge dans le drame du monde. Aucun dieu n’est pensé comme étant partie prenante du drame humain.
Le Christ verbe fait chair, lumière du monde, est entré comme un petit vers lumineux dans le fruit amer de ce drame, pour l’anéantir de l’intérieur. Il n’est pas au dehors.
En Christ Dieu reste fidèle à lui-même, il reste un Dieu d’amour, de vérité et de lumière. Sur la croix le Christ brise la chaîne mimétique de la violence, et il condamne toute forme d’injustice. C’est pourquoi en St Jean, la croix est pour Jésus le lieu de sa vraie royauté, celle de l’amour qui triomphe, celle de l’ultime sagesse de Dieu qui brise le cercle vicieux de la convoitise et de l’orgueil qui pourrit le monde.
L’autre paradoxe au cœur de ce drame, c’est que du haut de la croix Jésus établit du lien. Jésus dit à sa mère et son disciple se tenant au pied de la croix : femme voici ton fils, et au disciple, voici ta mère. Oui, au cœur de ce drame Jésus inaugure une nouvelle famille, une famille humaine liée par le lien du don de sa vie, par le don de sa lumière, celle de l’espérance qui ne trompe pas.
Oui, avec Marie ne fuyons pas le drame humain, mais avec elle en contemplant la croix, tenons ferme la promesse divine et avec elle soyons les témoins et les acteurs de l’espérance que nous donne la victoire du Christ.

 


Le pain de vie, Jean 6 (frère Marie)

« Je suis le pain de vie », nous dit Jésus.
Jésus veut nous donner en partage cette nourriture que l’on ne connaît pas.
Cette nourriture, qui est lui-même, et qui est aussi volonté du Père, cette nourriture qui se donne pour nous transformer de l’intérieur. C’est par la transformation de nos cœurs que l’on peut devenir avec Jésus pain pour le monde, pour que nos vies fassent signes, signes de cette présence de Dieu au monde.

Dans la vie de l’homme la nourriture, le pain, est l’expérience de son labeur mais surtout aussi une expérience de dépendance, nous dépendons d’une réalité extérieure à nous-mêmes sans laquelle on ne peut survivre. C’est pourquoi les besoins de premières nécessités doivent être accessibles à tous, comme tout ce qui fait honneur à la dignité humaine, dans ce jeu d’interdépendance.
Dans une vision biblique le pain désigne symboliquement le rapport du créateur à sa créature comme source et soutien de notre existence et comme lien qui nous unit à Dieu, ainsi le don de la manne au désert. C’est le pain de la sagesse, cette parole de Dieu qui nourrit la compréhension de notre existence, qui nous ouvre un chemin d’humanité vers Dieu.
En Jésus cette parole de Dieu devient pour nous communion de vie, don de lui-même, elle devient parole vivante qui nous modèle dans l’Esprit de sainteté.
Il nous est bon d’avoir faim et soif de cette parole du Christ, de sa présence, c’est cela qui nous fait grandir dans une vie de communion avec Dieu et avec les autres. C’est à travers cette faim et cette soif de bonheur, de vérité et de justice que le Père nous attire, c’est vers cette quête de plénitude qui habite le cœur humain qu’il a envoyé son Unique.

Nous pouvons devenir porteur de ce pain de vie quand à travers notre vie quotidienne, nos engagements, nos relations, nous devenons, unis au Christ, un même pain avec lui, un même corps, béni, partagé et donné.
Le Christ est le vrai pain de vie, il est cette source de miséricorde qui coule sans fin et dans laquelle nous pouvons sans cesse être régénérés.

 


Jean 5, 1-16 (frère Marie)

Jésus demanda à l’homme qui gisait depuis trente-huit ans sur les bords de la piscine de Bethzatha : « Veux-tu être guéri ? », le malade lui répondit : « Seigneur, je n’ai personne pour me plonger dans la piscine au moment où l’eau bouillonne ; et pendant que j’y vais, un autre descend avant moi. »
Les miracles qu’opèrent Jésus sont là pour faire signe ; signe d’une vitalité plus profonde que celle de la simple guérison physique. Jésus n’est pas venu en thaumaturge, mais en révélateur, pour mettre notre vie et notre destinée en lumière. Les miracles sont le signe de ce qui constitue l’accès de l’humain à la plénitude de vie dans la lumière de Dieu. Une plénitude de vie qui se découvre en chemin dans la réception, l’écoute et la guidance de la parole vivante de Dieu qui nous libère de tout ce qui nous enferme. Qui nous libère surtout du fatalisme qui semble nous emprisonner dans la loi du plus fort. « Je n’ai personne pour me plonger dans la piscine, dit le paralytique,…pendant que je me traîne un autre passe devant moi. » Le chacun pour soi.
Jésus ne passera pas devant lui, il reste avec lui, sa parole sera le bain qui le régénère : « Lève-toi, prends ton brancard et marche ! » et l’homme obéit, il prit son brancard, il marchait.
Jésus ouvre le chemin de vie là où l’humain se découvre démuni, là où nous découvrons que par nos propres forces ou nos propres idées nous sommes incapables d’accéder à une vie qui nous épanouisse en vérité. Jésus nous ouvre à la lumière de notre profonde dignité d’être humain, celle de chacun et celle des autres. Sa parole nous incite à cheminer ensemble.
« Te voilà guéri, va et ne pèche plus. » lui dit Jésus. Non pas que sa maladie physique serait la punition de son péché. Mais le péché consisterait à s’écarter de cette parole de vie qui l’a remis debout dans sa dignité d’homme, ne plus cheminer avec, à l’oublier.

 

 


 Le pardon (frère Marie) Mt 18,21-19,1
L’évangile de ce jour nous porte un enseignement sur le pardon.
Nous savons que le pardon est une notion difficile d’approche. Il y a le pardon de surface et il y a le pardon du fond du cœur et entre les deux il y a souvent une grande distance, un long chemin, avec des situations plus ou moins complexes.
Le mot de pardon, lui-même porte une histoire chargée et a trop souvent pris le sens de devoir et d’obligation morale et culpabilisante qui en occulte la dimension libératrice, le « Il faut pardonner ». Nous entendons souvent l’expression de cette tension intérieure et douloureuse : « Je ne suis pas capable de pardonner, j’ai trop mal, je n’y arrive pas. » Le plus souvent dans un contexte ou l’autre ne reconnaît pas ses torts ou n’exprime aucun regret du mal qu’il m’a causé.
Dans les évangiles les deux mots en grec employés pour désigner le pardon sont liés à l’idée d’un allègement, un acte libérateur. Nous avons le mot délier, qui redonne un statut de liberté à une personne par rapport à un poids moral et spirituel, mais qui dit délier dit aussi remettre en liaison, en relation libre avec Dieu et les autres. Et nous avons le mot remettre, comme dans notre évangile ou dans le Notre Père, remettre une dette, c’est-à-dire libérer une personne de l’attachement de la dette qu’elle a envers moi. Mais en remettant je libère aussi en moi l’espace d’une relation nouvelle, je libère l’espace dans lequel l’autre a la possibilité de redevenir mon frère, ma sœur. Mais il arrive aussi que cet espace de retour, de réconciliation ne trouve pas de réciprocité. C’est douloureux, et Dieu connaît aussi nos douleurs, il ne les force pas mais veut aussi les transformer dans l’espérance et la foi. L’amour de Dieu agit comme un appel à nous déplacer, un appel à ouvrir à nouveau des espaces de vie et de relation.
Dans la bouche de Jésus, le pardon est un chemin de vie et de liberté d’enfant de Dieu.
Ce chemin de vie et de liberté se trouve dans un modèle existentiel et spirituel, ce modèle qu’est le Christ lavant les pieds de ses disciples et qui sur la Croix intercèdera auprès du Père en disant : « Père pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ». C’est son pardon et son don inconditionnel qui vient nous saisir et ouvrir de nouveaux chemins de vie et de fraternité.


Octave de Pâques – lundi : Mat 28, 8-15 (frMarie)

Les femmes de bon matin s’étaient rendues au tombeau, portant des aromates pour embaumer le corps de Jésus, pour accomplir avec amour les derniers devoirs funéraires au lendemain du sabbat. Et voici que leurs aromates s’avérèrent inutiles, le tombeau était vide, le corps de Jésus n’était plus là ; le Ciel avait même fait irruption sous la forme de l’Ange de Dieu, lumineux comme l’éclair et couvert d’une blancheur de neige, tout comme Jésus lors de l’épisode de sa transfiguration devant Pierre, Jacques et Jean.
Voici que le lieu de mort était vide, l’Ange ne barrait plus l’accès du paradis et de l’arbre de vie, l’Ange barrait l’accès de l’antre de la mort et envoyaient les femmes vers la vie, annoncer la vie : « Il est ressuscité, vivant…ce Jésus que vous veniez embaumer ».
C’est un autre baume, un autre parfum que les femmes nous annoncent ce matin, c’est le bon parfum de la vie du Christ, de la vie en Christ. C’est le baume de l’espérance, de la foi illuminée par cette présence de Celui qui nous donne tout de sa vie, tout de sa grâce. Le baume de la joie du Père de ce que l’accès à un nouvel arbre de vie soit de nouveau ouvert à l’humanité.
Au cœur d’une actualité qui nous montre une humanité en conflits permanents, ou mort, pouvoir, argent se mêlent jusqu’à ne plus croire en rien, quand les épreuves de la vie nous désorientent ou nous font tomber les bras, voici que tout comme les femmes au matin de Pâques l’annonce de la résurrection jaillit comme un éclair, comme un espace de lumière et de vie qui nous dit que oui, malgré la stupéfaction, tout est possible pour suivre un chemin de vie.
Jésus vient à leur rencontre, et à notre rencontre et nous annonce cette joie céleste qui fait irruption au cœur de notre monde : « ‘ Réjouissez-vous !’ Soyez dans cette joie du jour de Dieu, tant attendu et annoncé par les prophètes, et aller annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée, c’est qu’ils me verront ».
Cette Galilée, ce sont les chemins de tous les jours, ces chemins qui tissent nos vies, nos situations, nos relations et nos rêves. Ces chemins que nous parcourons et qui deviennent des chemins de foi et d’espérance avec la présence du Ressuscité, avec lequel nous devenons témoins et apôtres d’espérance et de vie.


Marc 9, 30-37 ; Ecclésiastique 2, 1-11 ; Ps 37(36)

Les lectures de ce jour sont un appel à la confiance : « Mets ta confiance en lui, et il te viendra en aide ; rends tes chemins droits, et mets en lui ton espérance ». Et aussi le Psaume : « Fais confiance au Seigneur, agis bien ».

C’est à ce regard confiant, de confiance et de témoignage, que Jésus invite ses apôtres en leur donnant un enfant comme exemple. Jésus prend un enfant dans ses bras. En prenant un enfant dans ses bras, c’est l’enfant de Dieu qui est mystérieusement caché en chacun de nous que Jésus accueille et embrasse. Si les apôtres veulent être serviteurs du Maître, c’est ainsi qu’ils doivent accueillir.
Quel contraste entre les deux parties de notre évangile : le Fils de Dieu, Jésus, livré entre les mains, ou les bras, des hommes, sera maltraité et mis à mort, nous dit-il. Et Jésus lui, en prenant l’enfant dans ses bras, c’est toute notre humanité qu’il embrasse dans sa tendresse divine et son amour, et qu’il assumera sur la croix pour la conduire dans la lumière et la joie de sa résurrection, de la vie donnée en abondance.
En instruisant ainsi ses apôtres, Jésus nous montre la véritable mission de l’Eglise : accueillir et prendre dans ses bras les enfants de Dieu qui se présentent à elle, car en agissant ainsi l’Eglise manifestera sa confiance en la force agissante et la vérité de la résurrection du Christ. Elle manifestera sa confiance en l’amour du Père en lequel Jésus lui-même c’est entièrement confié.


Nous connaissons tous la célèbre et triste sentence : « L’homme est un loup pour l’homme ».
A l'opposé dans l’évangile de ce jour (Jn 1, 29-34) deux images d’innocence, de pureté et de douceur sont associées par Jean le Baptiste pour nous désigner Jésus : l’Agneau et la Colombe.
L’Agneau fait référence à l’agneau pascal, l’agneau sans taches de la nuit de l’exode, nuit de la libération de la situation d’esclavage.
La Colombe, désignant l’Esprit Saint, se réfère à l’alliance de Paix que Dieu établit avec Noé au lendemain du déluge, alliance qui englobe toute la création.
En Jésus l’Agneau et la Colombe s’unissent pour désigner le don que Dieu fait à l’humanité, don qui nous libère de l’emprise du mal et du péché, don qui restaure en nous l’image de Dieu.
Quiconque met en lui une telle espérance, nous dit St Jean, se rend pur comme lui-même est pur (1 Jn 35-42). Cette pureté dont il s’agit est un chemin de promesse et d’alliance éternelle, une école de la charité à la suite du Christ Jésus. Un chemin qui ne peut passer et s’effectuer que dans le respect de toute vie et de tout être humain. Un chemin qui ne peut s’effectuer que par la mise en lumière de ce qui nous nuit et nous aliène, et par la mise en œuvre de tout ce qui aide à construire la justice et la paix entre les hommes.
Au terme de ce chemin, c’est Jésus lui-même qui nous recouvrira de sa gloire afin que se révèlent en nous l’agneau et la colombe.


Lc 11, 1-4
« Seigneur apprends-nous à prier ! »
Prier, comme nous le dit par ailleurs Jésus, ce n’est pas rabâcher, se contenter de réciter des prières ou dire des mots. Ce que demandent les disciples à Jésus, c’est de pouvoir se situer sur un chemin de vie. La prière exprime la foi et doit informer, inspirer, une manière de vivre.
Par la prière, couramment appelée du ‘notre Père’, Jésus situe les disciples dans une filiation, et qui dit filiation, dit aussi ouverture à la fraternité. Se tourner vers le Père ouvre notre regard et élargi notre cœur.
Dans l’évangile de Luc nous trouvons une formulation plus simple et plus directe que dans celui de Matthieu.
Père !
Nous avons reçu l’Esprit du fils qui nous fait nous écrier, Abba ! Père !
La venue du Règne passe par le don de l’Esprit Saint que le Christ nous fait partager, et qui nous permet de vivre dignement la filiation dans laquelle nous sommes introduits ; chemin de sanctification.
Cette sanctification trouve son expression dans la miséricorde par laquelle Dieu nous fait un avec lui, miséricorde que Jésus nous apprend à imiter : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. »
Cette prière filiale que nous enseigne Jésus, dont sa propre vie nous enseigne le chemin comme un pain quotidien, cette prière filiale nous fait sortir de tous les clivages. Cette prière nous enseigne comment faire tomber les murs de divisions, les murs de haine ou d’indifférence, car elle prend sa source dans la prière même du Christ Jésus, elle prend sa source dans sa relation au Père.
Et la tentation de laquelle nous devons être gardés, est celle de perdre la foi en cette filiation lorsque nous sommes confrontés à notre faiblesse, quand les situations nous dépassent, ou quand les relations nous semblent difficiles ou les agissements du mal insurmontables.
Seigneur apprend-nous à garder notre foi vivante et active, conduis-nous sur les bons chemins de notre filiation, afin que ton nom soit sanctifié !

 


(Lundi de Pâques) frMarie
« Tu m’as montré les chemins de la vie » Ps 15

Dans son discours, au passage des Actes des Apôtres (Ac 2, 14.22-33), Pierre proclame la résurrection du Christ Jésus en faisant appel au psaume 15, que nous venons de chanter.
Je retiens ce verset : « Tu m’as montré (tu m’apprends), le chemin de la vie – Devant ta face débordement de joie ».
Ce psaume et ce verset, Jésus lui-même se l’ait approprié.
« Tu m’as montré le chemin de la vie », le Christ Jésus le chante à la première personne.
Ce chemin de la vie, c’est le chemin de notre humanité que le Verbe de Dieu a vécu et assumé de la naissance à la mort. Chemin de notre humanité qu’il a assumé aussi bien à travers les joies humaines qu’à travers les affres de l’injustice, de la haine, de la souffrance et de la mort.
Si le Christ Jésus a embrassé avec passion et amour toute l’épaisseur humaine, c’est pour nous montrer « les chemins de la vie », pour remplir par sa présence nos cœurs d’un débordement de joie.
Ce verset de psaume dans la bouche du Christ, il est maintenant mis dans notre bouche, car le Christ mort et ressuscité habite maintenant en nos cœurs et il éclaire d’une lumière nouvelle, par la communication de son Esprit Saint, il éclaire de sa lumière de vie et d’amour toute notre épaisseur humaine.
La première action de l’accueil du Christ ressuscité en nos vies est d’ouvrir un horizon divin au cœur même de notre humanité et de notre monde.
En Christ le sens de notre existence s’ouvre sur la connaissance de Dieu. Connaissance qui est une présence éprouvée dans la foi, l’espérance et l’amour. Cette connaissance nous engage sur les chemins de la vie.
Cette connaissance nous apprend à habiter et traverser notre épaisseur humaine avec tout ce qu’elle comprend comme joies et peines.
Le Christ nous apprend que notre chemin vers Dieu c’est notre humanité même, et que c’est au cœur de cette humanité que le Christ a brisé les murs de séparations et de haine. C’est au cœur de cette humanité que le Christ fait couler en abondance sa miséricorde et sa vie.
Comme au matin de la résurrection le Christ vient à notre rencontre, tout comme il est venu à la rencontre des saintes femmes qui ne l’ont pas trouvé au sépulcre, il vient à notre rencontre pour nous porter l’annonce de sa joie : « Réjouissez-vous, soyez sans crainte….allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée, c’est là qu’ils me verront ».
Cette Galilée qui devient l’image de ce monde que nous habitons en présence du Christ, à travers lequel nous apprenons à mieux le connaître et à travers lequel nous « apprenons les chemins de la vie ».

 

 


Fête de St Etienne

Etienne rempli de l’Esprit Saint, avait son regard tourné vers le ciel, et il contemplait les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout, vivant, à la droite de Dieu. Ce qui nous est décrit là, est le regard de foi, le regard de foi au cœur de la vie chrétienne, regard qui contemple les cieux ouverts par le Christ, le Fils de l’homme et Fils de Dieu, ancre de notre espérance passée au-delà du voile, mais qui ne nous arrache pas aux réalités de la terre, mais au contraire qui nous les fait aimer comme Dieu les aime, jusqu’à donner son Fils, son Unique.
Ce ne peut être que la foi qui nous rend capable de contempler dans l’enfant de la crèche le Verbe de Dieu fait homme, comme ce n’est que la foi qui nous fait contempler dans le mystère pascal ce même Verbe de Dieu qui s’anéantit jusqu’à la mort sur une croix, pour briser les murs de séparations, la haine, et qui est exalté dans la gloire du Père, d’où nous est communiqué toutes grâces. Car Dieu n’a de cesse de nous rejoindre, de vouloir nous relier.
Cette foi nous est donnée par l’Esprit Saint, Esprit du Père et du Fils : « Nul ne peut dire Jésus Christ est Seigneur, si ce n’est par l’action de l’Esprit Saint », nous dit St Paul.
Et l’évangéliste Matthieu nous dit que si nous témoignons de la foi, c’est l’Esprit Saint qui parle en nous.
L’Esprit est l’Esprit de vérité, qui nous enseigne et nous fait comprendre et intégrer la vie de Jésus.
Comprendre et intégrer la vie de Jésus, c’est découvrir la beauté de la vie humaine, de toute vie humaine et sa vocation profonde. Comprendre et intégrer la vie de Jésus c’est aussi ouvrir un dialogue constant avec le monde, au-delà des clivages identitaires, idéologiques ou religieux.
L’amour est l’essence-même de Dieu, Dieu est Amour nous dit St Jean, et l’amour a été répandu en nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné, nous rappelle St Paul, Esprit Saint qui ne cesse de gémir en nous, car cet amour est en quête de partage, en quête de communion et de fraternité, en quête d’échanges. Comme nous le rappelle l’apôtre Paul, cet amour est folie aux yeux des pouvoirs de ce monde, car il est don de soi aux autres, don et pardon. Si les princes de ce monde avaient reconnu cette folie divine, il n’aurait pas crucifié le Seigneur de gloire.
St Etienne que nous fêtons en ce jour a laissé naître le Christ en lui, et il est devenu expression de son amour pour l’humanité, humanité qui a besoin de lumière et de pardon, qui a besoin de miséricorde.

 

 


« Sa mère gardait dans son cœur toutes ces paroles »

Luc 2, 41-51

Chaque année, les parents de Jésus allaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque. Quand il eut douze ans, ils firent le pèlerinage suivant la coutume. Comme ils s’en retournaient à la fin de la semaine, le jeune Jésus resta à Jérusalem sans que ses parents s’en aperçoivent. Pensant qu’il était avec leurs compagnons de route, ils firent une journée de chemin avant de le chercher parmi leurs parents et connaissances. Ne le trouvant pas, ils revinrent à Jérusalem en continuant à le chercher. C’est au bout de trois jours qu’ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs de la Loi : il les écoutait et leur posait des questions, et tous ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses. En le voyant, ses parents furent stupéfaits, et sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme nous avons souffert en te cherchant, ton père et moi ! » Il leur dit : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherche ? Ne le saviez-vous pas ? C’est chez mon Père que je dois être. » Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait. — Il descendit avec eux pour rentrer à Nazareth, et il leur était soumis. Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements.


Luc 24, 25-32

Jésus leur dit : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait. Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin. Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux. Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. Ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? »


« Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? » Sa mère ne comprenait pas plus que les autres ce que faisait et disait Jésus. « Son père et sa mère – à sa naissance – s’étonnaient de ce qui était dit de lui. » (Luc 2,33)

« Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. » (Luc 2,19)
Et « sa mère gardait dans son cœur tous ces événements – littéralement ces paroles. »

Marie les gardait, les retenait dans son cœur, et se demandait ce qu’elles signifiaient, comme lorsqu’elle s’était demandée ce que pouvait signifier la salutation de l’ange. (Luc 1,29)

Dans le langage biblique, le cœur, plutôt que le siège des sentiments, est le lieu de la pensée. Saint Benoît reprend ce même langage lorsqu’il nous dit de répéter toujours dans notre cœur telle ou telle parole de l’Écriture :

« Aussi, pour être vigilant sur ses pensées perverses, le vrai moine répètera toujours dans son cœur : Je serai sans tache devant lui, si je me tiens en garde contre mon iniquité » (Règle de saint Benoît 7,18 – Psaume 17,24).

« Le moine répète toujours dans son cœur ce que le publicain de l’Evangile disait, les yeux fixés à terre : Seigneur, je ne suis pas digne, moi, pécheur, de lever les yeux vers le ciel » (Règle de saint Benoît 7,65 – Luc 18,13 ; Matthieu 8,8).

Gardons dans notre cœur les paroles de l’Écriture, méditons-les, demandons-nous ce qu’elles signifient. Jusqu’à ce que notre cœur soit brûlant comme celui des disciples auxquels Jésus ressuscité a ouvert les Écritures

 


Le règne de Dieu s’est approché de nous

Lettre de saint Paul à Tite 1, 1-5
PAUL, SERVITEUR DE DIEU, apôtre de Jésus Christ au service de la foi de ceux que Dieu a choisis et de la pleine connaissance de la vérité qui est en accord avec la piété. Nous avons l’espérance de la vie éternelle, promise depuis toujours par Dieu qui ne ment pas. Aux temps fixés, il a manifesté sa parole dans la proclamation de l’Évangile qui m’a été confiée par ordre de Dieu notre Sauveur. Je m’adresse à toi, Tite, mon véritable enfant selon la foi qui nous est commune : à toi, la grâce et la paix de la part de Dieu le Père et du Christ Jésus notre Sauveur. Si je t’ai laissé en Crète, c’est pour que tu finisses de tout organiser et que, dans chaque ville, tu établisses des Anciens comme je te l’ai commandé moi-même.

 

Évangile selon saint Luc 10, 1-9
En ce temps-là, parmi les disciples le Seigneur en désigna encore soixante-douze, et il les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre. Il leur dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. Allez ! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales, et ne saluez personne en chemin. Mais dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : “Paix à cette maison.” S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l’on vous sert ; car l’ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison. Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qui vous est présenté. Guérissez les malades qui s’y trouvent et dites-leur : “Le règne de Dieu s’est approché de vous.”

 

 

Voici que, « parmi les disciples, Jésus en désigne encore soixante-douze, et qu’il les envoie deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre. » Soixante-douze, comme le nombre des peuples de la terre, selon le livre de la Genèse, après le déluge (Genèse 10). Symboliquement, c’est déjà à tous les peuples que Jésus envoie ses disciples, deux par deux.

Timothée et Tite n’avaient sans doute pas fait partie des soixante-douze disciples envoyés par Jésus. L’un était de mère juive devenue croyante mais de père grec (Actes des Apôtres 16,1), l’autre était grec (Galates 2,3).

Mais, collaborateurs très proches de Paul, ils ont été des premiers à raconter à tous les peuples sa gloire, à toutes les nations ses merveilles (Psaume 95,3).

Avec eux l’Église s’organise “en toute ville et localité où Jésus va se rendre”. Ainsi, à Crète, Tite devait établir des Anciens dans chaque ville.

Que la mémoire des saints Timothée et Tite soit pour nous un rappel de la mission, qui est aussi la nôtre, d’annoncer, par toute notre vie, autour de nous, que “Le règne de Dieu s’est approché de nous.”


 

Ne pas fermer à clé le Royaume de Dieu

Matthieu 23, 13.15-22

Jésus disait : « Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous fermez à clé le Royaume des cieux devant les hommes ; vous-mêmes n’y entrez pas, et ceux qui essayent d’y entrer, vous ne leur permettez pas d’entrer !

Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous parcourez la mer et la terre pour faire un seul converti, et quand vous y avez réussi, vous en faites un homme voué à la géhenne, deux fois pire que vous !

Malheureux êtes-vous, guides aveugles, vous qui dites : ‘Si l’on fait un serment par le Temple, il est nul ; mais si l’on fait un serment par l’or du Temple, on doit s’en acquitter. Insensés et aveugles !

Qu’est-ce qui est le plus important : l’or ? ou bien le Temple par lequel cet or devient sacré ?

Vous dites encore : ‘Si l’on fait un serment par l’autel, il est nul ; mais si l’on fait un serment par l’offrande posée sur l’autel, on doit s’en acquitter.’ Aveugles ! Qu’est-ce qui est le plus important : l’offrande ? ou bien l’autel par lequel cette offrande devient sacrée ?

Celui qui fait un serment par l’autel fait donc un serment par l’autel et par tout ce qui est posé dessus ; et celui qui fait un serment par le Temple fait un serment par le Temple et par Celui qui l’habite ; et celui qui fait un serment par le ciel fait un serment par le trône divin et par Celui qui siège sur ce trône. »

 

Psaume 95, 1-5a

Chantez au Seigneur un chant nouveau, chantez au Seigneur, terre entière, chantez au Seigneur et bénissez son nom ! De jour en jour, proclamez son salut, racontez à tous les peuples sa gloire, à toutes les nations ses merveilles ! Il est grand, le Seigneur, hautement loué, redoutable au-dessus de tous les dieux : néant, tous les dieux des nations ! Jésus avait dit à Pierre : « Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux » (Matthieu 16,19).

Et voici qu’il reproche aux scribes et pharisiens hypocrites qu’ils fermaient à clé le Royaume des cieux devant les hommes. Comment cela ? Avec leurs exigences tatillonnes, « ils liaient de pesants fardeaux et en chargeaient les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne voulaient pas les remuer du doigt » (Matthieu 23,4).

Il avait dit pourtant : « mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. » (Matthieu 11,30)

Chacun de nous peut lier de pesants fardeaux et en charger les épaules des autres, et fermer ainsi à clé le Royaume de Dieu devant les hommes. Il faut, au contraire, que notre manière de vivre soit toujours, comme le dit le psaume, un chant nouveau, une proclamation de son salut. Qu’elle « raconte à tous les peuples ses merveilles ». Il faut « que notre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faisons de bien, ils rendront gloire à notre Père qui est aux cieux. » (Matthieu 5,16)

 


« Le nom du Seigneur »

Psaume Ps 101, 16-18, 19-21, 29.22-23

Les nations craindront le nom du Seigneur, et tous les rois de la terre, sa gloire : quand le Seigneur rebâtira Sion, quand il apparaîtra dans sa gloire, il se tournera vers la prière du spolié, il n’aura pas méprisé sa prière. Que cela soit écrit pour l’âge à venir, et le peuple à nouveau créé chantera son Dieu : « Des hauteurs, son sanctuaire, le Seigneur s’est penché ; du ciel, il regarde la terre pour entendre la plainte des captifs et libérer ceux qui devaient mourir. » Les fils de tes serviteurs trouveront un séjour, et devant toi se maintiendra leur descendance. On publiera dans Sion le nom du Seigneur et sa louange dans tout Jérusalem, au rassemblement des royaumes et des peuples qui viendront servir le Seigneur. Actes des Apôtres 4, 7-12

 

Ils firent amener Pierre et Jean au milieu d’eux et les questionnèrent : « Par quelle puissance, par le nom de qui, avez-vous fait cette guérison ? » Alors Pierre, rempli de l’Esprit Saint, leur déclara : « Chefs du peuple et anciens, nous sommes interrogés aujourd’hui pour avoir fait du bien à un infirme, et l’on nous demande comment cet homme a été sauvé. Sachez-le donc, vous tous, ainsi que tout le peuple d’Israël : c’est par le nom de Jésus le Nazaréen, lui que vous avez crucifié mais que Dieu a ressuscité d’entre les morts, c’est par lui que cet homme se trouve là, devant vous, bien portant.

Ce Jésus est la pierre méprisée de vous, les bâtisseurs, mais devenue la pierre d’angle. En nul autre que lui, il n’y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver. » « Les nations craindront le nom du Seigneur », « On publiera dans Sion le nom du Seigneur », dit le psaume. Et il unit le nom du Seigneur à sa gloire, qui apparaîtra « quand il se tournera vers la prière du spolié. » Le nom du Seigneur dit sa présence. Jérusalem et le Temple étaient le « lieu choisi par le Seigneur pour y mettre son nom et y demeurer ». (Deutéronome 12,5. Cf. 14,23 ; 16,2.11 ; 26,2 ; 1 Rois 8,16 ; 9,3 ; 11,36 ; 14,21 ; 2 Rois 23,27.)

 

C’est « par le nom de Jésus » que Pierre et Jean guériront l’homme infirme de naissance. Et ils attesteront devant les chefs du peuple et les anciens : « Sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver. » Nous qui avons été baptisés « au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit » (Matthieu 28,19), nous devons être devant les hommes les témoins du nom du Seigneur, qui « des hauteurs, son sanctuaire, s’est penché ; et du ciel, il regarde la terre pour entendre la plainte des captifs et libérer ceux qui devaient mourir. » Alors « on publiera dans l’Église le nom du Seigneur » et « tous les peuples viendront servir le Seigneur », comme le dit ce psaume.

 


« Que ton visage s’éclaire, et nous serons sauvés ! »

Psaume 79, 2ac.3bc, 15bc-16, 19-20

Berger d’Israël, écoute, resplendis au-dessus des Kéroubim. Réveille ta vaillance et viens nous sauver. Du haut des cieux, regarde et vois : visite cette vigne, protège-la, celle qu’a plantée ta main puissante, le rejeton qui te doit sa force. Jamais plus nous n’irons loin de toi : fais-nous vivre et invoquer ton nom ! Seigneur, Dieu de l’univers, fais-nous revenir ; que ton visage s’éclaire, et nous serons sauvés ! Psaume 26, 4.8-9a

 

J’ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie, pour admirer le Seigneur dans sa beauté et m’attacher à son temple. Mon cœur m’a redit ta parole : « Cherchez ma face. » C’est ta face, Seigneur, que je cherche : ne me cache pas ta face. Avec le psaume nous demandons : « que ton visage s’éclaire, et nous serons sauvés ! » Un autre nous dit : « Cherchez le Seigneur, recherchez sans trêve sa face. » (Psaume 104,4).

 

 

Et un autre encore nous fait dire : « Mon cœur m’a redit ta parole : “Cherchez ma face.” C’est ta face, Seigneur, que je cherche : ne me cache pas ta face. » Le Seigneur avait dit à Moïse : « Tu ne pourras pas voir mon visage, car un être humain ne peut pas me voir et rester en vie. » (Exode 33,20)

 

Mais, en fait, n’est-ce pas plutôt son regard ce que nous cherchons ? C’est son regard qui nous fait vivre : « Du haut des cieux, regarde et vois : visite cette vigne, protège-la, celle qu’a plantée ta main puissante. » Ne nous écartons jamais de son regard. « Seigneur, Dieu de l’univers, fais-nous revenir. Jamais plus nous n’irons loin de toi. » Alors, « comme nous l’avons appris du Sauveur et selon son commandement, nous osons dire : Notre Père. » Car « Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, et cet Esprit crie « Abba ! », c’est-à-dire : Père ! » (Galates 4,6)

 


Trouver la parole du Seigneur

Amos 8, 4-6.11-12

Écoutez ceci, vous qui écrasez le pauvre pour anéantir les humbles du pays, car vous dites : « Quand donc la fête de la nouvelle lune sera-t-elle passée, pour que nous puissions vendre notre blé ? Quand donc le sabbat sera-t-il fini, pour que nous puissions écouler notre froment ? Nous allons diminuer les mesures, augmenter les prix, et fausser les balances. Nous pourrons acheter le malheureux pour un peu d’argent, le pauvre pour une paire de sandales.

Nous vendrons jusqu’aux déchets du froment ! » Voici venir des jours, déclare le Seigneur Dieu, où j’enverrai la famine sur la terre ; ce ne sera pas une faim de pain ni une soif d’eau, mais la faim et la soif d’entendre les paroles du Seigneur. On se traînera d’une mer à l’autre, marchant à l’aventure du nord au levant, pour chercher en tout lieu la parole du Seigneur, mais on ne la trouvera pas. Matthieu 9, 9-13 Jésus, sortant de Capharnaüm, vit un homme, du nom de Matthieu, assis à son bureau de publicain (collecteur d’impôts). Il lui dit : « Suis-moi. » L’homme se leva et le suivit.

Comme Jésus était à table à la maison, voici que beaucoup de publicains et de pécheurs vinrent prendre place avec lui et ses disciples. Voyant cela, les pharisiens disaient aux disciples : « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ? » Jésus, qui avait entendu, déclara : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Allez apprendre ce que veut dire cette parole : C’est la miséricorde que je désire, et non les sacrifices (Osée 6,6).

 

Car je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs. » « On se traînera d’une mer à l’autre pour chercher en tout lieu la parole du Seigneur… mais on ne la trouvera pas. » La conclusion de la lecture du livre d’Amos ne pouvait être plus sèche. Pourtant, dans le livre du Deutéronome, nous lisons : « Cette loi que je te prescris aujourd’hui n’est pas au-dessus de tes forces ni hors de ton atteinte. Elle est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur… afin que tu la mettes en pratique. » (Deutéronome 30, 11 et 14).

 

C’est ainsi que nous pourrons la trouver la parole du Seigneur : si nous la cherchons pour la mettre en pratique. Alors seront « Heureux ceux qui gardent les paroles de Dieu, et le cherchent de tout cœur ! », comme dit le psaume (118,2).

 

Et ce qu’est vraiment la parole du Seigneur nous l’a dit Jésus : « Allez apprendre ce que veut dire cette parole : C’est la miséricorde que je désire, et non les sacrifices. » Si notre vie est tissée de miséricorde, nous comprendrons ce que veut dire que « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » (Matthieu 4,4 ; Deutéronome 8,3).

 


Ne pas riposter au méchant

Exode 21, 23-25

Mais s’il arrive malheur, tu paieras vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, blessure pour blessure, meurtrissure pour meurtrissure. Lévitique 24, 19-20

 

Si un homme provoque une infirmité chez un de ses compatriotes, on lui fera comme il a fait : fracture pour fracture, œil pour œil, dent pour dent. Telle l’infirmité provoquée, telle l’infirmité subie. Matthieu 5, 38-42

 

Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : « Vous avez appris qu’il a été dit : Œil pour œil, dent pour dent. Eh bien moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. Et si quelqu’un veut te faire un procès et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. Donne à qui te demande ; ne te détourne pas de celui qui veut t’emprunter. » « Œil pour œil, dent pour dent. » Ce commandement voulait imposer une limite juste à la vengeance. Mais, pour que nous puissions entrer dans le royaume des Cieux, Jésus demande que notre justice surpasse celle des scribes et des pharisiens (Matthieu 5, 17-20).

 

Nous devons faire davantage : ne pas riposter au méchant. Et il nous propose les exemples bien connus : la gifle et les deux joues, la tunique et le manteau, les mille pas et les deux mille. La Règle de saint Benoît, au cœur du chapitre sur l’humilité, reprend ces exemples et nous dit : « ils accomplissent le précepte du Seigneur par la patience dans les adversités et les injustices : si on les frappe sur une joue, ils présentent aussi l’autre ; à qui ôte leur tunique, ils abandonnent aussi le manteau ; requis pour un mille, ils en font deux. » (Règle de saint Benoît 7, 42).

 

C’est bien l’humilité ce qui nous permet d’accomplir ce commandement de celui qui nous a dit aussi : « Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. » (Matthieu 11, 29)

 


Oui et non

Matthieu 5, 37

Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait :

«… Quand vous dites ‘oui’, que ce soit un ‘oui’, quand vous dites ‘non’, que ce soit un ‘non’. Tout ce qui est en plus vient du Mauvais ». Quand vous dites oui, que ce soit un « oui », quand vous dites non, que ce soit un « non ». Tout ce qui est en plus vient du Mauvais. Qu’est-ce qui pourrait être en plus d’un oui ou d’un non ? Ce pourrait-être la confusion. La confusion qui fait perdre le sens de ce que l’on vit, le sens de ce que l’on fait. La confusion qui fait que nous avons du mal à vivre ensemble et à construire quelque chose de bien et d’heureux ensemble. Le Mauvais brouille les pistes. La confusion empêche notre vie de porter du fruit.

Savoir dire oui ou non nous fait sortir de la confusion. Mais on ne dit pas oui ou non à la légère. Dans la vie courante quand on doit prendre des décisions, ou s’engager dans des actions, il est bon de réfléchir, de dialoguer, de se renseigner avant de voir si cela vaut la peine de se lancer ou non dans l’un ou l’autre projet. Cela s’appelle exercer un discernement. Quand Jésus nous dit : « Que votre oui soit oui, et votre non soit non », c’est un appel à entrer dans un discernement.

Est-ce que la vie de Jésus, ce qu’il représente pour notre foi, pour notre espérance nous aide à trouver un sens à nos vies ? Est-ce que la vie de Jésus nous aide à faire de bons choix ? des choix qui font du bien. Est-ce que la vie de Jésus nous aide à discerner et à dire non à ce qui peut nous faire du mal ?

Jésus le Fils de Dieu n’a été que « oui » pour notre bien. Et il a été que « non » pour tout ce qui peut nous nuire et faire du mal à l’humanité. A nous de discerner et d’apprendre avec lui, à être un vrai oui et un vrai non, pour faire du bien à notre humanité et éviter de faire du mal. Que Marie nous entraîne aussi dans les pas de son oui.

 


Consentir

Jean 21,15-19.

Après le repas au bord du lac, Jésus ressuscité dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur, je t’aime, tu le sais. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux. » Il lui dit une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur, je t’aime, tu le sais. » Jésus lui dit : « Sois le pasteur de mes brebis. » Il lui dit, pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, est-ce que tu m’aimes ? » Pierre fut peiné parce que, pour la troisième fois, il lui demandait : « Est-ce que tu m’aimes ? » et il répondit : « Seigneur, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. »

 

Jésus lui dit : « Sois le berger de mes brebis. Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. » Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu. Puis il lui dit encore : « Suis-moi. » « Suis-moi » Jésus et Jésus ressuscité est un guide, plus même qu’un guide puisqu’il est le chemin. Entre Jésus et tout baptisé il y a une alliance.

C’est le sens de la triple demande de Jésus à Pierre : « M’aimes-tu ? » Cet amour nous rend responsables, c’est à dire capables de réponse et d’engagement à travers des situations, des évènements que nous ne choisissons pas la plupart du temps mais qui requièrent notre consentement pour les traverser avec le Christ. Comme le Christ Jésus qui jusqu’au bout a été le répondant du Père, de celui qui l’a envoyé pour manifester son amour aux hommes, ceux qui portent le nom de chrétiens sont aussi appelés à être les répondants du nom du Christ et de son Esprit par lequel nous sommes signés, marqués. Et ce répondant ne s’opère pas par nos propres forces, mais comme le dit St Jean par grâce sur grâce (Jn 1, 16), venant de Jésus et de l’Esprit Saint.

 

Car nous cheminons avec nos chutes et nos relèvements, avec nos forces et nos faiblesses, nos qualités et nos défauts, avec nos limites et par-dessus tout pas seuls. Nous cheminons avec Jésus bien-sûr, mais aussi avec les autres, avec nos frères, ces frères comme dans le cas d’une communauté que nous n’avons pas préalablement choisis, mais auxquels nous consentons.

 


Témoins

Ac 2,14.22-32

Le jour de la Pentecôte, Pierre, debout avec les onze autres Apôtres, prit la parole ; il dit d’une voix forte : « Habitants de la Judée, et vous tous qui séjournez à Jérusalem, comprenez ce qui se passe aujourd’hui, écoutez bien ce que je vais vous dire. Il s’agit de Jésus le Nazaréen, cet homme dont Dieu avait fait connaître la mission en accomplissant par lui des miracles, des prodiges et des signes au milieu de vous, comme vous le savez bien. Cet homme, livré selon le plan et la volonté de Dieu, vous l’avez fait mourir en le faisant clouer à la croix par la main des païens. Or, Dieu l’a ressuscité en mettant fin aux douleurs de la mort, car il n’était pas possible qu’elle le retienne en son pouvoir…Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins. » Mt 28, 8-15

 

Quand les femmes eurent entendu les paroles de l’ange, vite, elles quittèrent le tombeau, tremblantes et toutes joyeuses, et elles coururent porter la nouvelle aux disciples. Et voici que Jésus vint à leur rencontre et leur dit : « Je vous salue. » Elles s’approchèrent et, lui saisissant les pieds, elles se prosternèrent devant lui.

 

Alors Jésus leur dit : « Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront. » Tandis qu’elles étaient en chemin, quelques-uns des hommes chargés de garder le tombeau allèrent en ville annoncer aux chefs des prêtres tout ce qui s’était passé. Ceux-ci, après s’être réunis avec les anciens et avoir tenu conseil, donnèrent aux soldats une forte somme en leur disant : « Voilà ce que vous raconterez : ‘Ses disciples sont venus voler le corps, la nuit pendant que nous dormions.’ Et si tout cela vient aux oreilles du gouverneur, nous lui expliquerons la chose, et nous vous éviterons tout ennui. »Les soldats prirent l’argent et suivirent la leçon. Et cette explication s’est propagée chez les Juifs jusqu’à ce jour.

 

Pierre debout pris la parole : « Comprenez ce qui se passe aujourd’hui, écoutez bien ce que je vais vous dire ! » Oui, aujourd’hui comme autrefois, aujourd’hui comme aux premiers temps des disciples, à Jérusalem où l’Eglise commence, nous sommes invités à entendre : « Ce Jésus Dieu l’a ressuscité, tous nous en sommes témoins. » Et aujourd’hui comme autrefois nous sommes invités à comprendre : « Il n’est pas possible que la mort le retienne en son pouvoir. » Ce Jésus est le même hier et aujourd’hui, c’est lui qui anime et réveille notre foi, notre espérance, aucune mort ne peut plus nous retenir. Ecouter et comprendre c’est ranimer et vivifier notre vie de disciples pour devenir à notre tour témoins de ce Christ qui change l’horizon de nos vies. Avant toute chose nous sommes présents avec les femmes au tombeau et nous avons entendu les paroles de l’ange : « Ne craignez pas, Il est vivant, il est ressuscité, comme il l’avait dit, il n’est plus ici, courez vite l’annoncer aux disciples… » Oui, le Christ est remonté libre de parmi les morts, et c’est lui qui se présente aux femmes, qui les devance, c’est lui qui devance les disciples en Galilée, c’est lui qui se présente à nous, qui nous devance, avec lui notre histoire prend un nouveau jour, un nouveau tour, sa présence et sa rencontre commence par procurer la joie et la confiance que Dieu ne nous a pas abandonnés. Par sa présence à l’intime de notre être, Jésus nous dit comme aux femmes : « Réjouissez-vous, ne craignez pas ». « Allez annoncer à mes frères… », dit Jésus, la foi dans le ressuscité ne fait pas de nous seulement des disciples, mais nous rend frères et sœurs en Christ, lui le premier–né d’une multitude de frères.

L’évangéliste Matthieu insère dans les récits de la mise au tombeau et de la résurrection, le récit de la garde dépêchée par les chefs religieux hostiles à Jésus et par Pilate, pour sceller le tombeau et en empêcher tout accès, mais ce récit est surtout là pour confirmer qu’aucune force humaine hostile ne peut contrecarrer la puissance de Dieu. Le tombeau a été ouvert sans aucune intervention humaine, les gardes en ont été terrassés.

Les hommes peuvent faire tout ce qu’ils veulent pour s’assurer que l’affaire Jésus est terminée et que son souvenir est effacé, aussi bien hier qu’aujourd’hui, mais les forces humaines n’ont plus d’autres recours que le mensonge. Car le tombeau ouvert est l’éloquent témoin que Dieu accomplit la promesse par Jésus, promesse que proclame Pierre : « Jésus siège sur le trône du Tout-puissant,…il n’était pas possible que la mort le retienne en son pouvoir. » Oui, avec les femmes et les disciples réjouissons-nous et vivons en témoins du Christ, en frères et sœurs du Christ, pour proclamer au monde : « Jésus est vivant. »

 


Le mur de la haine

Jean 7,40-53.

Jésus enseignait au temple de Jérusalem. Dans la foule, on avait entendu ses paroles, et les uns disaient : » C’est vraiment lui, le grand Prophète! » D’autres disaient : « C’est lui le Messie ! » Mais d’autres encore demandaient : « Est-ce que le Messie peut venir de Galilée ?

 

L’Écriture dit pourtant qu’il doit venir de la descendance de David et de Bethléem, le village où habitait David ! » C’est ainsi que la foule se divisa à son sujet. Quelques-uns d’entre eux voulaient l’arrêter, mais personne ne mit la main sur lui. Voyant revenir les gardes qu’ils avaient envoyés arrêter Jésus, les chefs des prêtres et les pharisiens leur demandèrent : « Pourquoi ne l’avez-vous pas ramené ? » Les gardes répondirent : « Jamais un homme n’a parlé comme cet homme ! » Les pharisiens leur répliquèrent : « Alors, vous aussi, vous vous êtes laissé égarer ?

 

Parmi les chefs du peuple et les pharisiens, y en a-t-il un seul qui ait cru en lui ? Quant à cette foule qui ne sait rien de la Loi, ce sont des maudits ! » Parmi les pharisiens, il y avait Nicodème, qui était allé précédemment trouver Jésus ; il leur dit : « Est-ce que notre Loi permet de condamner un homme sans l’entendre d’abord pour savoir ce qu’il a fait ? » Ils lui répondirent : « Alors, toi aussi, tu es de Galilée ? Cherche bien, et tu verras que jamais aucun prophète ne surgit de Galilée ! » Puis ils rentrèrent chacun chez soi. Le passage d’évangile de ce jour met en lumière les contradictions qui surgissent entre ceux qui qui se laissent interpeller et surprendre par l’enseignement et les actions de Jésus et ceux qui, persuadés de la supériorité de leur doctrine et de leurs prérogatives religieuses voient en Jésus un dangereux contradicteur. Pourtant ceux qui se targuent de connaître si bien les Ecritures en s’en faisant les maîtres et les possesseurs, sont ceux-là mêmes comme le dit Jésus qui se sont emparés de la clé de la connaissance et tiennent fermées les portes du Royaume.

 

Ils ont monté un mur de séparation : « Quant à cette foule qui ne sait rien de la loi ce sont des maudits » disent-ils. Et Jésus mourra comme un maudit et un blasphémateur de la loi. C’est sur la croix, par le plus grand amour qu’il a témoigné, démontré, qu’il détruira tout mur de séparation, la haine. C’est cet amour divin qui accomplit les Ecritures et la Loi. Au début de son évangile St Jean nous dit : « Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu…mais à tous ceux qui l’ont reçu et qui ont cru en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu… » En voyant poindre la lumière de la Pâque qui approche, laissons-nous éclairer sur nos murs de séparation par lesquels nous serions tentés ou derrière lesquels nous nous abritons et laissons la parole du Christ nous libérer et nous ouvrir à notre véritable liberté et vocation d’enfants de Dieu, lui qui est venu et a donné sa vie pour la multitude.

 


Justesse

Os 6,1-6

Les fils d’Israël se disaient entre eux : « Allons ! Revenons au Seigneur ! C’est lui qui nous a cruellement déchirés, c’est lui qui nous guérira…

 

Dieu répondit : «Que vais-je te faire, Éphraïm ? Que vais-je te faire, Juda ? Votre amour est fugitif comme la brume du matin, comme la rosée qui s’évapore c’est l’amour que je désire, et non les sacrifices, la connaissance de Dieu, plutôt que les holocaustes.» Lc 18, 9-14 Jésus dit une parabole pour certains hommes qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient tous les autres : « Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain. Le pharisien se tenait là et priait en lui-même :

‘Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes : voleurs, injustes, adultères, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.’ Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant :

‘Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis !’ Quand ce dernier rentra chez lui, c’est lui, je vous le déclare, qui était devenu juste, et non pas l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »

 

L’évangile de ce jour comme le passage du prophète Osée nous tracent la ligne d’une juste attitude spirituelle. Ils nous enseignent sur une justesse de relation et vis à vis de Dieu et vis-à-vis des autres. Dans la justesse vis-à-vis de Dieu, ces textes dénoncent les ambiguïtés d’un culte ou d’une religiosité extérieure et formelle, qui ne se satisferait que par elle-même, une sorte de tranquillité ou d’un acquittement moral du donnant-donnant. Le prophète en appelle à une relation cordiale et filiale. Le lien à Dieu n’est pas une série de règles à suivre mais l’engagement dans une alliance aimante et vivante. C’est cette alliance aimante et vivante qui aura comme corollaires des œuvres de justice et de miséricorde, les œuvres sont là nous dit St Jacques pour manifester que notre foi est vivante et notre charité vraie active. Cette justesse de relation avec Dieu, nous pose aussi en justesse de relation avec les autres, nous sommes tous sous le regard aimant de Dieu et nous dit Jésus : nous ne pouvons pas nous prendre pour la norme pour juger les autres, seul le regard vrai et aimant de Dieu peut voir avec justice ce qui anime les secret des cœurs, et sous son regard rien n’est figé, chacun est appelé à grandir, est appelé à lui ressembler. Pour vivre avec plus de justesse les uns avec les autres laissons résonner en nous le regard de Jésus, laissons résonner ses paroles et ses actes, laissons-nous atteindre par ses sentiments et lui nous élèvera.


« Pardonne-nous nos offenses… »

Daniel 9, 4b-10 Moi,

Daniel, 4 je fis au Seigneur mon Dieu cette prière et cette confession :

« Ah ! Seigneur, Dieu grand et redoutable, qui gardes ton alliance et ton amour à ceux qui t’aiment et qui observent tes commandements, 5 nous avons péché, nous avons commis l’iniquité, nous avons fait le mal, nous avons été rebelles, nous nous sommes détournés de tes commandements et de tes préceptes. 6 Nous n’avons pas écouté tes serviteurs les prophètes, qui ont parlé en ton nom à nos rois, à nos chefs, à nos pères, à tout le peuple du pays. 7 À toi, Seigneur, la justice ; à nous la honte au visage,…10 nous n’avons pas écouté la voix du Seigneur, notre Dieu ; nous n’avons pas suivi les lois qu’il nous proposait par ses serviteurs les prophètes. » Psaume 78, 8-9.11.13 Seigneur, n’agis pas envers nous selon nos fautes. (Psaume 102,10a) 8 Ne retiens pas contre nous les péchés de nos ancêtres : que nous vienne bientôt ta tendresse, car nous sommes à bout de force! 9 Aide-nous, Dieu notre Sauveur, pour la gloire de ton nom! Délivre-nous, efface nos fautes, pour la cause de ton nom! 11 Que monte en ta présence la plainte du captif!

Ton bras est fort : épargne ceux qui doivent mourir. 13 « Et nous, ton peuple, le troupeau que tu conduis, sans fin nous pourrons te rendre grâce et d’âge en âge proclamer ta louange. » Luc 6,36-38 36 

 

Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. 37 Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. 38 Donnez, et vous recevrez : une mesure pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans votre tablier ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous. » « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensé. » Nous faisons souvent cette demande. Mais… sommes-nous toujours conscients de “nos offenses” ? « À nous la honte au visage… » – disait le prophète – « au Seigneur notre Dieu, la miséricorde et le pardon ». Dans les psaumes nous trouvons le langage qui nous apprend et à être conscients de nos péchés et à mettre toute notre confiance en la miséricorde de Dieu. « Seigneur, n’agis pas envers nous selon nos fautes. » « Délivre-nous, efface nos fautes, pour la cause de ton nom! » « Que nous vienne bientôt ta tendresse, car nous sommes à bout de force! » Or, la demande du Notre Père mentionne aussi “ceux qui nous ont offensé”… mais c’est pour nous rappeler que « la mesure dont nous nous servons pour les autres servira aussi pour nous ».

Et là où dans l’évangile de Matthieu nous lisons : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait », en celui de Luc nous avons entendu : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. » C’est sa perfection !

 


Un regard qui accueille

Luc 5, 27-32

Jésus remarqua un publicain (collecteur d’impôts) du nom de Lévi assis à son bureau de publicain. Il lui dit : « Suis-moi. » Abandonnant tout, l’homme se leva et se mit à le suivre. Lévi lui offrit un grand festin dans sa maison ; il y avait une grande foule de publicains et d’autres gens attablés avec eux. Les pharisiens et les scribes de leur parti récriminaient en disant à ses disciples : « Pourquoi mangez-vous et buvez-vous avec les publicains et les pécheurs ? »

 

Jésus leur répondit : « Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je suis venu appeler non pas les justes mais les pécheurs, pour qu’ils se convertissent. » Jésus pose son regard sur un publicain, un collecteur d’impôts, autant dire un mal-aimé, un mal considéré, et l’appelle. Ce que voit Jésus ce n’est pas son statut de publicain, mais ce que touche le regard, le discernement de Jésus et ce que rejoint sa parole, c’est le débat interne et les aspirations qui se jouent dans le cœur de Lévi. Jésus appelle les personnes dans le meilleur et pour le meilleur d’elles-mêmes. Lévi se sent immédiatement rejoint au plus profond de son désir au-delà des apparences, au-delà de sa position sociale, au-delà des jugements des autres.

Le regard et la parole de Jésus viennent le libérer, cette libération est aussi un chemin de guérison intérieure, de guérison spirituelle qui entraîne tout son être. Pour reprendre les images du prophète Isaïe dans la première lecture, celui qui suit l’enseignement du Christ, répare les brèches, remet en service les routes, qui mènent à la vie sainte et véritable. Si Lévi fait tant confiance au regard du Christ sur lui, c’est que Lévi perçoit et reconnaît en Jésus la beauté et la bonté profonde qui émane de sa sagesse et de sa sainteté, il y perçoit le regard de Dieu que la doctrine des scribes et des pharisiens ne laissaient pas transparaître. Non seulement Lévi se sent accueilli et reconnu par Jésus, mais le suivre c’est tout d’abord l’accueillir chez-lui. Accueillir Jésus c’est lui ouvrir notre vie et faire de notre vie un cheminement avec lui, un vivre-avec. « Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi » Ap 3, 20

 

 


Les épreuves

Jacques 1, 1-4 1

Moi, Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus Christ, je vous salue joyeusement, vous qui appartenez aux douze tribus d’Israël dispersées dans le monde. 2 Mes frères, quand vous butez sur toute sorte d’épreuves, pensez que c’est une grande joie. 3 Car l’épreuve, qui vérifie la qualité de votre foi, produit en vous la persévérance, 4 et la persévérance doit vous amener à une conduite parfaite ; ainsi vous serez vraiment parfaits, il ne vous manquera rien. Psaume 118, 67-68.71-72.75-77 67

 

Avant d’avoir souffert, je m’égarais; maintenant, j’observe tes ordres. 68 Toi, tu es bon, tu fais du bien : apprends-moi tes commandements. 71 C’est pour mon bien que j’ai souffert, ainsi, ai-je appris tes commandements. 72 Mon bonheur, c’est la loi de ta bouche, plus qu’un monceau d’or ou d’argent. 75 Seigneur, je le sais, tes décisions sont justes; tu es fidèle quand tu m’éprouves. 76 Que j’aie pour consolation ton amour selon tes promesses à ton serviteur! 77 Que vienne à moi ta tendresse, Seigneur, et je vivrai. « Mes frères, quand vous butez sur toute sorte d’épreuves, pensez que c’est une grande joie ». Les épreuves ne peuvent pas manquer dans notre vie. Mais, comment peuvent-elles être pour nous une grande joie, comme nous le dit la lettre de Jacques ? Dans la parabole du semeur, Jésus avait parlé de ceux qui « accueillent la Parole avec joie ; mais qui n’ont pas de racines, et, au moment de l’épreuve, ils abandonnent. » (Luc 8,13)

 

Et alors qu’il avait dit à ses disciples : « Vous, vous avez tenu bon avec moi dans mes épreuves » (Luc 22,28), à Gethsémani il leur dira : « Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation ; l’esprit est ardent, mais la chair est faible. » (Matthieu 26,41) Et Paul écrira aux chrétiens de Corinthe pour les encourager : « Dieu ne permettra pas que vous soyez éprouvés au-delà de vos forces. Mais avec l’épreuve il donnera le moyen d’en sortir et la force de la supporter ». (1 Corinthiens 10,13)

 

« Mes frères, quand vous butez sur toute sorte d’épreuves, pensez que c’est une grande joie ». Le psaume, en de brèves sentences, nous en a donné une clef : « C’est pour mon bien que j’ai souffert, ainsi, ai-je appris tes commandements. » « C’est pour mon bien » : voici la grande joie. Car, « avant d’avoir souffert, je m’égarais; maintenant, j’observe tes ordres. » Quand nous butons sur toute sorte d’épreuves, pensons que c’est une grande joie et disons : « Que j’aie pour consolation ton amour selon tes promesses à ton serviteur! Que vienne à moi ta tendresse, Seigneur, et je vivrai. » Car « l’épreuve vérifie la qualité de notre foi et produit en nous la persévérance. »

 


Enfants de Dieu

1 Jean 2,29.3,1-6

Mes bien-aimés, puisque vous savez que Dieu est juste, reconnaissez aussi que tout homme qui vit selon la justice de Dieu est vraiment né de lui. Voyez comme il est grand, l’amour dont le Père nous a comblés : il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. Voilà pourquoi le monde ne peut pas nous connaître : puisqu’il n’a pas découvert Dieu. Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons ne paraît pas encore clairement.

 

Nous le savons : lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est. Et tout homme qui fonde sur lui une telle espérance se rend pur comme lui-même est pur. Tout homme qui commet le péché lutte contre Dieu ; car le péché, c’est la lutte contre Dieu. Or, vous savez que lui, Jésus, est apparu pour enlever les péchés, et qu’il n’y a pas de péché en lui. Quand un homme demeure en lui, il ne pèche pas ; quand il pèche, c’est qu’il ne l’a pas vu et ne le connaît pas. Jean 1,29-34 Comme Jean Baptiste voyait Jésus venir vers lui, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ; c’est de lui que j’ai dit : Derrière moi vient un homme qui a sa place devant moi, car avant moi il était. Je ne le connaissais pas ; mais, si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour qu’il soit manifesté au peuple d’Israël. »

 

Alors Jean rendit ce témoignage : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et demeurer sur lui. Je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : ‘L’homme sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est celui-là qui baptise dans l’Esprit Saint. ‘ Oui, j’ai vu, et je rends ce témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. » « Voyez comme il est grand, l’amour dont le Père nous a comblés : il a voulu que nous soyons appelés enfant de Dieu, et nous le sommes » 1 Jn 3, 1

 

Cette condition d’enfant de Dieu se traduit par notre adhésion au Christ. Nous ne voyons pas clairement, en pleine lumière ce que peut signifier ‘être un avec le Christ’. Nous ne voyons pas de façon plénière ce que cela transforme en notre être et à quoi cela aboutira. Tout ce que l’on peut dire avec St Jean, c’est qu’au bout du chemin nous verrons le Christ dans sa gloire, tel qu’il est, et que nous lui serons semblables. Telle est la révélation des enfants de Dieu, là est notre foi, là est notre espérance.

Dans notre chemin de foi cela se traduit par le désir en nous, de faire le bien, selon ce que la parole du Christ et l’Esprit de Dieu nous font comprendre et percevoir des valeurs et du sens de notre vie humaine. La quête de justice et de justesse dans nos relations, la quête de vérité, le désir de partager. Comme le décrit si bien St Paul dans sa lettre aux Romains (Rm 7), il y a une double loi qui se bat en nous et que nous avons du mal à maîtriser. Il y a en nous le désir d’agir selon l’Esprit, le désir d’une grande bienveillance et d’une grande générosité, pour mettre en œuvre le bien. Et puis, nous constatons aussi une autre loi qui nous confrontent à nos limites égocentriques, qui tend à nous renfermer sur nous-mêmes, à résister aux motions de l’Esprit.

 

Ce sont ces traces de péchés non encore guéries, non transformées, les traces de ce qui nous détourne de cette lumière d’enfants de Dieu. Adhérer au Christ, c’est nous en remettre à lui, avec confiance, persévérance et amour. Nous en remettre à lui, l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde Jn 1, 29, lui qui est le chemin, la vérité et la vie Jn 14, 6. Nous en remettre à lui, qui nous accompagne avec amour et patience et qui nous achemine vers la pleine connaissance de notre Père des Cieux Mt 11, 25-27/Lc 10, 21-22.

 


Réveille nous !

Oraison :

Réveille-nous, Seigneur, décide-nous à préparer les chemins de Fils… Isaïe 41, 13… Je suis le Seigneur ton Dieu. Je te prends la main droite, et je te dis : « Ne crains pas, je viens à ton secours »…les petits et les pauvres cherchent de l’eau, et il n’y en a pas. Moi, le Seigneur je les exaucerai…

 

Matthieu 11, 11-15 Jésus déclarait aux foules : » Amen, je vous le dis : Parmi les hommes, il n’en a pas existé de plus grand que Jean Baptiste; et cependant le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui. Depuis le temps de Jean Baptiste jusqu’à présent, le Royaume des cieux subit la violence, et des violents cherchent à s’en emparer.

Tous les Prophètes, ainsi que la Loi, ont parlé jusqu’à Jean. Et, si vous voulez bien comprendre, le prophète Élie qui doit venir, c’est lui. Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! Oui Seigneur, réveille-nous ! Nous sommes lents à croire, nous sommes lents à ouvrir les yeux, lents à percevoir et à cheminer dans la nouveauté à laquelle tu nous invites. Dans laquelle tu nous appelles. Il y aura la venue de ta gloire à la fin des temps, quand tout sera enfin entièrement transformé, transfiguré dans la beauté glorieuse du Fils de l’homme, cette gloire annoncée par les prophètes jusqu’à Jean le Baptiste. Cette beauté glorieuse qui resplendit dans le Christ Seigneur, radicale nouveauté qui surpasse la voix des prophètes et que nul cœur n’a pu concevoir.

Et il y a cette venue permanente, qui se joue au présent de nos vies, au quotidien de nos jours, cette venue permanente du Christ Jésus à laquelle notre humanité personnelle se doit d’être toujours plus transparente, de moins en moins opaque. Cette beauté glorieuse du Fils de l’homme que tu nous appelles à reconnaître au creux de nos vies, car pour la reconnaître il nous faut être accueillants, quitter nos autosuffisances pour ressentir la soif de toi, cette soif au creux de nos vies. Il faut nous mettre à l’écoute de cette voix prophétique qui remet en cause nos clôtures personnelles pour laisser advenir en nos vies la nouveauté de Dieu, le Christ vrai Dieu et vrai homme. « Ne crains pas, je viens à ton secours ! » dit le Seigneur Dieu ton créateur.

 

Oui, Seigneur, viens ! Réveille-nous !

 


Le défenseur

Romains 8,31b-39.

Frères, si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Il n’a pas refusé son propre Fils, il l’a livré pour nous tous : comment pourrait-il avec lui ne pas nous donner tout ? Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? puisque c’est Dieu qui justifie. Qui pourra condamner ? puisque Jésus Christ est mort ; plus encore : il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous. Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? la détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le supplice ? L’Écriture dit en effet : C’est pour toi qu’on nous massacre sans arrêt, on nous prend pour des moutons d’abattoir. Oui, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l’avenir, ni les astres, ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur. Le Christ Jésus est notre défenseur, il est, nous dit St Paul, notre intercesseur. Il nous défend contre ce qui peut nous décourager, il nous défend contre ce qui atteint notre foi, il nous défend contre ce qui peut atteindre notre confiance en la miséricorde de Dieu. Du haut de sa croix le Christ avait prié le Père : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Non, nous ne connaissons pas la pleine portée de nos aveuglements, de nos résistances et de nos doutes…mais la seule chose que nous pouvons connaître avec assurance et qui est au centre de notre foi, c’est que rien ne pourra nous séparer de l’amour du Christ, car Dieu qui n’a pas refusé son propre Fils, comment avec lui ne pourrait-il pas nous donner tout ? Le Christ nous remet sans cesse sous le regard aimant du Père. Si nous tombons il nous relève, si nous sommes blessés il nous guérit, si nous reconnaissons nos fautes ou nos actes mauvais il nous pardonne. Si nous lui présentons notre désir il l’éclaircit et le fortifie. Oui, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés.


L’Écriture parle de nous

Romains 4, 20-25

Frères, 20 devant la promesse de Dieu, Abraham ne tomba pas dans le doute et l’incrédulité. Il trouva sa force dans la foi et rendit gloire à Dieu, 21 car il était pleinement convaincu que Dieu a la puissance d’accomplir ce qu’il a promis. 22 Et, comme le dit l’Écriture : « En raison de la foi, Dieu a estimé qu’il était juste. » 23 En parlant ainsi de la foi d’Abraham, l’Écriture ne parle pas seulement de lui, mais aussi de nous ; 24 car Dieu nous estimera justes, puisque nous croyons en lui, qui a ressuscité d’entre les morts Jésus notre Seigneur, 25 livré pour nos fautes et ressuscité pour notre justification. Luc 1, 68-75

 

Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, qui visite et rachète son peuple. 69 Il a fait surgir la force qui nous sauve dans la maison de David, son serviteur, 70 comme il l’avait dit par la bouche des saints, par ses prophètes, depuis les temps anciens :71 salut qui nous arrache à l’ennemi, à la main de tous nos oppresseurs, 72 amour qu’il montre envers nos pères, mémoire de son alliance sainte, 73 serment juré à notre père Abraham de nous rendre sans crainte, 74 afin que délivrés de la main des ennemis 75 nous le servions dans la justice et la sainteté, en sa présence, tout au long de nos jours. « L’Écriture parle de nous » nous dit saint Paul.

 

Nous devrions chercher toujours ce que l’Écriture dit de nous. Ainsi, quand elle parle d’Abraham, elle parle aussi de nous : de la promesse de Dieu et de notre foi, dans laquelle nous trouvons notre force. Abraham nous ouvrait déjà le chemin à nous, que Dieu estime justes « puisque nous croyons en lui, qui a ressuscité d’entre les morts Jésus notre Seigneur. » Le cantique de Zacharie, qui nous est si familier parce que nous le chantons chaque matin, faisait écho à ce « serment juré à Abraham, de nous rendre sans crainte. » Et la réponse de notre foi est de « le servir dans la justice et la sainteté, en sa présence, tout au long de nos jours. » Le “servir”, dans le langage de l’Écriture veut dire « craindre le Seigneur ton Dieu, suivre toutes ses voies, l’aimer, servir le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton âme », (Deutéronome 10, 12 ; cf. 11, 13 ; etc.) par opposition au “service” des autres dieux. (Cf. Deutéronome 11, 28 ; 28, 14 ; 29, 17 ; etc. Confortés par l’Écriture qui parle de nous, rendus sans crainte, vivons en sa présence, de tout notre cœur et de toute notre âme, tout au long de nos jours.

 

 


La foi d’Abraham et de Marie

Romains 4,13.16-18.

Frères, Dieu a promis à Abraham et à sa descendance qu’ils recevraient le monde en héritage, non pas en accomplissant la Loi mais en devenant des justes par la foi. C’est donc par la foi qu’on devient héritier ; ainsi, c’est un don gratuit, et la promesse demeure valable pour tous ceux qui sont descendants d’Abraham, non seulement parce qu’ils font partie du peuple de la Loi, mais parce qu’ils partagent la foi d’Abraham, notre père à tous. C’est bien ce qui est écrit : J’ai fait de toi le père d’un grand nombre de peuples. Il est notre père devant Dieu en qui il a cru, Dieu qui donne la vie aux morts et qui appelle à l’existence ce qui n’existait pas. Espérant contre toute espérance, il a cru, et ainsi il est devenu le père d’un grand nombre de peuples, selon la parole du Seigneur : Vois quelle descendance tu auras ! Luc 12,8-12.

 

Jésus disait à ses disciples : » Je vous le déclare : Celui qui se sera prononcé pour moi devant les hommes, le Fils de l’homme se prononcera aussi pour lui devant les anges de Dieu. Mais celui qui m’aura renié en face des hommes sera renié en face des anges de Dieu. Et celui qui dira une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera pardonné ; mais si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pas pardonné. Quand on vous traduira devant les synagogues, les puissances et les autorités, ne vous tourmentez pas pour savoir comment vous défendre ou comment parler.

Car l’Esprit Saint vous enseignera à cette heure même ce qu’il faudra dire. » St Paul réfère notre modèle de foi à celle de notre père Abraham, qui a espéré contre toute espérance.

La foi d’Abraham est nourrie par la ferme espérance que Dieu est le Dieu de la vie et que Dieu veut le bien et l’accomplissement de l’humanité, pour cela Dieu a fait Alliance. Sa promesse est engagement éternel et Alliance. Dieu ne laisse pas l’homme au pouvoir de la mort, la promesse de Dieu faite à Abraham s’accomplit dans l’incarnation de son Fils, le Verbe éternel, par sa mort et sa résurrection dans la puissance de l’Esprit Saint.

Combien plus Marie était remplie de cette foi et de cette espérance, elle qui a laissé agir en elle la puissance de l’Esprit Saint, qui a laissé agir en elle la Parole vivante de Dieu, qui a permis par son engagement dans la foi à ce que le Fils de Dieu se fasse pour nous pain de vie, qu’il accomplisse la promesse de Dieu faite à Abraham, à savoir que la brèche ouverte dans l’humanité par la foi et l’espérance d’Abraham devienne le point de passage de Dieu. Oui, donnons foi et espérance en la promesse de Dieu, foi et espérance qui sont données et animées par le souffle de l’Esprit Saint en nous.

 

Esprit qui ouvre les yeux de notre cœur à ce que notre humain entendement a bien du mal à saisir, comprendre tellement la promesse de Dieu nous mène vers des horizons de vie toujours plus grands. Esprit qui nous fait découvrir, comprendre combien l’amour du Christ est toujours plus profond, plus large, plus grand, amour qui a la capacité et la patience de nous transformer. Esprit qui peut nous faire témoigner et parler de l’amour du Christ en toutes circonstances.

 

Confions notre foi au soutien maternel de Marie.

 


La Bonne Nouvelle

Romains 1, 1-7 1

Moi, Paul, serviteur de Jésus-Christ, appelé par Dieu pour être Apôtre, mis à part pour annoncer la Bonne Nouvelle

2 que Dieu avait déjà promise par ses prophètes dans les saintes Écritures, je m’adresse à vous, bien-aimés de Dieu qui êtes à Rome.

3 Cette Bonne Nouvelle concerne son Fils : selon la chair, il est né de la race de David ;

4 selon l’Esprit qui sanctifie, il a été établi dans sa puissance de Fils de Dieu par sa résurrection d’entre les morts, lui, Jésus-Christ, notre Seigneur.

5 Pour que son nom soit honoré, nous avons reçu par lui force et mission d’Apôtre afin d’amener à l’obéissance de la foi toutes les nations païennes,

6 dont vous faites partie, vous aussi que Jésus-Christ a appelés.

7 Vous les fidèles qui êtes, par appel de Dieu, le peuple saint, que la grâce et la paix soient avec vous tous, de la part de Dieu notre Père et de Jésus Christ le Seigneur.

 

Psaume 97

Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles; par son bras très saint, par sa main puissante, il s’est assuré la victoire.

2 Le Seigneur a fait connaître son salut et révélé sa justice aux nations;

3 il s’est rappelé sa fidélité, son amour, en faveur de la maison d’Israël; la terre tout entière a vu le salut de notre Dieu.

4 Acclamez le Seigneur, terre entière, sonnez, chantez, jouez.

 

C’est le commencement la lecture de la lettre de saint Paul aux Romains, la plus longue de ses lettres. Dans les premières lignes, Paul, qui désire aller aussi à Rome annoncer l’Évangile (Romains 1, 14), se présente comme « serviteur de Jésus-Christ, appelé par Dieu pour être Apôtre. » La présentation que Paul fait de lui-même contient : 1) la confession de foi en Jésus-Christ, qui est le salut de Dieu, et 2) l’annonce de ce salut à « toutes les nations, dont nous faisons partie, nous aussi ». Le psaume annonçait déjà cet Évangile de Dieu : « Le Seigneur a fait connaître son salut, et révélé sa justice aux nations. La terre tout entière a vu le salut de notre Dieu. » La Bonne Nouvelle de la part de Dieu « concerne son Fils : – selon la chair, il est né de la race de David ; – selon l’Esprit qui sanctifie, il a été établi dans sa puissance de Fils de Dieu par sa résurrection d’entre les morts, lui, Jésus-Christ, notre Seigneur. »

 

Écoutons avec attention ce que Paul dira. Que les habitants de Ninive n’aient pas à nous condamner si nous ne nous convertissons pas. (Luc 11, 32).

 


Je marcherai d’un cœur parfait.

1 Timothée 3, 1-13 1

Voici une parole sûre : vouloir devenir responsable d’une communauté d’Église, c’est désirer une très belle tâche.

2 Un responsable de communauté doit être irréprochable, époux d’une seule femme, homme mesuré, raisonnable et réfléchi, ouvrant sa maison à tous, capable d’enseigner,

3 ni buveur ni violent, mais plein de sérénité, pacifique et désintéressé.

4 Il faut qu’il mène bien sa propre famille, qu’il se fasse écouter et respecter par ses enfants.

5 Car un homme qui ne sait pas mener sa propre famille, comment pourrait-il prendre en charge une Église de Dieu ?

6 Il ne doit pas être un nouveau converti ; sinon il pourrait se gonfler d’orgueil, et tomber sous la même condamnation que le démon.

7 Il faut aussi que les gens du dehors portent sur lui un bon témoignage, pour qu’il échappe au mépris des hommes et aux pièges du démon.

8 Les diacres doivent eux aussi mériter le respect, n’avoir qu’une parole, ne pas s’adonner à la boisson, refuser les profits malhonnêtes,

9 garder le mystère de la foi dans une conscience pure.

10 On les mettra d’abord à l’épreuve ; ensuite, s’il n’y a rien à leur reprocher, on les prendra comme diacres.

11 Pour les femmes, c’est la même chose : elles doivent mériter le respect, n’être pas médisantes, mais mesurées et fidèles en tout.

12 On choisira comme diacre l’époux d’une seule femme, un homme qui mène bien ses enfants et sa propre famille.

13 Les diacres qui remplissent bien leur ministère sont très estimables et peuvent avoir beaucoup d’assurance grâce à leur foi au Christ Jésus. Psaume 100 Je chanterai justice et bonté : à toi mes hymnes, Seigneur! 2 J’irai par le chemin le plus parfait; quand viendras-tu jusqu’à moi ? Je marcherai d’un cœur parfait avec ceux de ma maison;

3ab je n’aurai pas même un regard pour les pratiques démoniaques.

5 Qui dénigre en secret son prochain, je le réduirai au silence; le regard hautain, le cœur ambitieux, je ne peux les tolérer.

6 Mes yeux distinguent les hommes sûrs du pays : ils siégeront à mes côtés; qui se conduira parfaitement, celui-là me servira. Dans la première lettre de saint Paul à Timothée nous avons l’une des références les plus anciennes aux différents ministères dans les communautés chrétiennes. Ceux qui ont la responsabilité d’une communauté ou qui y exercent un ministère, c’est-à-dire un service, hommes ou femmes, doivent « marcher d’un cœur parfait », selon l’expression du psaume. « J’irai par le chemin le plus parfait », dit même le psaume.

 

Et l’apôtre – avec l’injonction : « ils doivent être » – énumère toute une série d’exigences. « Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements » (Jean 14, 15), avait dit Jésus aux douze pendant le dernier repas avant la passion. C’est cette fidélité à ses commandements, conséquence et expression de cet amour, ce que le Seigneur et l’Église attendent d’eux. Et ceux qui remplissent bien leur ministère peuvent avoir beaucoup d’assurance grâce à leur foi au Christ Jésus. « Qui se conduira parfaitement, celui-là me servira » dit encore le psaume.

C’est en vérité à son service, en effet, que nous sommes.

 


Joie au ciel ! Exulte la terre !

1Théssaloniciens 4, 13-17 13

Frères, nous ne voulons pas vous laisser dans l’ignorance au sujet de ceux qui se sont endormis dans la mort ; il ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres, qui n’ont pas d’espérance. 14 Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité ; de même, nous le croyons, ceux qui se sont endormis, Dieu, à cause de Jésus, les emmènera avec son Fils?

15 Car, sur la parole du Seigneur, nous vous déclarons ceci : nous les vivants, nous qui sommes encore là pour attendre le retour du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui se sont endormis. 16 Au signal donné par la voix de l’archange, à l’appel de Dieu, le Seigneur lui-même descendra du ciel, et les morts unis au Christ ressusciteront d’abord.

17 Ensuite, nous les vivants, nous qui sommes encore là, nous serons emportés sur les nuées du ciel, en même temps qu’eux, à la rencontre du Seigneur. Ainsi, nous serons pour toujours avec le Seigneur. Psaume 95 1 Chantez au Seigneur un chant nouveau, chantez au Seigneur, terre entière,

2a chantez au Seigneur et bénissez son nom! (…)

4 Il est grand le Seigneur, hautement loué, redoutable au-dessus de tous les dieux : 5a néant tous les dieux des nations ! (…)

11 Joie au ciel! Exulte la terre ! Les masses de la mer mugissent, 12 la campagne tout entière est en fête. Les arbres des forêts dansent de joie

13 devant la face du Seigneur, car il vient, car il vient pour juger la terre. Le Seigneur vient pour juger la terre, et il y a joie au ciel et la terre exulte, dans une danse qui emmène les masses de la mer, la campagne toute entière et les arbres des forêts. Et nous, nous sommes invités à chanter un chant nouveau et à bénir son nom. Bien différente d’une image terrifiante du jugement dernier, celle que nous offre le psaume. C’est que – comme nous le dit l’Apôtre – il ne faut pas que nous soyons abattus comme les autres, qui n’ont pas d’espérance. Et notre espérance c’est le Christ, avec qui nous serons pour toujours. Oui, « ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice. » (2 Pierre 3, 13).

Et notre manière de vivre doit être celle des disciples de Jésus, qui est venu « porter la Bonne Nouvelle aux pauvres. » (Luc 4 18). Notre manière de vivre doit être pour tous les hommes une promesse de cette espérance, de ce chant nouveau. « Le Seigneur vient pour juger la terre. » « Joie au ciel ! Exulte la terre ! »

 


Le rocher

Livre des Nombres 20,1-13

Le premier mois de l’année, toute la communauté des fils d’Israël arriva dans le désert de Sine. Le peuple s’établit à Cadès. C’est là que Myriam mourut et qu’elle fut enterrée. Comme il n’y avait pas d’eau, la communauté s’ameuta contre Moïse et Aaron. Ils accusaient Moïse : « Ah ! si seulement nous avions péri, comme nos frères ont péri, frappés par le Seigneur ! Pourquoi avoir amené l’assemblée du Seigneur dans ce désert où nous allons mourir, nous et nos bêtes ?

Pourquoi nous avoir fait monter d’Égypte, et nous avoir amenés dans cet endroit sinistre où l’on ne peut rien semer, où il n’y a ni figuiers, ni vignes, ni grenadiers, et même pas d’eau à boire ! » Moïse et Aaron quittèrent l’assemblée et se rendirent à l’entrée de la tente de la Rencontre. Ils tombèrent la face contre terre, et la gloire du Seigneur leur apparut. Le Seigneur dit à Moïse : « Prends ton bâton de chef et, avec ton frère Aaron, rassemble la communauté. Puis devant eux, tu commanderas à ce rocher de donner son eau. Pour eux tu feras jaillir l’eau du rocher, et tu feras boire la communauté et ses bêtes. » Comme il en avait reçu l’ordre, Moïse prit le bâton qui était placé devant le Seigneur. Moïse et Aaron réunirent l’assemblée en face du rocher, et Moïse leur dit : « Écoutez donc, rebelles. Est-ce que nous pouvons faire jaillir de l’eau pour vous de ce rocher ? »

 

Moïse leva la main et, de son bâton, il frappa le rocher par deux fois : l’eau jaillit en abondance, et la communauté put boire et abreuver ses bêtes. Le Seigneur dit alors à Moïse et à son frère Aaron : « Puisque vous n’avez pas eu assez de foi pour manifester ma sainteté devant les fils d’Israël, vous ne ferez pas entrer cette assemblée dans le pays que je lui donne. » C’est de là que vient le nom des eaux de Mériba (mot qui veut dire : Accusation) où les fils d’Israël ont accusé le Seigneur, et où le Seigneur leur a manifesté sa sainteté. Matthieu 16,13-23 …

 

Jésus leur dit : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Prenant la parole, Simon-Pierre déclara : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! » Prenant la parole à son tour, Jésus lui déclara : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. » Alors, il ordonna aux disciples de ne dire à personne qu’il était le Messie. A partir de ce moment, Jésus le Christ commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des chefs des prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches : « Dieu t’en garde, Seigneur ! Cela ne t’arrivera pas. » Mais lui, se retournant, dit à Pierre : « Passe derrière moi, Satan, tu es un obstacle sur ma route ; tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » Dans la première lecture, les fils d’Israël s’ameutent contre Moïse et Aaron ; le peuple a soif et Moïse semble bien démuni et incapable de leur trouver de l’eau. Derrière cette épreuve de la soif se trouve l’épreuve d’une foi vacillante, l’épreuve d’une foi qui ne croît pas en l’avenir et dans la promesse vivifiante de Dieu.

 

A travers les récriminations du peuple ce n’est pas tant l’incapacité de Moïse et d’Aaron qui est remis en cause, mais la fidélité et la bienveillance de Dieu : « Dieu veut nous faire mourir à petit feu ». Le don devient poison. Dieu ordonne à Moïse de frapper le rocher, cette pierre sèche délivre une eau abondante.

Ce rocher est symbole de l’indéfectible fidélité de Dieu, le Dieu de la promesse est non seulement aussi fidèle que la solidité du rocher, mais de plus cette fidélité est source abondante de vie, au-delà de ce que l’homme peut imaginer. Et ce rocher peut aussi être symbole de notre cœur endurci que la parole de Dieu vient frapper pour l’ouvrir, pour que sa grâce puisse s’y écouler. Toute cette thématique du rocher est reprise en Jésus, c’est sur lui que repose la foi des apôtres, la foi de l’Eglise. C’est de son côté percé, de ses blessures que jaillissent les sacrements de l’Eglise, manifestation de son amour vivifiant répandu en abondance. Quelques soient nos épreuves, nos découragements, nos déviances, Jésus est toujours là, prêt à nous relever, nous fortifier, guérir nos blessures, nous renouveler : « Le croyons-nous ? »

 


D’où lui vient tout cela ?

Matthieu 13,54-58

Jésus alla dans son pays, et il enseignait les gens dans leur synagogue, de telle manière qu’ils étaient frappés d’étonnement et disaient : » D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles? N’est-il pas le fils du charpentier ?

Sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie, et ses frères : Jacques, Joseph, Simon et Jude ? Et ses sœurs ne sont-elles pas toutes chez nous ? Alors, d’où lui vient tout cela ? » Et ils étaient profondément choqués à cause de lui.

Jésus leur dit : « Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie et dans sa propre maison. » Et il ne fit pas beaucoup de miracles à cet endroit-là, à cause de leur manque de foi. D’où lui vient tout cela ? Telle est la question que se posent les habitants de Nazareth. D’où vient à Jésus qui a grandi dans sa famille au milieu d’eux, d’où lui viennent sa sagesse et ses miracles ?

 

La principale question posée est celle de la fiabilité et de l’autorité de l’origine, de la source. Il serait plus facile de porter crédit à quelqu’un qui vient d’un ailleurs que l’on ne connaît pas, que de porter crédit à quelqu’un qui fait partie de nos habitudes de vie et qui bouscule ces habitudes. Souvent les habitudes étouffent les grands et beaux désirs ou les propulsent vers un ailleurs idéalisé. Le Christ s’est inséré pleinement dans une histoire, une famille humaine, dans un village, un métier, il a vécu une trentaine d’années dans une simplicité désarmante, et il est pourtant la lumière des hommes, qui par-là donne poids et valeur à notre quotidien humain, qui en fait un chemin du Ciel.

C’est au cœur de notre existence, de nos relations, de notre réalité que ce cultive le jardin de la foi, c’est là que le Christ Verbe de Dieu se tient. C’est aussi en nous reconnaissant issus d’une même origine, que le Christ peut vivre au milieu de nous lumière et grâce de vie. Le jardin de la foi est inépuisable, et pourtant tout s’y tient à la frontière de nos corps, de notre communauté, de nos lieux de vie, le Christ s’y tient comme promesse et déjà là, c’est ce qui nous permet de pouvoir nous ouvrir à l’autre, à tout-autre, au nom de cette commune origine.

 


La parole du Royaume

Matthieu 13,18-23

Jésus disait à ses disciples : « Ecoutez ce que veut dire la parabole du semeur.

Quand l’homme entend la parole du Royaume sans la comprendre, le Mauvais survient et s’empare de ce qui est semé dans son cœur : cet homme, c’est le terrain ensemencé au bord du chemin. Celui qui a reçu la semence sur un sol pierreux, c’est l’homme qui entend la Parole et la reçoit aussitôt avec joie ; mais il n’a pas de racines en lui, il est l’homme d’un moment : quand vient la détresse ou la persécution à cause de la Parole, il tombe aussitôt. Celui qui a reçu la semence dans les ronces, c’est l’homme qui entend la Parole ; mais les soucis du monde et les séductions de la richesse étouffent la Parole, et il ne donne pas de fruit. Celui qui a reçu la semence dans la bonne terre, c’est l’homme qui entend la Parole et la comprend ; il porte du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un. »

Jésus nous parle de la ‘parole du Royaume’. Le mot ‘Royaume’ est une manière de désigner la présence de Dieu en nos vies, une présence de Dieu qui nous donne une lumière spécifique pour découvrir le sens et la valeur profonde et ultime de toute chose, le sens et la valeur profonde de l’existence.

 

La notion de ’Royaume’ désigne aussi une transformation qui s’opère en nous-mêmes. Une transformation sous la motion de l’Esprit de sainteté. Jésus nous livre ce processus de transformation à travers l’image de la semence, une semence qui s’enracine et porte du fruit, ou alors d’une semence qui ne trouve pas le milieu propice à sa croissance et meurt asséchée ou étouffée. C’est en puisant dans l’intimité de cette semence et de cette présence que nous dépassons les idolâtries, que nous puisons la force et le courage de regarder plus loin que nos égoïsmes. Cette semence est la Parole que Jésus nous adresse pour mieux nous faire connaître Dieu et aussi pour mieux nous faire connaître l’homme, pour que la découverte de la présence de Dieu en nos vies anime et éclaire notre vie d’homme.

Le Royaume est ce monde nouveau que le Christ ouvre en nous et qui nous ouvre au-delà de nous-même, monde nouveau qui nous introduit dans la véritable connaissance de notre condition de fils de Dieu.

 


Un Dieu qui veille et patiente

Matthieu 12,14-21

Les pharisiens se réunirent contre Jésus pour voir comment le faire périr. Jésus, l’ayant appris, quitta cet endroit ; beaucoup de gens le suivirent, et il les guérit tous. Mais Jésus leur défendit vivement de le faire connaître. Ainsi devait s’accomplir la parole prononcée par le prophète Isaïe :Voici mon serviteur que j’ai choisi, mon bien-aimé en qui j’ai mis toute ma joie. Je ferai reposer sur lui mon Esprit, aux nations il fera connaître le jugement. Il ne protestera pas, il ne criera pas, on n’entendra pas sa voix sur les places publiques. Il n’écrasera pas le roseau froissé, il n’éteindra pas la mèche qui faiblit, jusqu’à ce qu’il ait fait triompher le jugement. Les nations païennes mettent leur espoir en son nom. Exode 12, 42 …

 

Ce fut une nuit de veille pour le Seigneur, quand il fit sortir d’Égypte les fils d’Israël ; ce doit être pour eux, de génération en génération, une nuit de veille en l’honneur du Seigneur. Dans le passage d’évangile, st Matthieu reprend la prophétie d’Isaïe concernant l’intervention du salut de Dieu à travers la figure du serviteur mystérieux. Serviteur qui exprime la patience, la miséricorde et la douceur de Dieu, mais aussi sa volonté de manifester son salut à toutes les nations. Cette prophétie d’Isaïe s’accomplit en Jésus, le serviteur, le bien-aimé sur qui repose l’Esprit Saint, l’Esprit de Dieu. Miséricorde, douceur et patience qui s’étend à l’ensemble du genre humain. Le serviteur de Dieu nous manifeste un Dieu, qui ne rend pas le mal pour le mal et qui ne cesse de nous adresser une parole qui sauve, une parole qui nous motive à chercher le bien en toute chose. Une parole qui cherche à nous faire comprendre que fondamentalement nous sommes enfants de Dieu. Le Seigneur est aussi un Dieu qui veille, quand Israël sortit d’Egypte ce fut une nuit de veille pour le Seigneur, nous dit le livre de l’Exode. Dieu est un Dieu qui veille, une présence qui nous accompagne et qui sauve. Mais cette présence ne s’impose pas en toute puissance, elle nous fait aussi emprunter le chemin du serviteur, le chemin de la patience, de la confiance, de la miséricorde, le chemin de la douceur et de la constance dans la quête de la justice et du bien. Que notre vie soit aussi une veille de cette présence de Dieu avec nous, sur nos chemins.

 


Sabbat et Eucharistie

Matthieu 12,1-8.

En ce temps-là, Jésus passait, un jour de sabbat, à travers les champs de blé, et ses disciples eurent faim ; ils se mirent à arracher des épis et à les manger. En voyant cela, les pharisiens lui dirent : « Voilà que tes disciples font ce qu’il n’est pas permis de faire le jour du sabbat ! »

Mais il leur répondit : « N’avez-vous pas lu ce que fit David, quand il eut faim, ainsi que ses compagnons ? Il entra dans la maison de Dieu, et ils mangèrent les pains de l’offrande ; or, cela n’était permis ni à lui, ni à ses compagnons, mais aux prêtres seulement. Ou bien encore, n’avez-vous pas lu dans la Loi que le jour du sabbat, les prêtres, dans le Temple, manquent au repos du sabbat sans commettre aucune faute ? Or, je vous le dis : il y a ici plus grand que le Temple. Si vous aviez compris ce que veut dire cette parole : C’est la miséricorde que je désire, et non les sacrifices, vous n’auriez pas condamné ceux qui n’ont commis aucune faute. Car le Fils de l’homme est maître du sabbat. » La prescription du rituel de la Pâque que nous présente le récit de l’Exode est fondatrice pour le peuple d’Israël. Figure du baptême pour les chrétiens, elle préfigure aussi l’Eucharistie, accomplie dans le sacrifice de l’’agneau sans défaut, le Christ.

 

L’Evangile nous renvoie à une autre institution majeure du judaïsme, en vigueur particulièrement après l’exil, celle du Sabbat. L’Eucharistie puise dans cette deuxième source sa célébration primitive hebdomadaire, dans la mesure où le dimanche représente le 8e jour, celui du renouvellement de toutes choses grâce au mystère pascal, après le repos du 7e jour. La prééminence du dimanche est aussi comprise comme l’accomplissement de la Loi et des prophètes, parce que le Christ, en sa personne et par son enseignement, en désigne le sens ultime : celui de l’Amour de Dieu et du prochain, les deux commandements auxquels sont subordonnés tous les autres :

« C’est la miséricorde que je désire, et non les sacrifices. »

 


La lutte

Genèse 32,23-32.

Cette nuit-là, Jacob se leva, il prit ses deux femmes, ses deux servantes, ses onze enfants, et passa le gué du Yabboq. Il leur fit traverser le torrent et il fit passer aussi tout ce qui lui appartenait. Jacob resta seul. Or, quelqu’un lutta avec lui jusqu’au lever de l’aurore. L’homme, voyant qu’il ne pouvait pas le vaincre, le frappa au creux de la hanche, et la hanche de Jacob se démit pendant ce combat. L’homme lui dit : « Lâche-moi, car l’aurore s’est levée. »

Jacob répondit : « Je ne te lâcherai que si tu me bénis. » L’homme lui demanda : « Quel est ton nom ? – Je m’appelle Jacob. - On ne t’appellera plus Jacob, mais Israël (ce qui signifie : Fort contre Dieu), parce que tu as lutté contre Dieu comme on lutte contre des hommes, et tu as vaincu. » Jacob lui fit cette demande : « Révèle-moi ton nom, je t’en prie. » Mais il répondit : « Pourquoi me demandes-tu mon nom ? » Et à cet endroit il le bénit. Jacob appela ce lieu Pénouël (ce qui signifie : Face de Dieu), car il disait : « J’ai vu Dieu face à face, et j’ai eu la vie sauve. » Au lever du soleil, il traversa le torrent à Pénouël. Il resta boiteux de la hanche. Au point où nous en sommes du récit de la Genèse, Jacob se trouve malgré la présence de ses deux femmes, de ses deux servantes et de ses onze enfants, dans une situation de solitude et de faiblesse. Après avoir trompé son beau-père, il va devoir affronter son frère auquel il a volé la bénédiction d’Isaac.

Les personnes et les biens du Patriarche ont traversé le gué du Yabboq mais il reste seul en-deça. Et c’est là qu’un personnage mystérieux engage la lutte avec lui. Tout se passe de nuit, et ce corps à corps étrange dans lequel Jacob semble l’emporter ne prend fin que lorsque son adversaire lui porte un coup bas. Et si celui qui a blessé ne révèle pas son nom, Jacob l’identifie à Dieu et lui arrache une bénédiction. Le soleil se lève alors que Jacob a traversé. Les Pères ont vu dans ce passage un paradigme du combat spirituel. L’homme jusque-là sûr de sa force se retrouve seul et tâche de lutter autant qu’il peut jusqu’à accepter sa pauvreté, reconnaissant en celui dans lequel il voyait d’abord un adversaire un puissant allié : ce Dieu mystérieux qui prend visage dans le corps à corps et dont le nom signera le lieu du combat où s’effectue la traversée de l’épreuve. C’est désormais sans aucun mal que s’effectue la rencontre tant redoutée de Jacob avec son frère.

 


Confiance

Matthieu 8,23-27

Comme Jésus montait dans la barque, ses disciples le suivirent. Et voilà que la mer s’agita violemment, au point que la barque était recouverte par les vagues. Mais lui dormait. Ses compagnons s’approchèrent et le réveillèrent en disant : « Seigneur, sauve-nous ! Nous sommes perdus. » Mais il leur dit : « Pourquoi avoir peur, hommes de peu de foi ? »

Alors, debout, Jésus interpella vivement les vents et la mer, et il se fit un grand calme. Les gens furent saisis d’étonnement et disaient : « Quel est donc celui-ci, pour que même les vents et la mer lui obéissent ? » Au début de notre passage d’évangile il nous est dit que c’est Jésus qui prend l’initiative de monter dans la barque, et ses disciples le suivent. Le plus souvent la barque est devenue l’image qui représente l’Eglise, elle peut aussi représenter nos communautés d’Eglise.

 

C’est le Christ qui constitue l’Eglise, qui lui donne sa mission dans le monde, c’est le Christ à travers sa parole et sa grâce qui nous constitue Eglise. Mais cette Eglise est aussi livrée entre nos mains, nous en sommes son histoire et son évolution. A travers les défis de vie chrétienne que nous rencontrons, les témoignages de sainteté que nous devons porter au cœur de nous-mêmes et de l’évolution des sociétés, nous avons l’impression d’être livrés à nous-mêmes. Nous avons l’impression que Jésus est dans son repos, dans son sommeil, qu’il nous abandonné, loin de nos réalités, loin de nos confrontations aux mille souffrances et violences de ce monde. C’est pourtant au cœur de toutes ses réalités que nous vivons notre participation à sa mort et sa résurrection. Paradoxalement c’est nous , qui devons nous réveiller. En criant vers Jésus, nous retrouvons sa présence au cœur de nos réalités, nous le resituons au cœur de nos vies, nous rappelons qu’il est là, qu’il existe comme lumière et force, comme compagnon de nos vies. Jésus nourrit notre confiance et notre foi.

 


Servir Dieu ou l’argent

Matthieu 6,24-34

Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : « Aucun homme ne peut servir deux maîtres : ou bien il détestera l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent. C’est pourquoi je vous dis : Ne vous faites pas tant de souci pour votre vie, au sujet de la nourriture, ni pour votre corps, au sujet des vêtements. La vie ne vaut-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que les vêtements ? Regardez les oiseaux du ciel : ils ne font ni semailles ni moisson, ils ne font pas de réserves dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ?

D’ailleurs, qui d’entre vous, à force de souci, peut prolonger tant soit peu son existence ? Et au sujet des vêtements, pourquoi se faire tant de souci ? Observez comment poussent les lis des champs : ils ne travaillent pas, ils ne filent pas. Or je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’était pas habillé comme l’un d’eux. Si Dieu habille ainsi l’herbe des champs, qui est là aujourd’hui, et qui demain sera jetée au feu, ne fera-t-il pas bien davantage pour vous, hommes de peu de foi ? Ne vous faites donc pas tant de souci ; ne dites pas : ‘Qu’allons-nous manger ? ‘ ou bien : ‘Qu’allons-nous boire ? ‘ ou encore : ‘Avec quoi nous habiller ? ‘ Tout cela, les païens le recherchent.

Mais votre Père céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez d’abord son Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus le marché. Ne vous faites pas tant de souci pour demain : demain se souciera de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine. « Nul ne peut servir deux maîtres…vous ne pouvez à la fois servir Dieu et l’argent. »

Souvent dans le langage biblique le verbe ‘servir’ désigne le fait de rendre un culte, on sert Dieu ou les idoles. Servir Dieu est aussi synonyme de liberté, servir les idoles, synonyme d’aliénation. Si l’argent et le profit deviennent la seule valeur gagnante ils aliènent l’humain. Ils l’asservissent à une force idolâtrique. Dans le livre de l’Exode par exemple Moïse avait mission, malgré le cœur endurcit de Pharaon, de faire sortir les Hébreux à une journée de marche dans le désert pour servir le Seigneur Dieu, c’est-à dire de sortir un temps de l’emprise de leur travail servile pour rendre un culte à Dieu, Maître de la création. C’est le sens de nos temps de prière dans la journée, le sens de notre célébration eucharistique, élever la création et le poids des humains vers Dieu. L’image du serviteur par excellence est Jésus lui-même, qui exprime pleinement l’amour filial envers Dieu et l’amour fraternel envers les hommes par le don de lui-même. Par lui avec lui et en lui tout ce que nous faisons devient culte véritable, service de Dieu et de nos frères.

 


Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait

Matthieu 5,43-48.

Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : » Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent,afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ?

Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ?Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. Dans une de ses lettres St Jean nous dit que Dieu est Amour, Dieu est lumière, il est aussi pleine vérité.

En lui, il n’y a pas d’ombre, pas de ténèbres, il n’y a pas de contradictions ou de sautes de caractère. Dieu est totalement fidèle à lui-même. Dès lors nous pouvons être interloqués quand Jésus nous dit : « Vous donc soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait.» Nous sommes si animés de sentiments variés et contradictoires, de sympa thies et d’antipathies qu’il nous est difficiles de nous voir comme Dieu. Mais en nous faisant cette invitation Jésus veut nous apprendre deux choses :

D’abord que nous sommes aimés, le Père porte sur chacun un regard aimant, c’est le principe même de la vie.

Et il veut nous apprendre à aimer, à dépasser nos mouvements naturels pour nous ouvrir les uns aux autres. Cette parole du Christ nous tend vers la lumière du Père céleste, mais seuls le Christ et l’Esprit Saint nous rendrons parfaits, pleinement accomplis, le Christ est notre chemin vers le Père, notre modèle, l’Esprit Saint notre aide et notre dynamique intérieure. Nous sommes à l’école du regard de Dieu les uns sur les autres.

 


Le cœur ferme, le juste s’appuie sur le Seigneur.

Tobie 2, 10-23 10

Un jour, Tobie, fatigué après avoir enterré les morts, rentra chez lui, s’étendit contre le mur et s’endormit.

11 Pendant son sommeil, des hirondelles firent tomber de leur nid de la fiente chaude sur ses yeux, et il devint aveugle.

12 Dieu permit cette épreuve pour que Tobie donne à la postérité un exemple de patience, comme le saint homme Job.

13 Comme Tobie, depuis son enfance, avait toujours eut la crainte de Dieu et observé ses commandements, il n’en voulut pas à Dieu pour le malheur qui le frappait,

14 mais il resta inébranlable dans la crainte de Dieu, lui rendant grâce tous les jours de sa vie.

15 De même que des rois injuriaient le bienheureux Job, les parents et les proches de Tobie se moquaient de sa conduite en disant : 16 « Où est-elle donc, cette espérance, pour laquelle tu faisais l’aumône et enterrais les morts ? »

17 Mais lui les reprenait : « Ne parlez pas ainsi, 18 car nous sommes les descendants des saints, et nous attendons cette vie que Dieu donnera à ceux qui ne perdent jamais leur confiance en lui. » 19 Anne, sa femme, s’en allait tous les jours pour faire du tissage, et elle rapportait ce qu’elle avait pu gagner pour le travail de ses mains. 20 C’est ainsi qu’un jour elle reçut un chevreau qu’elle rapporta à la maison. 21 Tobie entendit l’animal qui bêlait, et dit : « Prenez garde que ce ne soit le produit d’un vol ; rendez-le à ses maîtres ; car nous n’avons pas le droit de manger ce qui a été volé, ni même d’y toucher. » 22 Furieuse, sa femme répondit : « On voit bien que ton espérance n’a servi à rien, et tes aumônes ont montré ce qu’elles valaient ! » 23 Elle lui faisait ces reproches, et d’autres du même genre. Psaume 111 Heureux qui craint le Seigneur, qui aime entièrement sa volonté ! 2 Sa lignée sera puissante sur la terre ; la race des justes est bénie. 7 Il ne craint pas l’annonce d’un malheur : le cœur ferme, il s’appuie sur le Seigneur. 8 Son cœur est confiant, il ne craint pas : il verra ce que valaient ses oppresseurs. 5a L’homme de bien a pitié, il partage ; 9 à pleines mains, il donne au pauvre ; à jamais se maintiendra sa justice, sa puissance grandira, et sa gloire ! Le problème de la souffrance du juste traverse toute l’Écriture, depuis Abel. La figure emblématique pourrait en être Job, auquel fait référence le livre de Tobie : « Dieu permit cette épreuve pour que Tobie donne à la postérité un exemple de patience, comme le saint homme Job. » C’est par la patience – nous dit saint Benoît – que nous participons aux souffrances du Christ pour mériter d’avoir part à son royaume. (Règle de saint Benoît Prologue, 50) Avec le psaume nous disons : « Le cœur ferme, le juste s’appuie sur le Seigneur. Son cœur est confiant, il ne craint pas. » Quant à Tobie, il « resta inébranlable dans la crainte de Dieu, lui rendant grâce tous les jours de sa vie. » Oui, est heureux celui qui craint le Seigneur, et avec un cœur ferme et confiant s’appuie sur le Seigneur. Et – nous dit encore saint Benoît – à mesure que l’on progresse dans la vie chrétienne et dans la foi, le cœur se dilate, et l’on court dans la voie des commandements de Dieu, car il met au large notre cœur. (Règle de saint Benoît Prologue, 49. Citation du Psaume 118, 32).

 


Mon âme a soif de Dieu, le Dieu vivant.

Actes des Apôtres 11,1-18 1

Les Apôtres et les frères qui étaient en Judée avaient appris que les nations païennes elles aussi avaient reçu la parole de Dieu.

2 Lorsque Pierre fut de retour à Jérusalem, ceux qui venaient du judaïsme se mirent à discuter avec lui :

3 « Tu es entré chez des hommes qui n’ont pas la circoncision, et tu as mangé avec eux ! » Alors Pierre reprit l’affaire depuis le début et leur exposa tout en détail :

5 « J’étais dans la ville de Jaffa, en train de prier, et voici la vision que j’ai eue dans une extase : c’était un objet qui descendait. On aurait dit une grande toile ; venant du ciel jusqu’à moi, elle se posait par les quatre coins.

6 Fixant les yeux sur elle, je l’examinais et je vis les quadrupèdes de la terre, les bêtes sauvages, les reptiles et les oiseaux du ciel.

7 J’entendis une voix qui me disait : ‘Allons, Pierre, immole ces bêtes et mange-les !’

8 Je répondis : ‘Certainement pas, Seigneur ! Jamais aucun aliment interdit ou impur n’est entré dans ma bouche’.

9 Une deuxième fois, du haut du ciel, la voix reprit : ‘Ce que Dieu a déclaré pur, toi, ne le déclare pas interdit’.

10 Cela recommença une troisième fois, puis tout fut remonté au ciel.

11 Et voilà qu’à l’instant même, devant la maison où j’étais, survinrent trois hommes qui m’étaient envoyés de Césarée.

12 L’Esprit me dit d’aller avec eux sans me faire de scrupule. Les six frères qui sont ici m’ont accompagné, et nous sommes entrés chez le centurion Corneille.

13 Il nous raconta comment il avait vu dans la maison l’ange qui venait de lui dire : ‘Envoie quelqu’un à Jaffa pour convoquer Simon surnommé Pierre.

14 Il t’adressera des paroles par lesquelles tu seras sauvé, toi et toute ta maison’.

15 Au moment où je prenais la parole, l’Esprit Saint s’empara de ceux qui étaient là, comme il l’avait fait au commencement pour nous.

16 Alors je me suis rappelé la parole que le Seigneur avait dite : ‘Jean a baptisé avec de l’eau, mais vous, c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés’.

17 S’ils ont reçu de Dieu le même don que nous, en croyant au Seigneur Jésus Christ, qui étais-je, moi, pour empêcher l’action de Dieu ? »

18 En entendant ces paroles, ils se calmèrent et ils rendirent gloire à Dieu, en disant : « Voici que les païens eux-mêmes ont reçu de Dieu la conversion qui fait entrer dans la vie. » Psaume 41,2-3 ; 42,3-4 2 Comme un cerf altéré cherche l’eau vive, ainsi mon âme te cherche, toi, mon Dieu. 3 Mon âme a soif de Dieu, le Dieu vivant; quand pourrai-je m’avancer, paraître face à Dieu? 3 Envoie ta lumière et ta vérité : qu’elles guident mes pas et me conduisent à ta montagne sainte, jusqu’en ta demeure.

4 J’avancerai jusqu’à l’autel de Dieu, vers Dieu qui est toute ma joie; je te rendrai grâce avec ma harpe, Dieu, mon Dieu. Jean 10,1-10 1 « Amen, amen, je vous le dis : celui qui entre dans la bergerie sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit.

2 Celui qui entre par la porte, c’est lui le pasteur, le berger des brebis.

3 Le portier lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir.

4 Quand il a conduit dehors toutes ses brebis, il marche à leur tête, et elles le suivent, car elles connaissent sa voix.

5 Jamais elles ne suivront un inconnu, elles s’enfuiront loin de lui, car elles ne reconnaissent pas la voix de l’inconnu. »

6 Jésus employa cette parabole en s’adressant aux pharisiens, mais ils ne comprirent pas ce qu’il voulait dire.

7 C’est pourquoi Jésus reprit la parole : « Amen, amen, je vous le dis : je suis la porte des brebis.

8 Ceux qui sont intervenus avant moi sont tous des voleurs et des bandits ; mais les brebis ne les ont pas écoutés.

9 Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra aller et venir, et il trouvera un pâturage.

10 Le voleur ne vient que pour voler, égorger et détruire. Moi je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu’ils l’aient en abondance. C’est poussé par l’Esprit que Pierre était entré chez Corneille et, voyant qu’ils avaient reçu l’Esprit, en croyant au Seigneur Jésus-Christ, les avait baptisé. Mais on peut aussi dire que Corneille, qui faisait beaucoup d’aumônes et priait Dieu sans cesse (Actes 10,2), a forcé la grâce de Dieu, comme autrefois la femme cananéenne (Matthieu 15,28).

Avec lui, les nations – c’est-à-dire nous tous – nous sommes entrés dans la bergerie dont Jésus est la porte. Et c’est en passant par cette porte que nous pouvons entrer, aller et venir, selon les images si parlantes de la parabole de Jésus. Les paroles du psaume nous permettent d’exprimer ce que nous vivons. Avec Corneille, qui nous ouvre le chemin, nous prions Dieu sans cesse : « Mon âme n’a soif que de Dieu, le Dieu vivant », le « Dieu qui est toute ma joie. » « Envoie ta lumière et ta vérité : qu’elles guident mes pas – que je puisse entrer, aller et venir – et me conduisent à ta montagne sainte, jusqu’en ta demeure. » C’est là que nous aurons la vie, et que nous l’aurons en abondance.

 


L’ange du Seigneur

Actes des apôtres 5,17 et suivants

17 Le grand prêtre et tout son entourage, c’est-à-dire le parti des sadducéens, étaient remplis de fureur contre les Apôtres :

18 ils les firent arrêter et jeter publiquement en prison.

19 Mais, pendant la nuit, l’ange du Seigneur ouvrit les portes de la cellule et les fit sortir en disant :

20 « Partez d’ici, tenez-vous dans le Temple et là, annoncez au peuple toutes les paroles de la vie. »

21 ils obéirent et, de bon matin, ils entrèrent dans le Temple et se mirent à enseigner…

 

Psaume 33,2-9 2

Je bénirai le Seigneur en tout temps, sa louange sans cesse à mes lèvres.

3 Je me glorifierai dans le Seigneur : que les pauvres m’entendent et soient en fête! 4 Magnifiez avec moi le Seigneur, exaltons tous ensemble son nom. 5 Je cherche le Seigneur, il me répond : de toutes mes frayeurs, il me délivre. 6 Qui regarde vers lui resplendira, sans ombre ni trouble au visage. 7 Un pauvre crie; le Seigneur entend : il le sauve de toutes ses angoisses. 8 L’ange du Seigneur campe à l’entour pour libérer ceux qui le craignent. 9 Goûtez et voyez : le Seigneur est bon! Heureux qui trouve en lui son refuge! Déjà après la guérison du paralytique (Actes 3, 1-26), et Jean avaient été soumis à un premier procès (Actes 4, 1-23). Et voici qu’à nouveau on fait arrêter et jeter publiquement en prison les apôtres parce que, malgré l’interdiction d’enseigner le nom de Jésus (Actes 4, 18), ils remplissaient Jérusalem de leur enseignement. (Actes 5, 28) Mais, pendant la nuit, l’ange du Seigneur ouvre les portes de la cellule et les fait sortir, en leur disant de se tenir dans le Temple et là d’annoncer au peuple toutes les paroles de la vie. C’est de cet ange que parle le psaume : « L’ange du Seigneur campe à l’entour pour libérer ceux qui le craignent. » C’est cet ange encore qui, alors que Pierre aura été fait emprisonner par le roi Hérode, fera tomber les chaînes de ses mains et le fera sortir de la prison. (Actes 12, 1-10) C’est pour cela que nous reprenons ce psaume dans les fêtes des apôtres. « Un pauvre crie; le Seigneur entend : il le sauve de toutes ses angoisses. » Avec les apôtres, nous sommes le pauvre qui dit ce psaume. C’est notre prière. Et « qui regarde vers le Seigneur resplendira, sans ombre ni trouble au visage. »

 


Lundi de Pâques,

communication et présence

« Tu m’as montré le chemin de la vie, tu me rempliras d’allégresse par ta présence » Ac 2, 28 ; Ps 15(16),

11 Le jour de la Pentecôte, sous l’action de l’Esprit Saint Pierre proclame la résurrection du Christ, Jésus le Nazaréen …c’est vraiment l’Esprit Saint qui est le véritable ‘communiquant’, c’est lui qui en Eglise nous ouvre au mystère du Christ, à sa présence, à son action, à sa ‘parole structurante’.

Jésus nous dit en S Jean : « L’Esprit Saint vous fera accéder à la vérité toute entière…il me glorifiera car il recevra de ce qui est à moi et il vous le communiquera. » Jn 16, 13-14 C’est l’Esprit Saint, Esprit du Christ, Esprit qui l’a accompagné au long de sa vie terrestre à travers toutes les joies, les peines, la vie quotidienne, qui l’a accompagné dans les situations et les rencontres si diverses à travers la compassion et parfois même la colère face aux cœurs endurcis et violents. Esprit qui l’a accompagné à travers les épreuves, les souffrances, à travers même la mort du Juste souffrant, à travers sa mission. C’est l’Esprit Saint qui nous ouvre à la présence du Christ vivant et qui peut nous rejoindre et nous accompagner en toute situation.

 

L’Eglise est vraiment un lieu, un corps de transmission, et de communion…dans une société ou la transmission est noyée et dans une perte de vitesse de structures aux valeurs fiables et référentes et dans une démultiplication de communication superficielle, partisane ou marchande, l’Eglise reste et doit rester un lieu de rencontre, la rencontre du Christ vivant. La prière, la liturgie, les sacrements transmettent ce mystère à travers les âges et les lieux, et chacun de nous aussi, qui par l’Esprit Saint sommes des pierres vivantes, si nous nous laissons rejoindre et nourrir, vivifier par cette présence du Christ, si notre vie s’ouvre aux autres alors nous devenons acteurs de cette transmission.

Combien de personnes ne rencontrons-nous pas qui de façon inopinée, dans des lieux d’Eglise, au détour d’évènements variés, ou de besoins intérieurs implicites découvrent cette présence du Christ vivant qui vient avec la force et la douceur de l’Esprit les rejoindre et changer leur vie, leur perception de la vie. Oui, l’Eglise est fondée et habitée par le mystère du Christ vivant, Jésus qui vient à notre rencontre et qui nous introduit dans la communion des vivants et des morts, car tous vivent par Dieu, en Christ tous vivent de Dieu, de son Esprit vivifiant. Réjouissez-vous ! dit le ressuscité aux femmes quittant en courant le tombeau vide, n’ayez pas peur !…

Proclamez à mes frères que je suis vivant !

 


La parole du publicain

Luc 18,9-14 9

Jésus dit une parabole pour certains hommes qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient tous les autres :

10 « Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain.

11 Le pharisien se tenait là et priait en lui même : ‘Mon dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes : voleurs, injustes, adultères, ou encore comme ce publicain.

12 Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.’

13 Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : ‘Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis !’

14 Quand se dernier rentra chez lui, c’est lui, je vous le déclare, qui était devenu juste, et non pas l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. » Osée 6,1-6 Les fils d’Israël se disaient entre eux : 1 « Allons ! Revenons au Seigneur ! C’est lui qui nous a cruellement déchirés, c’est lui qui nous guérira ; lui qui nous a meurtris, il pansera nos blessures.

2 Après deux jours il nous rendra la vie, le troisième jour il nous relèvera et nous vivrons en sa présence.

3 Efforçons-nous de connaître le Seigneur ; sa venue est aussi certaine que celle de l’aurore, elle sera bienfaisante pour nous comme l’ondée, comme les pluies de printemps qui arrosent la terre. »

4 Et Dieu répondit : Que vais-je te faire Éphraïm ? Que vais-je te faire, Juda ? Votre amour est fugitif comme la brume du matin, comme la rosée qui s’évapore à la première heure.

5 Voilà pourquoi je vous ai frappés par mes prophètes, je vous ai massacrés par les paroles de ma bouche. 6 Car c’est l’amour que je désire, et non les sacrifices, la connaissance de Dieu, plutôt que les holocaustes. Au sommet du chapitre sur l’humilité, saint Benoît, dans sa Règle, dit au moine : « …qu’il se dise sans cesse dans son cœur ce que le publicain de l’Évangile disait, les yeux fixés à terre : “Seigneur, je ne suis pas digne, moi, pécheur, de lever les yeux vers le ciel”. » (Règle de saint Benoît 7, 65). C’était ce qu’enseignaient déjà les premiers Pères du désert : « garde continuellement dans ton cœur la parole du publicain, et tu pourras être sauvé. » (Apophtegmes, Abba Ammonas 4).

Voilà ce que nous sommes : des publicains qui se croient à tout instant coupables de leurs péchés (Règle de saint Benoît 7,64), mais qui cherchent à avoir « un cœur brisé et broyé » (Psaume 50,19). « C’est l’amour que je désire, et non les sacrifices », dit Dieu. Cet amour qui, même si souvent est « fugitif comme la brume du matin », est néanmoins une pauvre réponse à l’amour de Dieu : « Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour » (Psaume 50,3). Cet amour – selon les paroles du prophète – est « la connaissance de Dieu ». C’est donc par cet amour que nous nous « efforçons de connaître le Seigneur » et de « vivre toujours en sa présence ».

 


Qui regarde vers lui resplendira

Matthieu 6,6-9 6

Toi, quand tu pries, retire-toi au fond de ta maison, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais dans le secret : il te le revaudra.

7 Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. 8 Ne les imitez donc pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin avant même que vous l’ayez demandé. 9 Vous donc, priez ainsi : Notre Père, qui es aux cieux… Ps 33,4-7.16-19 4 Magnifiez avec moi le Seigneur, exaltons tous ensemble son nom.

5 Je cherche le Seigneur, il me répond : de toutes mes frayeurs, il me délivre.

6 Qui regarde vers lui resplendira, sans ombre ni trouble au visage.

7 Un pauvre crie; le Seigneur entend : il le sauve de toutes ses angoisses. (…)

16 Le Seigneur regarde les justes, il écoute, attentif à leurs cris.

17 Le Seigneur affronte les méchants pour effacer de la terre leur mémoire.

18 Le Seigneur entend ceux qui l’appellent : de toutes leurs angoisses, il les délivre.

19 Il est proche du cœur brisé, il sauve l’esprit abattu. Après nous avoir dit de prier non pas pour nous faire voir, mais dans le secret, avec le Père, Jésus nous dit : « Vous donc, priez ainsi. » Nous savons bien par cœur le Notre Père. Et pourtant nous ne finirons jamais de le comprendre. Le plus important n’est-ce pas ce rapport avec le Père qui est dans le secret, qui voit dans le secret ? « Le Seigneur regarde », « le Seigneur entend », dit le psaume. Saint Benoît nous invite, particulièrement pendant le Carême, à nous appliquer à la prière avec larmes (Règle de saint Benoît 49,6). « Le Seigneur est proche du cœur brisé », Lui qui « entend ceux qui l’appellent. » « D’âge en âge, tu as été notre refuge, Seigneur » (Psaume 89,1). « Qui regarde vers lui resplendira », comme le visage de Moïse rayonnait de lumière depuis son entretien avec le Seigneur (Exode 34,29). « La prière, c’est la beauté de l’homme ». (Daniel Bourguet, Prions les psaumes (Olivetan, 2007), p. 5-7).

 


Notre Père, qui es aux cieux

Psaume 102, 1-2.13-14.17-18a

Bénis le Seigneur, ô mon âme, bénis son nom très saint, tout mon être!

2 Bénis le Seigneur, ô mon âme, n’oublie aucun de ses bienfaits! 13 comme la tendresse du père pour ses fils, la tendresse du Seigneur pour qui le craint!

14 Il sait de quoi nous sommes pétris, il se souvient que nous sommes poussière. 17 Mais l’amour du Seigneur, sur ceux qui le craignent, est de toujours à toujours, et sa justice pour les enfants de leurs enfants, 18a pour ceux qui gardent son alliance.

He 12,4-7.11 4 Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang dans votre lutte contre le péché,

5 et vous avez oublié cette parole de réconfort, qui vous est adressée comme à des fils : « Mon fils, ne néglige pas les leçons du Seigneur ne te décourage pas quand il te fait des reproches.

6 Quand le Seigneur aime quelqu’un, il lui donne des bonnes leçons ; il corrige tous ceux qu’il reconnaît comme ses fils. »

7 Ce que vous endurez est une leçon. Dieu se comporte avec vous comme envers des fils ; et quel est le fils auquel son père ne donne pas des leçons ? […]

11 Quant on vient de recevoir une leçon, on ne se sent pas joyeux, mais plutôt triste. Par contre, quand on s’est repris grâce à la leçon, plus tard, on trouve la paix et l’on devient juste. Jésus appelle Dieu “le Père”. (Voir : Matthieu 11,27; 24,36; Marc 13,32; Lc 10,22; 11,13; Jean 3,35; 4,21.23; 5,20-23.26.36-37; 6,27.37.44.46.57.65; 8,18.28; 10,15.17.30.36.38; 12,49-50; 13,1.3; 14,8‑13.16.26.28. 31; 15,9; 16,3.10.15.17.27-28.32; 18,11; 20,17.21.)

Il parle de Lui en disant : « Mon Père et votre Père, mon Dieu et votre Dieu. » (Jean 20,17) Il nous dit de n’appeler personne notre Père sur la terre : car nous n’en avons qu’un, le Père céleste. (Matthieu 23,9) El il nous a appris à dire : « Notre Père, qui es aux cieux. » (Matthieu 6,9)

De ce Père le psaume dit : « Comme la tendresse du père pour ses fils, la tendresse du Seigneur pour qui le craint ». De son côté l’Épître aux Hébreux nous dit : « Dieu se comporte avec vous comme envers des fils », et elle ajoute : « et quel est le fils auquel son père ne donne pas des leçons ? » Tandis que le psaume nous assure : « Il sait de quoi nous sommes pétris, il se souvient que nous sommes poussière. » C’est comme un père que Dieu « corrige tous ceux qu’il reconnaît comme ses fils ». Et ceci est pour nous une parole de réconfort qui nous est adressée comme a des fils. « L’amour du Seigneur, sur ceux qui le craignent, est de toujours à toujours. » Et pleins d’assurance nous disons : « Bénis le Seigneur, ô mon âme, n’oublie aucun de ses bienfaits ! »

 


Mémoire et confiance

Hébreu 10, 32-39

Frères, souvenez-vous de ces premiers jours où vous veniez de recevoir la lumière du Christ : vous avez soutenu alors le dur combat de la souffrance…

Ne perdez pas votre confiance… Psaume 37, 3-5 Fais confiance au Seigneur, agis bien, Habite la terre et reste fidèle ; Mets ta joie dans le Seigneur : Il comblera les désirs de ton cœur.

Dirige ton chemin vers le Seigneur, Fais-lui confiance, et lui, il agira. Marc 4, 26-34

 

Parlant à la foule en paraboles, Jésus disait : « Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette le grain dans son champ : nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi. Et dès que le grain le permet, on y met la faucille, car c’est le temps de la moisson. » Il disait encore : « A quoi pouvons-nous comparer le règne de Dieu ? Par quelle parabole allons-nous le représenter ?

Il est comme une graine de moutarde : quand on la sème en terre, elle est la plus petite de toutes les semences du monde. Mais quand on l’a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ; et elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre. » Par de nombreuses paraboles semblables, Jésus leur annonçait la Parole, dans la mesure où ils étaient capables de la comprendre. Il ne leur disait rien sans employer de paraboles, mais en particulier, il expliquait tout à ses disciples. A partir de ces textes nous pouvons méditer sur deux éléments qui, dans leur dimension théologale, soutiennent et actualisent notre foi : la mémoire et la confiance. « Souvenez-vous », nous dit l’épître aux Hébreux, « (…) souvenez-vous de ces premiers jours où vous veniez de recevoir la lumière du Christ (…) ».

 

Quel que soit le contexte de transmission de la foi, transmission familiale, conversion adolescente ou adulte, nous avons reçu la lumière du Christ. Cette Lumière est de l’ordre d’une rencontre amoureuse qui donne sens à une vie, rencontre amoureuse qui remplit la vie d’une promesse féconde. Nous mettons notre confiance en celui qui nous aime. Dans l’amour humain ou dans l’amitié cette confiance peut être intuitive, mais dans tous les cas elle doit se construire et être mise à l’épreuve. C’est souvent d’ailleurs selon notre fonctionnement humain que nous mettons aussi Dieu à l’épreuve. Nous souvenir, faire mémoire, c’est nous remettre dans la confiance du don divin, de sa promesse de vie, c’est actualiser notre union au Christ, présent au cœur de nos vies : Christ qui fait vivre en nous et parmi nous le don de Dieu. Don de Dieu qui consiste en ce bien encore meilleur, qui durera pour toujours, cette gloire divine qui nous habite déjà dans l’Esprit Saint et qui transformera nos corps en corps de gloire, à l’image du Christ : la béatitude éternelle. Exercer notre mémoire de Dieu, c’est nourrir notre confiance. Cette confiance en la présence fidèle et amoureuse du Christ nous incite à agir. Si le règne de Dieu est comme une graine qui germe et qui pousse de par sa propre énergie avec l’aide de l’eau et du soleil, aussi faut-il le terrain adapté à cette croissance.

 

Ce terrain adapté, le psaume 37 nous l’exprime ainsi : « Fais confiance au Seigneur, agis bien…dirige ton chemin vers le Seigneur, fais-lui confiance, et lui, il agira ». Même si nous sommes des serviteurs inutiles car la puissance de vie vient du don aimant et gratuit de Dieu, d’ailleurs le Christ source et pain de vie nous dit : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire », le règne de Dieu s’étend aussi à travers nos cœurs et nos actes. Mémoire et confiance nourrissent donc notre foi en la promesse divine. Le Père, le Fils et l’Esprit Saint sont à l’œuvre en notre monde, et si l’on était tenté de désespérer devant les duretés et violences humaines, nous savons que nous avons une Parole sûre : la graine est semée.

 


la volonté de Dieu

Hébreux 10, 1-10 …

En entrant dans le monde, le Christ dit, d’après le Psaume : Tu n’as pas voulu de sacrifices ni d’offrandes, mais tu m’as fait un corps. Tu n’as pas accepté les holocaustes ni les expiations pour le péché ; alors, je t’ai dit : Me voici, mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté…Et c’est par cette volonté de Dieu que nous sommes sanctifiés, grâce à l’offrande que Jésus-Christ a faite de son corps, une fois pour toutes. Marc 3, 31-35 Comme Jésus était dans une maison, sa mère et ses frères arrivent. Restant au-dehors, ils le font demander. Beaucoup de gens étaient assis autour de lui ; et on lui dit : « Ta mère et tes frères sont là dehors, qui te cherchent. » Mais il leur répond : « Qui est ma mère ? qui sont mes frères ? » Et parcourant du regard ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur, ma mère. » « Qui est ma mère ? qui sont mes frères ? », interroge Jésus. Lui-même répond : « celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur, ma mère ». L’Epître aux Hébreux met en écho ces paroles dans la bouche du Christ entrant dans le monde : « Tu n’as pas voulu de sacrifices, ni accepté d’holocaustes et expiations pour le péché…mais tu m’as fait un corps : me voici, mon Dieu, je suis venu faire ta volonté ». La volonté qu’exprime et accomplit le Christ est le salut et la sanctification de l’humanité. Prendre conscience de notre péché, individuel et commun, ce n’est pas nous accuser mais c’est nous ouvrir à ce possible qu’est l’amour triomphant de Dieu qui illumine et transforme nos vies. Dans les Ecritures, ‘l’accusateur de ses frères’ c’est le Satan, celui qui enferme dans ‘l’impossible du pardon’, celui qui ne pointe que la faiblesse humaine afin de faire dévier l’espérance et la foi en l’amour sauveur de Dieu, en Christ sauveur. Nous mettre à l’écoute du Christ et entrer ainsi en familiarité avec la volonté de Dieu, ou autrement dit, entrer dans le mystère de notre filiation divine, passe aussi par la découverte du sens profond des relations humaines à mettre en œuvre : la longanimité, la compassion et la miséricorde, la recherche de justice et de paix…la liste pourrait-être longue, mais cette volonté de Dieu en nous s’opère à travers l’écoute et la disponibilité à l’Esprit Saint, l’Esprit du Fils, qui tend à nous conformer à la bonté divine. Notre volonté et donc notre liberté s’y trouvent humblement convoquées, car la perfection à laquelle nous sommes appelés demeure une tension et non un acquis, elle s’opère dans l’ordre du don.


Le Seigneur fait pour moi des merveilles

Luc 1, 46-55 »

Mon âme exalte le Seigneur, et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur, parce qu’il a jeté les yeux sur l’abaissement de sa servante. Oui, désormais toutes les générations me diront bienheureuse, car le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses. Saint est son nom, et sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Il a déployé la force de son bras, il a dispersé les hommes au cœur superbe. Il a renversé les potentats de leurs trônes et élevé les humbles,

Il a comblé de biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides. Il est venu en aide à Israël, son serviteur, se souvenant de sa miséricorde, selon qu’il l’avait annoncé à nos pères en faveur d’Abraham et de sa postérité à jamais ! « …oui, Marie chante la fidélité du Seigneur, cette fidélité éternelle qu’il prodigue à chacun de nous. « Le Seigneur se souvient, le seigneur fait mémoire… » Le Seigneur ne nous oublie pas : « sur les paumes de mes mains je t’ai gravée »

Is ; « Une mère oublierait-elle son enfant, le fruit de ses entrailles ? Ainsi mon amour pour toi » L’humilité que chante Marie est bien celle du pauvre qui se laisse envahir par cette promesse divine, promesse que seul le Seigneur lui-même réalise en nous. Tout ce qui germe de beau et bon en nous est l’œuvre de son amour, de sa fidélité éternelle. Il vient à nous comme les vagues incessantes de la mer, petit à petit il gagne nos rivages, tout ce qui, en nous, gagne en paix et pureté du cœur est le gage de sa victoire, de sa promesse et de sa fidélité.

 

Oui, Marie rend grâce, le Seigneur non seulement a écouté sa prière incessante, mais de plus c’est Lui qui l’a inspirée, il a mis en elle son désir et sa promesse. Oui, comme Marie exultons de ce que le Seigneur opère en nous et faisons confiance en ce qu’il désire opérer.

 


Chercher Dieu

Éphésiens 4,1-6

Frères, moi qui suis en prison à cause du Seigneur, je vous encourage à suivre fidèlement l’appel que vous avez reçu de Dieu :ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez à cœur de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix…Il n’y a qu’un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui règne au-dessus de tous, par tous, et en tous. Psaume 23 …

Il obtient, du Seigneur, la bénédiction, et de Dieu son Sauveur, la justice. Voici le peuple de ceux qui le cherchent, qui recherchent la face de Dieu ! Luc 12,54-59

Jésus disait à la foule : » Quand vous voyez un nuage monter au couchant, vous dites aussitôt qu’il va pleuvoir, et c’est ce qui arrive. Et quand vous voyez souffler le vent du sud, vous dites qu’il fera très chaud, et cela arrive. Esprits faux ! L’aspect de la terre et du ciel, vous savez le juger ; mais le temps où nous sommes, pourquoi ne savez-vous pas le juger ?

Et pourquoi aussi ne jugez-vous pas par vous-mêmes ce qui est juste ? Ainsi, quand tu vas avec ton adversaire devant le magistrat, pendant que tu es en chemin efforce-toi de te libérer envers lui, pour éviter qu’il ne te traîne devant le juge, que le juge ne te livre au percepteur des amendes, et que celui-ci ne te jette en prison. Je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier centime. » Voici le peuple de ceux qui le cherchent, qui recherchent la face de Dieu, nous dit le Psaume (23)

Rechercher Dieu c’est avant tout laisser retentir son appel en nos vies.

C’est nous mettre en chemin de cet appel. Qu’est-ce que voir la face de Dieu ? Nous verrons Dieu tel qu’il est lorsque nous serons entièrement illuminés et transfigurés corps et âme par son Esprit Saint, tel que l’est le Christ dans la gloire. Mais dans l’aujourd’hui, dans notre vie et notre condition de tous les jours, qu’est-ce donc chercher la face de Dieu ? Qu’est-ce que la percevoir ? Jésus nous dit dans l’évangile de ce jour (Luc 12,54-59) ; c’est discerner par nous-mêmes, juger, ce qui est juste et qui fait vivre Dieu en nos vies, ce qui en manifeste sa présence, sa vertu.

 

Or à l’école de notre Maître Jésus, ce qui est juste c’est faire œuvre de réconciliation, comme le Christ lui-même à travers le témoignage de son amour et de sa vérité nous a réconciliés avec Dieu, alors que nous étions encore pécheurs. Tend à la justice l’artisan de paix, qui fuit et combat ce qui enferme l’humain dans la fausseté. L’appel de l’Esprit Saint en nous, nous faire grandir dans les vertus du Christ, et ces vertus du Christ s’éprouvent et se manifestent avant tout dans l’humilité, la miséricorde et la patience, dans la quête de valeurs constructives, ce sont les supports d’un amour vrai. Nous pouvons pâtir de nos défauts, mais cela ne doit pas nous empêcher de rechercher sans cesse la face de Dieu, c’est-à dire de juger et discerner ce qui nous rapproche et nous établit dans notre filiation divine. Nous sommes sous le regard d’un seul Dieu et Père de tous, à travers lequel le Christ nous conduit.

 


Tu l’as établi sur les œuvres de tes mains

Psaume 8 2 O

Seigneur, notre Dieu, qu’il est grand ton nom par toute la terre! Jusqu’aux cieux, ta splendeur est chantée 3 par la bouche des enfants, des tout-petits :

4 A voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu fixas,

5 qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci?

6 Tu l’as voulu un peu moindre qu’un dieu, le couronnant de gloire et d’honneur;

7 tu l’établis sur les œuvres de tes mains, tu mets toute chose à ses pieds.

 

Éphésiens 1,15-23 15 Puisque j’ai entendu parler de la foi que vous avez dans le Seigneur Jésus, et de votre amour pour tous les fidèles,

16 je ne cesse pas de rendre grâce, moi aussi, quand je fais mention de vous dans ma prière :

17 Que le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père dans sa gloire, vous donne un esprit de sagesse pour le découvrir et le connaître vraiment.

18 Qu’il ouvre votre cœur à sa lumière, pour vous faire comprendre l’espérance que donne son appel, la gloire sans prix de l’héritage que vous partagez avec les fidèles,

19 et la puissance infinie qu’il déploie pour nous, les croyants. C’est la force même, le pouvoir, la vigueur, 20 qu’il a mis en œuvre dans la Christ quand il l’a ressuscité d’entre les morts et qu’il l’a fait asseoir à sa droite dans les cieux.

21 Il l’a établi au-dessus de toutes les puissances et de tous les êtres qui nous dominent, quel que soit leur nom, aussi bien dans le monde présent que dans le monde à venir.

22 Il lui a tout soumis et, le plaçant au plus que tout, il a fait de lui la tête de l’Église

23 qui est son corps, et l’Église est l’accomplissement du Christ, lui que Dieu comble totalement de sa plénitude. « Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui ? » Le psaume qui chante la grandeur de l’homme, établi par Dieu sur les œuvres de ses mains, est repris plusieurs fois dans le Nouveau Testament (1 Corinthiens 15,27 ; Éphésiens 1,22 ; Hébreux 2,6s) pour dire la grandeur du Seigneur Jésus Christ, ressuscité d’entre les morts et assis à la droite de Dieu dans les cieux. Cette lecture du psaume, qui nous permet de le dire de nous et du Christ, exprime ce que disait saint Paul dans la lettre aux Éphésiens : « la puissance infinie que Dieu déploie pour nous, les croyants, c’est la force même qu’il a mis en œuvre dans la Christ quand il l’a ressuscité d’entre les morts et qu’il l’a fait asseoir à sa droite dans les cieux. »

 

Que notre cœur s’ouvre à sa lumière, pour nous faire comprendre l’espérance que donne son appel, la gloire sans prix de l’héritage que nous partageons avec tous les fidèles.

 


Prier le Père

Jean 14, 11-17 11

Croyez-moi, je suis dans le Père, et le Père est en moi; et si vous ne croyez pas ma parole, croyez du moins à cause de ces oeuvres. 12 En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera lui aussi les oeuvres que je fais; il en fera même de plus grandes, parce que je vais au Père. 13 Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, de sorte que le Père soit glorifié dans le Fils. 14 Si vous me demandez quelque chose en mon nom, je le ferai. 15 «Si vous m’aimez, vous vous appliquerez à observer mes commandements; 16 moi, je prierai le Père: il vous donnera un autre Paraclet qui restera avec vous pour toujours. 17 C’est lui l’Esprit de vérité, celui que le monde est incapable d’accueillir parce qu’il ne le voit pas et qu’il ne le connaît pas. Vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous et il est en vous. Le Christ nous encourage à prier le Père en son nom. Jusqu’à présent, dit-il vous n’avez rien demandé en invoquant mon nom ; demandez et vous recevrez…il nous explique qu’il ne s’agit pas d’un pouvoir magique de la prière, mais que notre prière dans le nom du Christ s’inscrit dans une filiation. Le Christ nous fait partager son Esprit, c’est cet Esprit Saint qui nous fait concorder à la volonté du Père. La volonté du Père est que nous ayons la vie, vie qui se manifeste en nous à travers les fruits de sainteté et à travers les fruits de charité. Le Christ nous met debout en notre vie d’homme et de femme. Prier le Père c’est demander à ce que notre humanité reflète la bonté et la beauté de la gloire divine. La prière n’est pas un acte magique, elle est purifiée par le discernement de l’Esprit Saint et éclairée et ajustée à la lumière de l’enseignement du Christ qui nous introduit ainsi dans son amitié et dans la compréhension de notre filiation divine. Ainsi prier le Père au nom du Christ c’est devenir participant de sa volonté d’aimer le monde et de le sauver, nous voulons dans le désir et la vouloir de la prière ajuster nos vies, nos réalités, et les réalités qui nous entourent à cette volonté d’amour du Père et du Fils, donner et manifester la vie au monde, c’est maintenant que la communion avec Dieu s’opère, et c’est maintenant que nous devenons les lieux d’incarnation et de médiation de cette volonté. La prière filiale accueille Dieu dans nos vies.

 


Un trésor caché

Jérémie 15,16-21 16

Quand je rencontrais tes paroles, Seigneur, je les dévorais ; elles faisaient ma joie, les délices de mon cœur, parce que ton nom a été invoqué sur moi, Seigneur, Dieu de l’univers. 17 Jamais je ne me suis assis dans le cercle des moqueurs pour m’y divertir ; sous le poids de ta main, je me suis assis à l’écart, parce que tu m’as rempli d’indignation.

18 Pourquoi ma souffrance est-elle sans fin, ma blessure, incurable, refusant la guérison ? Serais-tu pour moi comme un ruisseau décevant, aux eaux intermittentes ?

19 A tout cela le Seigneur répondit : « Si tu reviens, si je te fais revenir, tu reprendras ton service devant moi. Si tu sépares ce qui est précieux de ce qui est méprisable, tu seras comme ma propre bouche. C’est eux qui reviendront vers toi, et non pas toi qui reviendras vers eux.

20 Je te dresserai devant ce peuple comme un rempart de bronze infranchissable ; ils te combattront, mais ils ne pourront pas te vaincre, car je suis avec toi pour te sauver et te délivrer.

21 Je t’arracherai à la main des méchants je te délivrerai de la poigne des violents. Parole du Seigneur. » Matthieu 13, 44-46L

e Royaume des cieux est comparable à un trésor caché dans un champ ; l’homme qui l’a découvert le cache de nouveau. Dans la joie, il va vendre tout ce qu’il possède, et il achète ce champ.

45 Ou encore : Le Royaume des cieux est comparable à un négociant qui recherche des perles fines.

46 Ayant trouvé une perle de grande valeur, il va vendre tout ce qu’il possède, et il achète la perle. Le prophète est pour nous un modèle, lui qui – avec cette image si expressive – mangeait, dévorait les paroles du Seigneur et trouvait en elles sa joie, parce que son nom avait été invoqué sur lui. Nous aussi, nous que le nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit a été invoqué sur nous, nous ne trouverons la vraie joie, les vraies délices de notre cœur, que dans la Parole de Dieu, quand nous la ruminons pour en vivre. C’est bien là le trésor caché dans un champ, la perle de grand prix, pour lesquels nous devons vendre tout ce que nous possédons et les acheter. Vendre tout ce que nous possédons, pour le prophète, voulait dire être « un élément de contestation et de dispute pour tout le pays », jusqu’à le faire se plaindre d’être né. Sans qu’il soit nécessaire d’en arriver là, nous devons apprendre à « ne rien préférer à l’amour du Christ » (Règle de saint Benoît 4,21), pour que rien ne puisse nous distraire de ce pour quoi et par quoi nous vivons.

 


Le bon grain et l’ivraie

Jérémie 7,1-11.

Parole du Seigneur adressée à Jérémie : Tu iras te placer à l’entrée du temple du Seigneur, et tu proclameras ceci : « Écoutez la parole du Seigneur, vous tous, gens de Juda, qui entrez par ces portes pour adorer le Seigneur. Ainsi parle le Seigneur de l’univers, le Dieu d’Israël : Suivez une bonne route, conduisez-vous bien, et je vous laisserai demeurer en ce lieu. Ne vous fiez pas à des paroles trompeuses, comme celles-ci : ‘C’est ici le temple du Seigneur, le temple du Seigneur, le temple du Seigneur ! ‘ Si vous suivez vraiment la bonne route, si vous vous conduisez bien, si vous pratiquez la justice entre vous, si vous n’opprimez pas l’immigré, l’orphelin ni la veuve, si, en ce lieu, vous ne condamnez pas à mort l’innocent, et si vous ne suivez pas des dieux étrangers, en provoquant votre perte, alors je vous laisserai demeurer dans ce lieu, sur la terre que j’ai donnée à vos pères depuis toujours et pour toujours. Matthieu 13,24-30.

 

Jésus proposa cette parabole à la foule : « Le Royaume des cieux est comparable à un homme qui a semé du bon grain dans son champ. Or, pendant que les gens dormaient, son ennemi survint ; il sema de l’ivraie au milieu du blé et s’en alla. Quand la tige poussa et produisit l’épi, alors l’ivraie apparut aussi. Les serviteurs du maître vinrent lui dire : ‘Seigneur, n’est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ? ‘Il leur dit : ‘C’est un ennemi qui a fait cela. ‘ Les serviteurs lui disent : ‘Alors, veux-tu que nous allions l’enlever ?

 

 Il répond : ‘Non, de peur qu’en enlevant l’ivraie, vous n’arrachiez le blé en même temps. Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson ; et, au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Enlevez d’abord l’ivraie, liez-la en bottes pour la brûler ; quant au blé, rentrez-le dans mon grenier. ‘ » La parole qui dévore le prophète Jérémie est là pour interroger Israël, pourquoi te présenter dans la Maison de ton Dieu, ton Epoux avec un cœur qui ne lui appartient pas, pour aller courir après tes amants, tes idoles, pourquoi faire alliance avec des puissances étrangères qui vont te soumettre, pourquoi pratiquer l’injustice et t’éloigner ainsi des promesses de vie de ton Dieu. La parole du prophète est relayée par la parole de Jésus à travers la parabole du Royaume.

Le champ du royaume est la vie et la parole de Jésus semée dans nos cœurs, et en nous pousse le bon grain et pousse aussi l’ivraie. Mais rien n’est joué d’avance, la conquête du terrain par le bon grain et l’ivraie n’est pas déterminée d’avance, nous sommes les coopérateurs du Royaume, nous sommes en alliance et nous répondons de la présence de Dieu en nos vies.

Si la parole de Jésus nous aide à discerner et à ajuster à la lumière de l’Esprit Saint nos vies et nos actes, cependant nous ne pouvons pas nous porter comme juges. Nous sommes appelés à porter un regard de miséricorde, de confiance et de patience, mais aussi une parole de vérité, et surtout à mettre en œuvre tout ce qui peut aider et manifester la présence du royaume de Dieu en notre monde. Oui, pour cela nous sommes invités à nouveau au face à face et à écouter, à demeurer avec Dieu, à recevoir cette parole qui nous veut du bien, qui nous engage dans un chemin de vie, vrai et saint.

 


L’arbre

Matthieu 7,15-20.

Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : "Méfiez-vous des faux prophètes qui viennent à vous déguisés en brebis, mais au-dedans ce sont des loups voraces.

C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. On ne cueille pas du raisin sur des épines, ni des figues sur des chardons. C’est ainsi que tout arbre bon donne de beaux fruits, et que l’arbre mauvais donne des fruits détestables. Un arbre bon ne peut pas porter des fruits détestables, ni un arbre mauvais porter de beaux fruits. Tout arbre qui ne donne pas de beaux fruits est coupé et jeté au feu. C’est donc à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. Tout arbre bon donne de bons fruits, et l’arbre mauvais donne des fruits détestables.

L’image de l’arbre représente la structure de notre vie. Dans l’ordre naturel, nous choisissons l’arbre que l’on veut planter, nous en choisissons l’espèce et la variété. Dans l’ordre de la vie humaine notre vie se structure en fonction de la nourriture que nous lui donnons, en fonction des choix et des actes que nous mettons en œuvre.

 

Si nous creusons la vie du Christ en nous par les nourritures spirituelles, les temps de prière, la réflexion éthique, notre vie trouvera le goût de la structure et nos choix éclairés nous donneront l’enracinement nécessaire pour pouvoir porter de bons fruits qui se manifesteront par les fruits de l’Esprit Saint. St Paul nomme cette croissance, grandir vers l’âge adulte en Christ. Oui, nous devons nous laisser interroger par l’Evangile, nous mettre à l’écoute de l’Esprit Saint qui habite en nos cœurs, entretenir notre amitié avec le Christ, y croire, l’accueillir, la poursuivre. Oui, alors nous porterons de bons fruits.

 


Ton trésor

Matthieu 6,19-23.

Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : « Ne vous faites pas de trésors sur la terre, là où les mites et la rouille les dévorent, où les voleurs percent les murs pour voler. Mais faites-vous des trésors dans le ciel, là où les mites et la rouille ne dévorent pas, où les voleurs ne percent pas les murs pour voler. Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. La lampe du corps, c’est l’œil. Donc, si ton œil est vraiment clair, ton corps tout entier sera dans la lumière ; mais si ton œil est mauvais, ton corps tout entier sera plongé dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, quelles ténèbres y aura-t-il ! Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur.

 

Une question nous est posée : que voulons-nous faire de notre cœur ? Avons-nous le désir d’en faire un espace de lumière, de paix, de liberté intérieure ? L’évangile nous désigne deux orientations du cœur, une orientation qui ne cherche que les biens terrestres, ses besoins et ses satisfactions, et une orientation qui vers les biens célestes nous ouvre à une nouvelle perception du bonheur. Est-ce que Jésus ferait une séparation, une dichotomie entre terre et ciel ?

Nous faudrait-il nier la terre pour le ciel ? Jésus semble nous enseigner autre chose : c’est en regardant vers le Ciel, en tournant notre cœur vers le Seigneur, que nous pouvons porter un juste regard sur les biens de la terre et faire de cette terre un lieu de vie où le Ciel peut s’exprimer et dans lequel notre cœur peut se dilater et apprendre à aimer comme Dieu nous aime.

Le Christ nous confronte à la loi des espaces : si notre cœur se tourne vers le Ciel il peut embrasser la terre, s’il se tourne vers la terre il ne peut embrasser le Ciel. Oui, c’est en recherchant les choses d’en-haut comme nous dit St Paul, là où se tient le Christ à la droite du Père, que notre cœur peut embrasser la terre pour l’élever vers le Ciel. Grand mouvement eucharistique dans lequel le Christ nous conduit et l’Esprit nous purifie et sanctifie.

 


Les fils de notre Père qui est dans les cieux

Matthieu 5,43-48 43

Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi.

44 Eh bien moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent,

45 afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes.

46 Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ?

47 Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant?

48 Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. Matthieu 25,34-40 34 Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : ‘Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde.

35 Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ;

36 j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !’

37 Alors les justes lui répondront : ‘Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu …? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ?

38 tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ?

39 tu étais malade ou en prison … Quand sommes nous venus jusqu’à toi ?’

40 Et le Roi leur répondra :‘Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait .’ « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait », nous a dit Jésus. L’exigence de l’ancienne Loi était : « Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint ». (Lévitique 19,2) Mais… est-ce possible ? N’est-ce pas une exagération, un objectif inatteignable ? Prêtons bien attention aux paroles de Jésus. L’évangile selon saint Luc traduit le « soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » par : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Luc 6,36). La sainteté de Dieu, la perfection de Dieu est bien sa miséricorde, Lui qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. Ce à quoi nous invite Jésus est donc à « être vraiment les fils de notre Père qui est dans les cieux. » Au commencement Dieu avait dit : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. » (Genèse 1,26).

 

C’est cette ressemblance qui doit réapparaître en nous pour qu’à la fin il nous dise : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde. »

 


Une Parole vivante qui demeure

1 Pierre 1,18-25 18

Vous le savez : ce qui vous a libérés de la vie sans but que vous meniez à la suite de vos pères, ce n’est pas l’or et l’argent, car ils seront détruits ;

19 c’est le sang précieux du Christ, l’Agneau sans défaut et sans tache..

22 En obéissant à la vérité, vous vous êtes purifiés pour vous aimer sincèrement comme des frères. D’un cœur pur, aimez-vous intensément les uns les autres,

23 car Dieu vous a fait renaître, non pas d’une semence périssable, mais d’une semence impérissable : sa parole vivante qui demeure.

24 C’est pourquoi l’Écriture dit : « Toute créature est comme l’herbe, toute sa gloire est comme la fleur des champs ; l’herbe s’est desséchée et la fleur s’est fanée,

25 mais la parole du Seigneur demeure pour toujours. » Or, Cette parole, c’est l’Évangile qui vous a été annoncé. Psaume 147, 12-15.19-20 12 Glorifie le Seigneur, Jérusalem! Célèbre ton Dieu, ô Sion! 13 Il a consolidé les barres de tes portes, dans tes murs il a béni tes enfants; 14 il fait régner la paix à tes frontières, et d’un pain de froment te rassasie.

15 Il envoie sa parole sur la terre : rapide, son verbe la parcourt. 19 Il révèle sa parole à Jacob, ses volontés et ses lois à Israël.

20 Pas un peuple qu’il ait ainsi traité; nul autre n’a connu ses volontés. « Dieu vous a fait renaître, non pas d’une semence périssable, mais d’une semence impérissable : sa parole vivante qui demeure ». C’est par une parole, la Parole de Dieu, que nous avons été sauvés. Une parole qui est l’Évangile qui nous a été annoncé, dit encore la lettre de saint Pierre. « Il envoie sa parole sur la terre – dit le psaume –, il révèle sa parole à Jacob, pas un peuple qu’il ait ainsi traité. » Cette parole adressée à toute l’humanité a été confiée à l’Église, elle nous a été confiée à nous. « Il a voulu nous enfanter par une parole de vérité, pour que nous soyons comme les prémices de ses créatures », dit la lettre de saint Jacques (1,18). « Dieu qui avait parlé par les prophètes sous des formes fragmentaires et variées, nous a parlé par le Fils » (Hébreux 1,1-2). Nous laissons-nous transformer par cette « parole vivante qui demeure » ? « Les yeux ouverts à la lumière de Dieu, écoutons d’une oreille attentive ce que la voix divine nous crie chaque jour », nous invite saint Benoît (Règle de saint Benoît. Prologue, 9).

 


Délivre-nous du Mal

Jean 17, 11-19

Père saint, garde mes disciples dans ton nom que tu m’as donné en partage, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes.

 

 

12 Quand j’étais avec eux, je les gardais dans la fidélité à ton nom que tu m’as donné. J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte de sorte que l’Écriture soit accomplie.

13 Et maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, en ce monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés.

14 Je leur ai fait don de ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils ne sont pas du monde, de même que moi je ne suis pas du monde.

15 Je ne demande pas que tu les retires du monde, mais que tu les gardes du Mauvais.

16 Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde.

17 Consacre-les par la vérité : ta parole est vérité.

18 De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde.

19 Et pour eux je me consacre moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, consacrés par la vérité. Matthieu 6, 9-13 Notre Père, qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié.

10 Que ton règne vienne ; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.

11 Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. 12 Remets-nous nos dettes, comme nous les avons remises nous-mêmes à ceux qui nous devaient.

13 Et ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du Mal. Lorsque son heure était venue (Jean 17,1),

Jésus a fait cette prière pour nous : « Père saint, garde mes disciples dans ton nom que tu m’as donné. » Nous devrions vivre toujours conscients d’être entourés et protégés par cette prière, « gardés dans le nom du Père ». Nous sommes ceux qu’il a envoyés dans le monde, comme le Père l’a envoyé dans le monde.

Et pour nous, qui ne sommes pas du monde comme Lui n’est pas du monde, il prie le Père : « Je ne demande pas que tu les retires du monde, mais que tu les gardes du Mauvais. » C’est ce que nous demandons chaque jour avec la prière que Lui-même nous avait apprise : « délivre-nous du Mal ». « Le Seigneur est fidèle – écrit saint Paul – : il vous affermira et il vous protégera du Mal. »(2 Théssaloniciens 3,3) « Père saint, garde mes disciples dans ton nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un comme nous-mêmes. » C’est protégés par cette prière que, avec l’apôtre, nous pouvons dire : « lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort. » (2 Corinthiens 12,10)

 


Appartenance

Jean 15,18-21.

A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples :

 

" Si le monde a de la haine contre vous, sachez qu’il en a eu d’abord contre moi. Si vous apparteniez au monde, le monde vous aimerait, car vous seriez à lui. Mais vous n’appartenez pas au monde, puisque je vous ai choisis en vous prenant dans le monde ; voilà pourquoi le monde a de la haine contre vous.

Rappelez-vous la parole que je vous ai dite : Le serviteur n’est pas plus grand que son maître. Si l’on m’a persécuté, on vous persécutera, vous aussi. Si l’on a observé ma parole, on observera aussi la vôtre. Les gens vous traiteront ainsi à cause de moi, parce qu’ils ne connaissent pas celui qui m’a envoyé. Jésus nous parle d’appartenance. Si vous apparteniez au monde, le monde vous aimerait, mais je vous ai pris du monde. La première question que nous pourrions nous poser : qu’est-ce que ce monde dont il parle ici ?

 

 

Il désigne surtout tout ce qui est jalousement fermé sur soi, c’est pour cela qu’il ne peut aimer que ce qui lui appartient, alors que nous dit St Jean : Dieu, lui, a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils, son Unique. Dieu a tant aimé le monde qu’il a tout donné pour le sauver. Cette fermeture jalouse du monde sur soi, se traduit soit par l’ignorance de Dieu et de ses dons, soit par la suspicion sur Dieu.

 

Le Christ nous mène hors de cette jalouse fermeture, le chemin sur lequel il nous enseigne et nous entraîne est le chemin du don libérateur. Aimer, c’est ouvrir les yeux sur le don et la valeur profonde de la vie. Le prologue de l’évangile de Jean nous le dit bien, le Verbe de Dieu était la vraie lumière des hommes, en lui était la vie. Le drame du monde c’est qu’il ne connaît pas Dieu, celui qui porte en vérité la parole du Christ et qui s’efforce d’en vivre devient une parole de vie pour le monde, une parole de vie qui s’affronte à bien des débats, spirituels, moraux, éthiques, bien des débats et des actes concrets qui touchent à la dignité de l’humain et qui peuvent susciter toute forme de haine de la part de tout ce qui dans le monde est dérangé dans sa fermeture jalouse. Oui, le serviteur n’est pas plus grand que son maître.

Mais aux yeux de Dieu ce monde fermé n’est pas perdu, il peut être sauvé, le Christ le dit lui-même : c’est de ce monde même que vous procédez, c’est au cœur de ce monde même que ma parole est venue vous rejoindre, vous chercher, c’est de ce monde que je trace avec vous un chemin de vie et de lumière.

Oui, appartenons au Christ.

 


Communion

Jean 15,1-8.

À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron.

Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève ; tout sarment qui donne du fruit, il le nettoie, pour qu’il en donne davantage. Mais vous, déjà vous voici nets et purifiés grâce à la parole que je vous ai dite : Demeurez en moi, comme moi en vous.

De même que le sarment ne peut pas porter du fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est comme un sarment qu’on a jeté dehors, et qui se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent.

Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez, et vous l’obtiendrez. Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous donniez beaucoup de fruit : ainsi, vous serez pour moi des disciples. Demeurez en moi comme moi en vous. Le prologue de l’évangile de Jean met en lumière le Verbe de Dieu comme origine de toute vie, de tout ce qui existe.

 

Ce Verbe est pour nous révélation en ce qu’il rejoint notre vie humaine, par lui et en lui nous sommes inscrits dans un évènement éternel, volonté divine que le monde est la vie, la vie en abondance. En rejoignant notre vie humaine, le Verbe de vie nous ouvre un chemin vers Dieu et sur le sens profond de notre humanité. Le Verbe de Dieu incarné nous fonde en lui-même et par lui-même, c’est ce que nous acclamons en élevant vers le Père le corps et le sang du Christ à la fin de chaque prière eucharistique, et quand nous chantons, par lui, avec lui et en lui…nous rendons grâce de cette vie qui en lui nous est ouverte et donnée. Pour vivre de cette vie, pour en vivre en toute liberté d’enfant de Dieu, nous avons besoin d’être nettoyés, émondés ; Jésus nous dit que déjà par la réception de sa parole nous sommes purifiés car la parole agit comme le glaive qui tranche et distingue en nous l’espace de lumière et les ténèbres du péché.

En demeurant en nous, par le baptême et les sacrements, en demeurant en nous par sa parole, le Christ nous transforme en buisson ardent, qui extérieurement ne brûlait pas mais qui était habité par la présence divine. Ce que la présence divine consume en nous ce sont les scories du péché et ce qu’elle laisse transparaître de lumière se sont les fruits de l’Esprit Saint au contact de la parole qui nous habite. Nous devons tout mettre en acte pour que notre foi soit nourrie et vivante. Demeurer sur la vigne c’est engager notre liberté à la suite du Christ dans quelque forme d’engagement que ce soit, chacun développe son charisme et sa vocation, mais ça ne peut se développer qu’en communion. C’est la communion qui porte du fruit et dont nous devons témoigner.

 

 

Etienne rempli de l’Esprit Saint, avait son regard tourné vers le ciel, et il contemplait les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout, vivant, à la droite de Dieu. Ce qui nous est décrit là, est le regard de foi, le regard de foi au cœur de la vie chrétienne, regard qui contemple les cieux ouverts par le Christ, le Fils de l’homme et Fils de Dieu, ancre de notre espérance passée au-delà du voile, mais qui ne nous arrache pas aux réalités de la terre, mais au contraire qui nous les fait aimer comme Dieu les aime, jusqu’à donner son Fils, son Unique.

Ce ne peut être que la foi qui nous rend capable de contempler dans l’enfant de la crèche le Verbe de Dieu fait homme, comme ce n’est que la foi qui nous fait contempler dans le mystère pascal ce même Verbe de Dieu qui s’anéantit jusqu’à la mort sur une croix, pour briser les murs de séparations, la haine, et qui est exalté dans la gloire du Père, d’où nous est communiqué toutes grâces. Car Dieu n’a de cesse de nous rejoindre, de vouloir nous relier.

Cette foi nous est donnée par l’Esprit Saint, Esprit du Père et du Fils : « Nul ne peut dire Jésus Christ est Seigneur, si ce n’est par l’action de l’Esprit Saint », nous dit St Paul.

Et l’évangéliste Luc nous dit que si nous témoignons de la foi, c’est l’Esprit Saint qui parle en nous.

L’Esprit est l’Esprit de vérité, qui nous enseigne et nous fait comprendre et intégrer la vie de Jésus.

Comprendre et intégrer la vie de Jésus, c’est découvrir la beauté de la vie humaine, de toute vie humaine et sa vocation profonde. Comprendre et intégrer la vie de Jésus c’est aussi ouvrir un dialogue constant avec le monde, au-delà des clivages identitaires, idéologiques ou religieux.

L’amour est l’essence-même de Dieu, Dieu est Amour nous dit St Jean, et l’amour a été répandu en nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné, nous rappelle St Paul, Esprit Saint qui ne cesse de gémir en nous, car cet amour est en quête de partage, en quête de communion et de fraternité, en quête d’échanges. Comme nous le rappelle l’apôtre Paul, cet amour est folie aux yeux des pouvoirs de ce monde, car il est don de soi eaux autres, don et pardon. Si les princes de ce monde avaient reconnu cette folie divine, il n’aurait pas crucifié le Seigneur de gloire.

St Etienne que nous fêtons en ce jour a laissé naître le Christ en lui, et il est devenu expression de son amour pour l’humanité, humanité qui a besoin de lumière et de pardon, qui a besoin de miséricorde.